Une femme parle et Par elle se blesse,
évoquant un amour éteint et des scènes plus lointaines, des images secrètes,
des rêveries parfois cruelles. Mais d’autres voix (de femmes) viennent se mêler
à la sienne et l’histoire déserte très vite la banalité du réel pour se
dérouler sur un autre plan, une scène où se joue un drame moins étroitement
personnel.
Au tout
début, il y a des poèmes. Écrits dans un train, du Sud au Nord, du Nord au Sud.
Au tout début, il y a un amour, et puis un autre encore. Des fleurs séchées
dans un vase, une chambre vide et un courant d’air qui brise le vase en deux. Au début, il
y a un visage, qu’on voit à la place du paysage derrière la vitre. Quelque
chose s’écrit pendant qu’un musicien joue dans la pièce d’à côté. Une maison
résonne. Des poèmes
écrits avec le rythme d’un ressac - un train qui longe la mer c’est comme faire
un rêve- des poèmes arrachés à tous les départs.
Après ou
pendant, il y a la rencontre avec le musicien Elliott Stoltz. Fragments de
L. est né de là. Elliott a composé, depuis les mots lointains du train et
de la chambre, un monde à lui. Les mots se sont ouverts et la composition
musicale se fraie son propre chemin à l’intérieur. Par ces Fragments de L.,
nous tentons le dialogue entre la musique et le poème. La musique est là depuis
le départ. Dans le mouvement du train, les grincements des rails, les portes
claquées, le bruit des vagues, la guitare dans la pièce d’à côté. Il s’agit de révéler cette musique secrète, en creux des mots, de continuer ce qu’ils ne peuvent exprimer. Alors, on se souviendra peut-être de quelque chose d’oublié.
Julia
Lepère, Par elle se blesse, Flammarion, 2022.
Julia Lepère écrit parallèlement à son activité de comédienne. Son premier livre : Je ressemble à une cérémonie, a été publié en 2019 au Corridor bleu dans la collection S!NG