Le saviez-vous ?

Allée de Funès, salle Ventura, place Gabin… Ces acteurs que Paris a immortalisés

Mise à jour le 12/10/2023
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Quel est le point commun entre Jean-Paul Belmondo, Coluche et Louis de Funès ? S'ils ont tous marqué l'histoire du cinéma français, on retrouve aussi leur nom dans une rue ou sur une place de la capitale. Partons sur les traces de ces comédiens célèbres qui ont laissé leur empreinte dans Paris. Premier épisode de notre série !
Rues, allées, places ou salles de sport… de nombreux lieux rendent hommage à des artistes : photographes, peintres, réalisateurs ou acteurs. Le Conseil de Paris prend la décision de dénomination. Idéalement, le lieu, baptisé ou rebaptisé, a un rapport concret avec la personnalité proposée, son parcours et sa biographie. Ainsi, le pont de Bir-Hakeim est indissociable de l'une des plus belles cascades de Jean-Paul Belmondo tandis que Jean Gabin a vécu non loin de la place qui porte désormais son nom. Parfois, c’est une anecdote, un rôle ou un film qui lie de près ou de loin ces comédiens à Paris. Balade en odonymie.

Une promenade pour Jean-Paul Belmondo

Jean-Paul Belmondo naît le 9 avril 1933 à Neuilly-sur-Seine. Fils du sculpteur Paul Belmondo, il vit ses jeunes années à la Villa Saint-Jacques (14e). En 1938, la famille emménage rue Victor Considérant, dans le même arrondissement, non loin de l’atelier de son père, installé sur l’avenue Denfert-Rochereau.
Jean-Paul Belmondo
"Paris brûle-t-il?", film réalisé par René Clément. France, 1966. Fonds France-Soir. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
Crédit photo : BHVP / Roger-Viollet
Paris est aussi la ville de ses études : École Alsacienne, d’où il est renvoyé, École Pascal, lycées Louis-le-Grand, Henri-IV et Montaigne… Puis vient le temps du Conservatoire national supérieur d’art dramatique (9e), dont il sort porté en triomphe par ses camarades, et de ses loisirs. Il s'est longtemps entraîné à la boxe à l’Avia Club de la rue René-Boulanger (10e).
Parmi ses 75 films tournés en soixante ans de carrière, nombreux sont ceux dont l’action se déroule à Paris : du début de sa carrière cinématographique dans À bout de souffle, où son personnage Michel Poiccard arpente le quai Saint-Michel, l’avenue des Champs-Élysées, la rue de Rivoli, et dont la dernière séquence, celle de la mort du voyou le long de la rue Campagne Première (14e) laissera une trace indélébile sur les spectateurs, à l’un de ses derniers tournages dans Peut-être de Cédric Klapisch, où il campe Ako qui, en 2070 dans un Paris futuriste ensablé, tente de convaincre son propre père de le concevoir, Paris est omniprésente.
Mais c’est en 1975 que sort au cinéma l’un des plus gros cartons de la carrière de « Bébel » : Peur sur la Ville d’Henri Verneuil. Il y joue le rôle d’un commissaire de police parisien traquant un tueur en série terrorisant la capitale. Belmondo réalise lui-même ses cascades, avec une course-poursuite sur les toits de Paris et surtout dans le métro avec une scène iconique sur le pont de Bir-Hakeim (15e, 16e) accroché sur le toit du train. Ainsi pour honorer la mémoire de cet immense acteur, le Conseil de Paris a décidé de dénommer « promenade Jean-Paul Belmondo » le terre-plein central situé sous le viaduc du métro aérien.

Une allée pour Michel Piccoli

Décédé en mai 2020 à l’âge de 94 ans Michel Piccoli a marqué six décennies du cinéma mais aussi du théâtre français. Il a tourné pas moins de 230 films dont Le Mépris en 1963, Les Choses de la vie en 1970 et La Grande bouffe trois ans plus tard. En 2011, son rôle de pape dans Habemus Papam lui vaut son deuxième prix d’interprétation à Cannes après celui obtenu en 1980 pour Le saut dans le vide.
Michel Piccoli était un parisien pur jus : né en décembre 1925 dans le 13e arrondissement, il grandit place d’Italie. Il avait ses habitudes dans le quartier de La Bastille et s’était formé au métier d’acteur au cours Simon (11e). Si sa carrière fut internationale – il a enchaîné les productions en Allemagne, en Italie et même aux Etats-Unis pour L’Etau sous la direction d’Alfred Hitchcock – c’est à Paris qu’il tourne le plus - dans l’un de ces derniers films, intitulé Les Toits de Paris, il interprétait un vieux parisien solitaire vivant dans une chambre de bonne sous les toits de Montmartre.
En 2006, il réalise le long-métrage C’est pas tout à fait la vie dont j’avais rêvé, dont de nombreuses scènes sont filmées dans les allées du Parc Montsouris (14e). Le 10 octobre 2023, le sentier d’Arcueil de cet espace vert est rebaptisé en hommage au comédien.
Une façon pour le Conseil de Paris de célébrer l'artiste mais aussi à l'homme de combats : sans jamais être encarté dans un parti politique, Michel PIccoli s'était notamment engagé auprès de SOS racisme et aux côtés d'Amnesty International.

Une plaque pour Jean-Claude Brialy

« Ici vécut Jean-Claude Brialy 1933-2007 comédien, auteur, directeur de théâtre
« Faire acte de mémoire, c’est faire acte de vie » » : c’est en 2021 que le Conseil de Paris décide de rendre hommage à Jean-Claude Brialy en apposant une plaque commémorative sur la façade du 25 quai de Bourbon (Paris centre) dans l'immeuble où résida aussi Léon Blum. Elle a été inaugurée le 14 juin 2023.
Jean-Claude Brialy a habité au 25, Quai de Bourbon
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris
Enterré au cimetière de Montmartre, l’acteur issu de la Nouvelle Vague a joué dans plus de 200 films au cours de sa carrière commencée en 1956 et a côtoyé de grands réalisateurs tels que Louis Malle, Claude Chabrol, François Truffaut ou Éric Rohmer. Vedette ou second rôle, il a été nommé en 1977 pour le César du meilleur acteur dans un second rôle pour Le juge et l’assassin et l'a remporté avec Les innocents en 1988.
En 1954, jeune homme, il débarque à Paris sans le sou et loue une chambre de bonne. Le succès aidant, il s’installe sur l’île Saint-Louis. Même s’il vit une bonne partie de l’année dans son château de Monthyon en Seine-et-Marne, ses activités professionnelles demeurent à Paris : en 1977, il prend les rênes du théâtre Hébertot (17e) puis en 1986 du théâtre des Bouffes-Parisiens (2e).
Connu également pour être un prince de la nuit, Brialy était une figure élégante et incontournable des soirées parisiennes. Ce n’est pas un hasard s’il a acheté, dès 1966, un ancien bistrot de l’île Saint-Louis, qu'il fait transformer en restaurant sous l'enseigne L'Orangerie. Ce lieu de vie nocturne a vu défiler un grand nombre de ses amis, artistes français et étrangers.
Rue Saint-Louis en l'Île, L'Orangerie, restaurant ouvert par Jean-Claude Brialy
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris

Une place pour Coluche

En 2002, la Ville a décidé d’attribuer le nom de Coluche à la place qui délimite les 13e et 14e arrondissements, à l'angle des rues de l'Amiral-Mouchez, Boussingault, Tolbiac, d'Alésia, de la Glacière, de la Santé et de l'avenue Reille. Pourquoi ce lieu ? Parce que Coluche avait élu domicile dans le quartier de Montsouris, en 1978, très exactement 11, rue Gazan, et l’humoriste était par ailleurs un habitué du café L'Ariel, situé sur la place.
Crédit photo : © André Perlstein collection privée
Pour la Ville, il était important de rendre hommage à Michel Colucci, dit « Coluche ». Non seulement pour ses talents de comédien – en dehors de ses sketchs inoubliables, il a fait ses preuves en tant qu’acteur dans des films comme Tchao Pantin, pour lequel il a reçu le César du meilleur acteur en 1984, mais aussi pour ses actions en faveur des plus démunis avec la création des Restos du Cœur.
Michel Colucci est né dans le 14e en 1944. Avant de connaître le succès, il travaille comme fleuriste, d’abord sur l’île de la Cité puis dans la boutique de sa mère rue d’Aligre. À la fin des années 1960, il décide de se lancer dans la musique et joue aux terrasses des cafés des quartiers de la Contrescarpe et de Saint-Michel puis dans des cabarets où il fait la connaissance de Romain Bouteille avec lequel il ouvre le café-théâtre le Café de la Gare (14e) en 1969. Plus tard, avec ses one man shows, il arpente de nombreuses salles de spectacles, du théâtre de La Bruyère à l’Olympia. Après son décès tragique dans un accident de moto en 1986 dans le sud de la France, il est enterré au cimetière de Montrouge (14e).

Une allée pour Louis de Funès

l'homme orchestre avec Louis de Funès
Louis de Funès dans une image tirée du film L'Homme orchestre de Serge Korber (1970)
Crédit photo : ©DR/l'homme orchestre

Dévoilée à l’occasion du 40e anniversaire de sa disparition, le 27 janvier 2023, la plaque en hommage à Louis de Funès a été posée dans la cour de l’immeuble où il vécut de 1954 à 1962, au 42 rue de Maubeuge (9e). Le comédien a toujours entretenu un lien fort avec le 9e arrondissement de Paris, qu'il a connu adolescent, puisqu'il a été élève du lycée Condorcet vers 1930. Il vivait alors avec sa famille au 13, rue Condorcet. C’est aussi dans le 9e qu’il fait ses débuts, d’abord comme pianiste puis comme acteur de théâtre. Il épouse le 20 avril 1943 à la mairie du 9e Jeanne Barthélémy dont la famille habite aussi l’arrondissement au 14, rue de Maubeuge.
Il y a dix ans, en 2013, le Conseil de Paris a voté l’attribution du nom d’allée Louis de Funès à une nouvelle allée ouverte dans la Zac Beaujon (8e), à proximité du 45, rue de Monceau, une autre des adresses parisiennes du héros du Corniaud, de L’Aile ou la cuisse, ou du Gendarme de Saint-Tropez. On sait qu’il vécut aussi aux 14, rue de Miromesnil (8e) 54, rue de Rome (8e) et 24, quai de Béthune (Paris Centre).
Au-delà de ces deux hommages rendus par la Ville, certaines rues de la capitale sont également marquées par l’empreinte de cet acteur iconique du cinéma français récompensé par un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 1980 : la rue des Rosiers lors de la scène de danse des Aventures de Rabbi Jacob et le 45, rue Poliveau, où son personnage Jambier tient une épicerie dans La Traversée de Paris.

Une salle de sport pour Lino Ventura

Après avoir dénommé la place située à l’angle de la rue des Martyrs et de l’avenue Trudaine (9e) place Lino Ventura dès 1999, le Conseil de Paris a attribué le nom du comédien à une salle de sport en 2017. Il s’agit plus précisément de la salle de lutte située 27, rue Bréguet (11e) au sein de l’Espace Bréguet. Les clubs de Paris Lutte Olympique, Paris Lutte et la Wrestling Academy y pratiquent leurs disciplines. Si cet hommage a été rendu à Lino Ventura (1919-1987) c’est qu’avant d’être acteur, il a été un lutteur de renom sous les couleurs parisiennes de l’AC Bourse. Après que sa carrière sportive a été stoppée par une grave blessure, il arrive au cinéma par hasard grâce à son rôle de chef de gang dans Touchez pas au Grisbi aux côtés de Jean Gabin en 1954.
Né en Italie en 1919, Lino Ventura arrive en France très jeune, et à l’âge de 9 ans il s’installe avec sa mère au 57, rue Papillon (9e). Ses copains du square Montholon lui font découvrir la lutte. Il s’entraîne d’abord à la salle du club athlétique des Gobelins puis dans celle de la porte d’Italie. Enrôlé dans l’armée italienne au début de la Seconde Guerre mondiale, il déserte au moment de l'effondrement du régime fasciste et retourne à Paris rejoindre Odette, qu'il épouse en 1942. Après la guerre, il entame une carrière de catcheur plus rémunératrice que la lutte et participe à des combats à la salle Wagram et au Cirque d’Hiver sous le nom de « la Fusée italienne ».
Au cinéma, on trouve parmi ses rôles les plus marquants celui du truand dans Les Tontons flingueurs, tourné en grande partie à Paris, dans les 14e et 20e arrondissements, de l’espion français dans Les Barbouzes ou du commissaire dans Le Clan des Siciliens. Son imposante carrure et son physique de gros dur ne l’ont pas empêché d’interpréter une large palette de personnages : dans La Gifle, en 1974 aux côtés d’Isabelle Adjani, il est Jean Douélan, professeur d’Histoire au Lycée Henri-IV. Également reconnu pour son engagement auprès des enfants atteints d’un handicap mental, Lino Ventura a fondé en 1966 l’association Perce-Neige.

Une place pour Jean Gabin

Près de trente ans après sa mort, en 2006, une place discrète à l'angle de la rue Custine et de la rue Lambert (18e), a pris le nom de Jean Gabin. Le comédien était né non loin de là, sur le versant opposé de la Butte Montmartre, au 23, boulevard Marguerite de Rochechouart (9e), le 17 mai 1904. Jean Gabin Alexis Moncorgé, dit Jean Gabin, est issu d’une famille d’artistes. Son père est comédien d’opérette et sa mère chanteuse de café-concert. Dès 1926, il suit leurs traces en devenant à son tour artiste de music-hall. Son tour de chant l’entraîne avec succès pendant deux ans dans toute la France.
"Maigret et l'Affaire Saint-Fiacre", film de Jean Delannoy, d'après le roman de Georges Simenon. Jean Gabin. 1958.
Jean Gabin a interprété le Commissaire Maigret dans trois films
Crédit photo : © Alain Adler / Roger-Viollet
En 1928, de retour à Paris, il entre au Moulin Rouge, où il devient le partenaire de Mistinguett. À cette même période, Gabin entame une carrière prolifique au cinéma. Il tourne avec les plus grands réalisateurs de l'époque (Julien Duvivier, Marcel Carné, Jean Renoir…). Un parcours artistique interrompu par la Seconde Guerre mondiale, où l'acteur s'engage dans les Forces françaises combattantes du général de Gaulle. En 1954, Touchez pas au grisbi, réalisé par Jacques Becker, relance sa carrière cinématographique. Grâce au rôle qu’il tient dans La traversée de Paris de Claude Autant-Lara (1956), il a rendu célèbre le 45, rue Poliveau (5e), l’adresse d’où son personnage doit transporter des valises contenant un cochon découpé jusqu’à la rue Lepic (18e). Un périple aux côtés de Bourvil qui les fait passer par la ménagerie du Jardin des Plantes, le quai Saint-Bernard, le pont de Sully, la rue de Turenne, la rue Montmartre et la rue Saint-Georges.
Place Jean Gabin (18e)
Crédit photo : Grunberg / Ville de Paris
Cette balade dans les pas des acteurs qui ont leur rue à Paris nous a donné envie de poursuivre nos déambulations. À suivre dans notre prochain épisode : les actrices.

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