Sélection

Calypso Valois, bon chic mauvais genre

Mise à jour le 05/10/2021
Calypso Valois
Sommaire
Prononcer son nom ouvre déjà les portes d’un univers, mystérieux et singulier. Celui de Calypso est d’abord fait de musique avec "Cannibale", parfait album pop au romantisme noir et enivrant, et aussi de cinéma dans des rôles rares mais toujours triés sur le volet. Portrait d'une artiste cultivant l'exigence, qui s'épanouit dans les extrêmes.
Les textes de Calypso Valois évoquent des amours tumultueuses, des corps à corps verbaux et physiques, des sentiments qui dévorent. Au fil de "Cannibale", son premier album, s'esquisse un personnage à l'intersection parfaite du sophistiqué et du mauvais genre, jouant à merveille d'une ironie cruelle, qui conte d'une voix haute et légère des histoires souvent lacérées de violences raffinées. Ses chansons agissent comme des poisons au goût flatteur, dont le délicieux venin fait son oeuvre en vous longtemps après l'écoute. Le contraste qui révèle l'alchimie entres les contraires, le tranchant aiguisé plus que la rondeur, des sources d'inspiration dans la littérature et la peinture… Cannibale, son premier album en solo, s'ouvre ainsi: "Jamais ne va disséquer la fleur, Vénéneuse amoureuse tu risquerais d’avoir trop peur". Vous l'avez compris, Calypso n'est pas votre artiste de pop française habituelle.
Vous l'avez d'ailleurs peut-être déjà vue plutôt qu'entendue, puisqu'elle a récemment joué dans la série "Vernon Subutex" adaptée de la trilogie phénomène de Virginie Despentes. Elle y interprète le personnage de la critique rock Lydia Bazooka, où elle donne la réplique à Romain Duris (et inversement) durant un épisode entier. Si elle a toujours pratiqué la musique, Calypso a d'abord percé en tant que comédienne, elle a joué peu mais bien, sous la direction de cinéastes de qualité certifiée comme Olivier Assayas, Catherine Corsini, ou Michel Gondry. Pour la série de Canal Plus, elle aurait adoré avoir avoir le rôle de "la Hyène", ancienne détective privée reconvertie dans la traque sur les réseaux sociaux, mais reconnait que son interprète Céline Sallette est parfaite. Le 19 juin sortira sur les écrans français "The White Crow", film de de Ralph Fiennes qui raconte la fuite à l'ouest du mythique danseur Rudolf Noureev (et sa plongée dans les folles nuits parisiennes…), où elle tient un rôle important, aux côtés notamment d'Adèle Exarchopoulos.
Calypso Valois / Lydia Bazooka dans Vernon Subutex
Calypso Valois / Lydia Bazooka dans Vernon Subutex
Crédit photo : Xavier Lahache / Canal+
Évoluant dans des films plutôt classieux, Calypso a toutefois des goûts éclectiques. Très cinéphile, elle ne renie surtout pas les films de genre, dont elle écoute beaucoup les bandes originales, et avoue baigner bien plus dans des univers purement instrumentaux, notamment des années 60-70, qu’écouter des chansons. Tout au long de "Cannibale", on perçoit d'ailleurs moins d'influences musicales qu'une sensibilité à l'art dans toutes ses expressions, pourvu qu'il exhale une même forme de beauté radicale, des ambiances souvent tendues, des couleurs sombres. Son disque plait d’ailleurs aux meilleurs cinéastes français, puisque Christophe Honoré l'a lui-même contactée pour réaliser le clip de "Le Jour", tandis qu’elle est allée chercher Bertrand Mandico, auteur du déjà culte "Les Garçons Sauvages", pour mettre en images "Apprivoisé". Il lui offrira un bijou de film bricolé et baroque, entre grotesque et sublime, propice au stupre, aux effusions de sang et de secrétions. avec en vedette l'immense et trop rare Nicolas Maury, qu’elle aime beaucoup.
Pour sa première tentative "officielle" sur disque, le nom de son projet sonne ainsi comme une évidence: "Cinéma", un duo avec le musicien Alexandre Chatelard, avec qui elle sortira deux EP, "UV" et "Fille Sans Souci", avec des titres électro pop très réussis, restés sans lendemain. Elle mature ensuite ses premiers titres en solo, présente quatre morceaux aboutis au label Pias, emballé, qui lui laisse ensuite les clés du studio, et une liberté totale pour écrire l'exact album qu'elle a en tête. A sa sortie, le disque ne ressemble vraiment à aucun autre sur la scène pop française: racé, élégant, il plane bien au-dessus de la masse des productions aseptisées et interchangeables qui squattent les rotations des radios. La forme des chansons est classique, dans une certaine tradition de la variété française "de qualité", mais justement sans formatage, la supposée contrainte créant un cadre où elle peut exprimer toute la superbe de son écriture.

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Pour la réalisation de "Cannibale", elle a fait une confiance totale au producteur Yan Wagner (et compositeur, et chanteur…) pour doser l'équilibre des températures entre musique et chant. C'est là l'une des grandes forces du disque: ses contrastes s'entrelacent avec virtuosité, et lui donnent une tonalité parfaitement singulière. Le chant est aérien et les paroles acérées, l'humeur volontiers dark et le son épais et chaleureux, les mélodies accrocheuses et tout aussi venimeuses.
En se laissant porter au fil du disque, plus encore que le cinéma on ressent l'influence de la peinture sur son atmosphère générale, ou dans ses jaillissements de violence froide. Calypso apprécie des maîtres comme David ou Le Caravage (ah, Judith décapitant Holopherne…), mais on sent aussi planer les brumes parfois morbides des impressionnistes allemands, et l'on pense au romantisme noir, pictural ou littéraire. Passionnée de littérature, elle connait parfaitement ses classiques russes, aime Balzac, Stendhal, et surtout est une inconditionnelle de Barbey d’Aurevilly, dandy décadent dont on peut entrevoir l'ombre dans sa poésie sombre, un rien arrogante, saupoudrée de touches subtilement déviantes.
Pochette de Cannibale, premier album de Calypso Valois
Pochette de Cannibale, premier album de Calypso Valois
Crédit photo : © Antoine Carlier
Perfectionniste, limite control freak dans tous ses choix artistiques, l'esthétique de sa musique comme dans la gestion de son image, Calypso valois laisse encore quelques mois à son premier album pour continuer sa petite vie, avant l'arrivée d'un second en cours de composition. Salué par la critique à sa sortie comme le veut l'expression consacrée, Cannibale a tourné sur les routes de France pendant un an et demi. En mal de comparaisons faciles, la presse mainstream l'a parfois comparée à François Hardy, sans doute moins après avoir écouté sa musique que remarqué qu'elle aussi portait la frange. Dans les pages de médias plus pointus, on essayait plutôt de la relier musicalement à ses parents Elli & Jacno, avec qui elle ne partage qu'un certain goût des mélodies sucrées-salées et des paroles douces-amères. La vérité, c'est que la musique de Calypso Valois n'appartient qu'à elle, et rend le jeu des comparaisons obsolète. A l'approche de l'été et de sa litanie de productions au sentimentalisme mièvre, offrez-vous un bain de romantisme, l'authentique, celui qui fait jaillir la beauté pure entre ses douleurs…

5 des lieux favoris de Calypso Valois à Paris:

Théâtre

C'est mon théâtre préféré, chargé d'histoire et de souvenirs…
Théâtre de l'Odéon
Place de l'Odéon Paris 6E
Grande salle de l'Odéon
Grande salle de l'Odéon
Crédit photo : Photo Bejamin Chelly

Musée

Un lieu anachronique, qui renferme un joyau: le moulage de la main de Chopin!
Moulage original de la main gauche de Chopin
Moulage original de la main gauche de Chopin
Crédit photo : Clésinger, Auguste (Besançon, 20–10–1814 - Paris, 06–01–1883), sculpteur

Restaurant

Qualité, accueil et tradition, un restaurant comme on n'en fait plus
Le Bon Georges
45 rue Saint-Georges Paris 9E
Le Bon Georges
Le Bon Georges
Crédit photo : RL-STUDIO

Musée

Tout oublier devant les nymphéas de Monet…
Musée de l'orangerie
60 quai des Tuileries PARIS 1E
Les Nymphéas
Les Nymphéas
Crédit photo : Musée de l'Orangerie

cabaret

Je suis fan, c’est une institution du 18ème, la quintessence des Abbesses. Et aussi un homme d’une grande générosité qui organise des repas pour les vieilles dames désargentées du quartier
Chez Michou
80 rue des Martyrs Paris 18E
Chez Michou
Chez Michou
Crédit photo : Chez Michou

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