La musique de Chaya Czernorwin s’inscrit durablement dans la mémoire de ceux qui l’écoutent et la voient sur les scènes musicales ou lyriques, par la puissance et la précision des images sonores qu’elle génère. POETICA, s’étendant sur une soirée complète, construit un « palais de la mémoire » dont la fondation est la relation entre le soliste Steven Schick, les quatre percussionnistes et le trio à cordes, l’électronique participant activement à ce maillage.
Les trois étages du palais sont circonscrits par les haut-parleurs. Au premier étage, le soliste est l’initiateur et il construit avec les autres protagonistes un vaste ensemble suspendu jusqu’à ce qu’une catastrophe vienne tout détruire. Le deuxième étage se consacre au mouvement et à la modulation, aux souvenirs déformés, à l’oubli parfois consolateur. Le dernier étage se déroule dans toute la salle mais semble également provenir du dehors et du lointain. Le lieu est devenu un réseau mobile dont la configuration varie. Nous sommes entrés dans le rêve d’une réalité fluide, d’une nouvelle modalité de communication et de transmission du son.