Vhils de retour à Paris avec une nouvelle série d’œuvres sur un support inédit
La galerie Danysz a le plaisir de présenter du 14
octobre au 25 novembre une exposition réunissant les dernières
créations de l’artiste Vhils. Alexandre
Farto, de son vrai nom, est
mondialement connu pour
ses interventions dans l’espace urbain, en particulier ses portraits de grand
format sculptés à même les murs. Une démarche que l’artiste aime à définir comme une
« archéologie du présent » et qui consiste à enlever de la matière par couches successives pour
mettre au jour le sujet représenté, comme si l’enjeu était
d’arracher un vestige au passé et à l’oubli.
Les visages anonymes qu’il
fait ainsi surgir sont aussi une façon pour Vhils de replacer
l'Homme au centre, de lui rendre la préséance face à des logiques économiques
et à une urbanisation massive dont on sait aujourd'hui combien elles peuvent
prendre le pas sur les individus.
Au fil des ans, Vhils n’a jamais cessé d’explorer de nouveaux supports sur
lesquels déployer son art, qu’il s’agisse du béton des murs, du papier des
affiches publicitaires, du bois de portes recyclées, de plaques de métal ou encore de résine. Après une longue période de recherches plastiques,
l’artiste a récemment mis au point une technique innovante lui permettant de
s’emparer d’un nouveau medium avec
lequel il n’avait encore jamais travaillé auparavant : les carreaux de
céramique. Des carreaux
qui sont généralement travaillés à la peinture mais que l’artiste, fidèle en
cela à sa pratique, parvient quant à lui à sculpter malgré leur très grande
fragilité.
Le choix de ce nouveau support n’est pas un hasard : également connus
sous le nom d’ «azulejos », ces petits carreaux de céramique sont devenus
à la mode dans les constructions portugaises, en particulier au XVe siècle,
lorsque les rois catholiques s’en sont emparés pour en faire un symbole de
statut et de richesse. C'était également un moyen de raconter visuellement des
histoires et de défendre des valeurs morales à une époque où les livres étaient
un privilège et où seule une petite partie de la population pouvait lire.
Vhils, Tile Embossed, 2022,
détails | Courtesy Danysz gallery gallery
Au Portugal, des murs entiers, des intérieurs de maisons, des églises
et des monuments publics sont ainsi recouverts de carreaux de céramique de
toutes sortes et de toutes les couleurs. Ils racontent des histoires anciennes,
exaltent des figures religieuses ou embellissent simplement le paysage urbain
avec des motifs abstraits ou d’inspiration florale, tels une seconde peau
enveloppant la ville.
Au regard de l'histoire mondiale, ces carreaux sont aussi intrinsèquement liés
au commerce, à la mondialisation et au
colonialisme. Au XVIIe siècle,
l'expansion maritime du Portugal a en effet conduit à
utiliser les azulejos comme un outil
supplémentaire pour imposer une culture
eurocentrée sur les terres indigènes des pays conquis. C’est ainsi
que l’on peut encore voir aujourd’hui,
par exemple dans certaines villes du Brésil, de vastes fresques murales réalisées en
céramique.
Avec ce nouveau corpus d'œuvres, Vhils ne se contente pas d'intégrer
cette tradition ancienne à sa pratique, mais il la réinterprète, la redéfinit
et lui redonne sens en la confrontant à son histoire et son identité culturelle.
Cette nouvelle série d’œuvres en céramique est de la même veine que celle pour laquelle Vhils a bénéficié d’une
commande dans le cadre de l’ambitieux projet du
Grand Paris Express. Pour cette œuvre d’art public destinée à la future gare Aéroport d’Orly, l'artiste a créé une grande fresque murale
composée de carreaux de céramique blancs et bleus qui contribuera à forger l’identité de la station.
L’œuvre sera dans un premier temps visible
partiellement en juin 2024 puis en totalité à horizon de 2027 lorsque l’intégralité de la station sera achevée.