Pendant huit jours, le festival du cinéma Brésilien de Paris présente au cinéma l'Arlequin 28 productions brésiliennes, entre fiction et séries, qui traitent en grande partie de musique. Le Festival célèbre ses 25 ans et élargit ses horizons en musique en rendant hommage à Nelson Motta, un grand de la musique brésilienne. L'événement diffusera aussi pour la première fois des séries réalisées pour les plateformes de streaming, et comptera sur la présence d’invités comme la chanteuse Letrux, l’ancien footballeur Raí et l’actrice Maria Fernanda Candido.

Beth Carvalho, Belchior, Elis & Tom, Jair Rodrigues et Miúcha sont les thèmes de certains des documentaires qui seront projetés, après avoir été acclamés au Brésil. La chanteuse Letrux, qui fera le concert de clôture le 12, est également présente à l'écran, dans le film Letrux : vivre est une frénésie, de Marcio Debellian. Le minidoc, comme elle le définit, a été tourné en 2020, lorsque Leticia Novaes, de son vrai nom, s'est réfugiée dans la maison familiale sur la côte de Rio pour échapper à la pandémie.

Mais il y a aussi la fiction Eduardo et Mônica, de René Sampaio, inspirée de la chanson emblématique de Renato Russo, et le désormais classique Saravah, de Pierre Barouh. Le film de 1969 qui documentait les octogénaires Pixinguinha et João da Baiana ainsi que la jeune Maria Bethânia alors âgée de 21 ans fera l'objet d'une nouvelle version, en 4K, projetée en exclusivité. La restauration a été soutenue par le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (CNC).

Le choix de la thématique de la musique est expliqué par la fondatrice et directrice du festival, Katia Adler, comme le résultat d’un processus naturel, compte tenu de la chute de la production cinématographique au cours des quatre dernières années, conséquence d'un gouvernement qui a méprisé la culture. Sans mécénat, elle a uniquement pu compter sur le soutien de la ville de Paris et de l'ambassade du Brésil à Paris : «Bolsonaro a obtenu ce qu'il voulait avec sa politique d'attaque contre les arts et la culture. En même temps, j'ai réalisé que plusieurs des films que j'avais sélectionnés avaient pour thème, ou pour fil conducteur, la musique. Depuis trois ans je voulais inclure des séries au festival, cette année c’est bon ! Nous avons deux séries sur la musique », dit-elle.

Le Festival présente des productions créées à l'origine pour les plateformes VOD. Il s'agit de Tout est permis avec Tim Maia, de Nelson Motta et Renato Terra, et Le chant li de Nara Leão, de Renato Terra, deux productions qui seront proposées au public sous forme de "marathon", chacune en une unique séance : "Je savais que je faisais des séries pour le streaming, pour que les gens les regardent chez eux, mais je rêvais aussi de gagner le grand écran, d'avoir ce plaisir collectif que procure le cinéma", explique le réalisateur Renato Terra.

Coréalisateur, avec Renato Terra, de Tim Maia, le journaliste, compositeur, producteur de musique et écrivain Nelson Motta est le grand honoré de cette édition. Il est également présent au Festival en tant que scénariste du long métrage Elis & Tom, évidemment toi et en tant qu'interviewé dans la série sur Nara Leão. Motta a été décrit par un critique de cinéma de Rio de Janeiro comme "le plus actif des acteurs de documentaires au Brésil" tant ses participations sont nombreuses, toujours pertinentes et pleines d'humour.

La sélection compétitive de cette édition reste forte, avec six films d'auteur parmi les plus récents : La mère, de Cristiano Burlan, Rouge Monet, de Halder Gomes, Paloma, de Marcelo Gomes, Règle 34, de Julia Murat, Nuits Extraterrestres, de Sérgio de Carvalho et Marin des Montagnes, de Karim Aïnouz. L'actrice Maria Fernanda Candido, de Rouge Monet, est l'une des invitées.

Une autre pépite du Festival est le film La Démocratie en noir et blanc, de Pedro Asbeg, une production de 2014 qui montre le mouvement des élections «Diretas Já» dans le sport, la musique et la politique, en interrogeant notamment l’ancien footballeur Sócrates et le président Luiz Inácio Lula da Silva. "Bien qu'il s'agisse d'une production de 2014, elle est très actuelle, compte tenu de ce que nous avons récemment traversé dans le pays", explique Kátia, qui a invité Raí de Oliveira, le frère de Sócrates, à présenter le documentaire.

"C'est formidable d'avoir tenu ces quatre dernières années. Le Festival a ouvert de nombreuses portes, vendu beaucoup de films à la télévision ou à des distributeurs", se réjouit Katia, qui n'a dû renoncer qu'en 2020, durant la première année de la pandémie, lorsque l'événement s'est déroulé en ligne via la plateforme Jangada VoD, avec des rencontres et des débats sur les réseaux sociaux.

"Le festival est très respecté, c'est une vitrine du cinéma brésilien. Il s'agit d'abord de promouvoir le cinéma brésilien, puis d'établir ce contact professionnel. Il est intéressant de noter que la France est le pays qui coproduit le plus de films brésiliens", explique la directrice du Festival du Cinéma Brésilien de Paris.

A propos de Jangada :

Jangada est une association à but non lucratif, créée en France en 1998 par Katia Adler. Son objectif
principal est la promotion et la diffusion de la culture brésilienne en Europe et en Amérique du Nord, et
l'échange entre les artistes brésiliens, les producteurs, les institutions du cinéma et le public de chacun de
ces lieux. Depuis 25 ans, elle organise le Festival du Cinéma Brésilien de Paris. Au Canada, depuis
2007, elle organise également les Festivals du Cinéma Brésilien de Montréal et de Toronto. Depuis 2018,
elle développe le projet Jangada VoD, une plateforme de distribution en ligne qui offre aux utilisateurs
européens une sélection de films brésiliens sur Internet.