Conférence par Côme SIMIEN, maître de conférences en Histoire moderne, Université Paris 1-Pathéon Sorbonne (2020), en association avec La France généalogique - CEGF.
La Révolution eut l'ambition de fonder un véritable système d'éducation nationale, appuyé sur des écoles publiques et des enseignements constamment civiques. Il revenait à l'école, selon les premiers républicains, de former les citoyens de demain, et donc d'assurer la victoire des temps nouveaux.
À la fin de la Révolution, les écoles privées sont cependant devenues beaucoup plus nombreuses que les écoles publiques voulues par la République. Pourquoi ? Longtemps, les historiens ont estimé que c'était là la marque du conservatisme global de la population française.
Les parents auraient préféré confier leurs enfants à des écoles privées dispensant un enseignement traditionnel (la foi catholique) voire hostile à la République ; les écoles publiques, elles, auraient échoué pour avoir voulu dispenser un enseignement exclusivement laïque.
En somme : la réaction et la religion à l'école privée ; la République à l'école publique. Emprunté aux grilles de lecture de la IIIe République, ce modèle ne correspond cependant que très imparfaitement à ce que révèlent les sources.
Pour saisir l'échec de l'école publique et le succès des écoles privées à l'heure des premiers pas du dualisme scolaire public/privé, il faut donc retourner aux archives, et remonter le temps jusqu'au milieu du XVIIIe siècle au moins.