Rencontre

Vanessa van Zuylen : « Je ne voulais pas qu’un film sur Gustave Eiffel soit tourné en anglais et dans des studios »

Mise à jour le 29/08/2023
Romain Duris dans la peau de Gustave Eiffel
Alors que le film Eiffel sort en salles le mercredi 13 octobre, Vanessa van Zuylen, la productrice, revient sur les difficultés à tourner un film historique en plein Paris pendant la crise sanitaire.

Pourquoi avoir choisi de raconter la vie de Gustave Eiffel (1832-1923) ?

J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour Eiffel. Je savais qu’il avait été injustement condamné après l’affaire du canal de Panama, durant laquelle il avait été accusé de détournement de fonds. Même s’il a été innocenté, le mal était fait.
Pour moi, c’est un vrai et un grand héros français méconnu, qui a fait des choses partout dans le monde [le viaduc de Garabit et la statue de la Liberté, notamment, ndlr], et j’avais très envie de lui rendre hommage.

Est-ce un film biographique ?

Non, même s’il s’agit bien d’un personnage réel, il y a une part d’interprétation, voire de fiction. Martin Bourboulon [le réalisateur, ndlr] et moi avons voulu expliquer pourquoi Eiffel a choisi de construire la tour pour l’exposition universelle de 1889 alors qu’il n’avait pas du tout envie d’y participer au départ. Il fallait un élément déclencheur qui le pousse à se dépasser. Cet élément, c’est Adrienne et l’amour qu’il lui porte.
Pour construire le scénario, nous sommes partis du scénario original de Caroline Bongrand [la scénariste, également romancière, ndlr]. Cela nous a pris quatre ans avant d’aboutir au scénario final. Nous avons travaillé avec Martin Bourboulon, le réalisateur, Thomas Bidegain et Natalie Carter, deux grands scénaristes, mais aussi Tatiana de Rosnay, une romancière. C’est elle qui a eu l’idée des flashbacks qui déstructurent le scénario et apportent du suspense. En tout, sept personnes ont collaboré à l’écriture du film, ça a été un vrai travail d’équipe.

Puis la crise sanitaire a complètement bouleversé le tournage…

Ça a été hyper dur. Comme tout le milieu du cinéma, nous avons souffert de la crise sanitaire et avons interrompu le tournage. Heureusement, un mot d’ordre a été donné : ceux qui avaient commencé des films devaient pouvoir les finir, c’était la priorité. J’ai beaucoup apprécié cette déontologie. Il y a eu une vraie entraide.
Après deux mois de confinement, tout le monde était heureux de reprendre le tournage en juin 2020. Certains avaient peur, parce qu’on ne savait pas ce qu’il se passait. J’avais préparé un protocole sanitaire très contraignant. Les costumes, par exemple, devaient être étendus pendant 24h et si quelqu’un les touchait, il fallait de nouveau attendre.
Toute l’équipe était restée mobilisée, même quand on leur proposait d’autres contrats plus longs, car ils adoraient faire le film et voulaient aller jusqu’au bout du projet. Pour un producteur, c’est génial d’être accompagné par une telle équipe. Cela a contribué à ce que le film soit magique.

Ça rappelle justement la situation vécue par Eiffel : sans son équipe, il n’aurait pas pu construire la tour…

Oui, j’ai l’impression qu’on refait l’histoire de la tour Eiffel. On espère le même succès ! J’ai aussi bénéficié du soutien de Pathé qui m’a fait confiance alors que c’était mon deuxième film. Avec un budget colossal de 23 millions d’euros. Pas une seule fois, ils n’ont remis en question ce que je faisais. Leur soutien, leur intelligence et leur énergie m’ont donné des ailes. J’en ai presque oublié tous les mauvais moments.
La Ville de Paris et la Région ont aussi été très présentes. C’est ce qui nous a permis de tourner 90% des scènes en Île-de-France. Par exemple, on a filmé l’inauguration de la tour sur le Champ-de-Mars pendant 3 jours. On a aussi pu tourner dans le Petit Palais et dans les rues de Paris. Toute cette aide lors du tournage nous a vraiment permis de restituer l’époque.

Pourquoi était-ce si important de tourner à Paris ?

Je tenais à ce que le film soit tourné en France. Un studio américain m’avait proposé de faire ce film avec un budget de 80 millions de dollars il y a un 5 ou 6 ans. Mais j’avais refusé, car en France on est capable de faire aussi bien avec moins de moyens, grâce à notre habileté et notre savoir-faire. Je ne voulais pas qu’un film sur Gustave Eiffel soit tourné en anglais et dans des studios.
À l’exception de quelques scènes tournées à Bruxelles, les 52 jours de tournage ont bien eu lieu en Île-de-France.

Quelle relation entretenez-vous avec Paris ?

Mes parents sont d’origine hollandaise, anglaise, américaine et espagnole. Ma mère était amoureuse de la France, donc nous habitions à Paris quand j’étais petite. Puis j’ai été envoyée en pension en Angleterre. Mais mon seul rêve, c’était de revenir à Paris. Aujourd’hui, j’habite à Paris avec mon mari et mes deux enfants, et on a même une vue sur la tour Eiffel ! J’ai donc réalisé mon rêve et j’ai le bonheur de côtoyer mon héroïne de ma fenêtre tous les jours.

Le tournage en images

Pour aller plus loin

Eiffel a laissé de nombreuses traces encore visibles aujourd'hui à Paris. Paris je t'aime - Office de Tourisme les a répertoriés dans la carte ci-dessous.

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