On a vu… « A huis clos », de et avec Kery James

Légende du rap français, Kery James est aussi reconnu pour ses pièces engagées. Après le succès de À vif, il revient avec un nouveau spectacle, accompagné à la mise en scène et à la scénographie par Marc Lainé. Il fait suite à sa première pièce, qui voyait s’affronter deux jeunes avocats issus de « deux France » différentes. Pour À huis clos, il retrouve et incarne son personnage fétiche de Soulaymaan, au cœur d’une France meurtrie par une justice défaillante.

Après le meurtre de son grand frère par la police, le jeune avocat décide de se faire justice lui-même et prend en otage le juge qui a innocenté l’assassin de son frère. Un débat acharné s’engage, questionnant aussi bien la démocratie, l’amour ou le pardon. Sous la plume acérée de Kery James, s’affrontent alors deux visions du monde au cœur d’un passionnant théâtre politique.

C’est le genre de pièce qui bouleverse. Le genre à faire parler longtemps après être sortis de la salle tant le sujet est aussi brûlant que bavard. Cinq ans après À vif, Kery James incarne un avocat qui prend en otage le juge qui a fait libérer l’agent de police, coupable d’avoir assassiné son frère. Toute ressemblance avec l’actualité n’est pas totalement ignorée. Bien au contraire…

La scène se transforme en ring de boxe. Les deux hommes s’affrontent à coup de punchlines et de faits divers. La démocratie, l’amour, la jeunesse, les violences policières et le système judiciaire sont évoqués, mais rappellent surtout à quel point la France est meurtrie. Le face-à-face est habité par un dialogue puissant, d’une justesse inouïe, accompagné par une mise en scène pensée comme un thriller. Les lumières jouent sur le clair-obscur, l’ombre et la lumière, le blanc et le noir, à mesure que la pièce déroule son fil et son propos. L’ovation est presque instantanée, avant même que le rideau ne se baisse.

Un spectacle de Kery James

Mise en scène et scénographie Marc Lainé Dramaturgie Agathe Peyrard

Avec Kery James et Jérôme Kircher