Évènement

« Certaines n'avaient jamais vu la mer » au théâtre Essaïon

Du mercredi 11 octobre au mercredi 15 novembre 2023
Sandrine Briard et Béatrice Vincent sur scène
En 1919, des Japonaises embarquent pour une longue traversée vers San Francisco, où les attendent des hommes à qui elles sont mariées par procuration et dont elles ne connaissent qu’une seule chose : une photographie. La confrontation entre l’American dream et la réalité sera douloureuse…

L'histoire

Deux comédiennes prêtent leur voix et leur corps aux témoignages de ces femmes déracinées. Elles n’incarnent pas. Elles sont passeuses. Elles suggèrent et nous laissent aller à la rencontre de ces fragments de vie.
La parole émerge du roman de Julie Otsuka. Le livre, à la fois objet scénique et fil conducteur, accompagne les comédiennes. Elles le quittent et y reviennent. Il est l’objet de la lecture, la trace laissée par le passé.
Deux valises sur le plateau symbolisent différents espaces : elles sont couchettes sur le bateau, coffres à trésors, autel, lieux des souvenirs enfouis…
Le livre, des réminiscences de chants, des valises, et le public est invité à partir pour une longue traversée.

L'avis de la rédaction

Que vous ayez lu le livre de Julie Otsuka ou pas, ce spectacle capte son auditoire en deux minutes. Certaines n’avaient jamais vu la mer, sorti en 2011 a été couronné, l’année suivante, du prix Femina étranger. L’histoire de ces Japonaises mariées à distance, après avoir choisi un époux sur photo, dans les années 1930, est bouleversante. Sur la petite scène de l’Essaïon, deux comédiennes, Sandrine Briard et Béatrice Vincent, prêtent leurs corps et leurs voix à des milliers d’immigrantes japonaises : couturières, paysannes, cuisinières…
À elles deux, elles symbolisent toute la résignation, toutes les illusions perdues, toute la tristesse du déracinement, sans jamais tomber dans le pathos. Avec une étonnante douceur et une poésie rare, on se laisse entraîner dans le quotidien de l’American dream qui se transforma vite en cauchemar dès le pied posé au port de San Francisco. En soixante-dix petites minutes, on se laisse porter par le « nous » qui rythme le texte, comme une prière, au point de nous hanter longtemps après être sortis du théâtre…

Mise à jour le 03/11/2023

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