Quand la Grèce en faillite est rachetée par GoldTex, une grosse
multinationale, et que ses citoyens deviennent des salariés, la
mégalopole de Magnaville est divisée en trois zones : en zone 1,
l’élite, hommes et femmes politiques, personnalités, qui vivent
dans le luxe et l’abondance. En zone 2, les « cilarié·e·s », personnes
diplômées embauchées par l’État sur des contrats de 10 ans renouvelables
qui vivent dans un calme relatif. Enfin, en zone 3, les autres, qui
vivent dans un espace suburbain, pauvre, sale
et détruit par la crise environnementale. C’est là que vit Zem Sparak,
un « chien », c’est-à-dire un policier déclassé, personnage amer et
sombre, qui a perdu toutes ses illusions d’étudiant révolté lors du
rachat de son pays. Un matin, dans ce quartier abandonné
à sa misère, un corps retrouvé ouvert le long du sternum va rompre le
renoncement dans lequel Zem s’est depuis longtemps retranché. Placé sous
la tutelle d’une inspectrice de la zone 2, il se lance dans une longue
enquête.
Sous les ciels en furie d’une mégalopole privatisée, Chien 51 se fait
l’écho de notre monde inquiétant, à la fois menaçant et menacé. Mais ce
roman abrite aussi le souvenir ardent de ce qui fut, à transmettre pour
demain, comme un dernier rempart à notre postmodernité.
Laurent Gaudé
Écrivain et dramaturge, Laurent Gaudé a obtenu le prix Goncourt
des lycéens et le prix des libraires avec La Mort du roi Tsongor (Actes
Sud, 2003), puis les prix Goncourt et Jean-Giono avec Le Soleil des
Scorta (Actes Sud), en 2004. Il est notamment
l’auteur des romans Eldorado (2006), Écoutez nos défaites (2016) et
Salina. Les trois exils (2018).