Avec
la crise sanitaire, les ventes de cosmétiques sont en recul. Entre visibilité
et invisibilité, le port du masque exacerbe toutes les questions d’apparence et
d’identité profonde où se jouent silencieusement le poids de l’estime de soi,
du regard social, entre conformisme et désir d’expression de sa personnalité,
entre sophistication des soins et envie de retour au naturel.
Tel
un rituel sacré, se maquiller est un geste de beauté quotidien chez de
nombreuses femmes, chez qui un peu de rouge à lèvres ou de fard sur les
paupières peut tout changer dans le regard des autres et celui qu'on porte sur
soi. Il peut aider à se valoriser, à se donner du pouvoir, à s'épanouir
socialement, mais à quel prix ? Le
maquillage reflète aussi plus d'un siècle d'injonctions qui poussent les femmes
à se conformer à ce qu'on attend d'elles : des êtres conditionnées à leur
assignation de genre. Pourtant
pour des personnes minorisées, qui ne se sont jamais vu représentées dans
l'espace médiatique, la beauté n'est pas qu'une affaire esthétique. Elle est
l'illustration de disparités raciales, sociales et économiques qui peuvent
engendrer des complexes plus profonds. Se maquiller peut devenir alors le geste
d'une réappropriation de soi ou au contraire l'asservissement à une industrie
qui pousse toujours plus les femmes à rester à leur place.
Ce
sont toutes les pistes de réflexions que nous allons explorer avec Jennifer
Padjemi Jennifer
Padjemi,
journaliste, créatrice et animatrice du podacast Miroir, Miroir, qui
analyse les canons de la beauté dans les sociétés occidentales, auteure de Féminisme
et pop culture (Stock, 2021), prépare un livre sur les tyrannies du corps.
Conférence à l'occasion de l’exposition Le siècle des poudriers (1880-1980) La poudre de beauté et ses écrins présentée à la bibliothèque Forney, du 9 novembre au 29 janvier 2022.
accès selon les consignes sanitaires en vigueur