Voyage dans l’histoire avec l’agence de photos d’archives Roger-Viollet 2/2
Reportage
Mise à jour le 22/03/2024
Sommaire
Galerie d’art, vente de photos aux particuliers, ateliers pédagogiques… Initialement agence de photos d’archives, Roger-Viollet s’est transformée en un lieu ouvert au public. Celui-ci peut découvrir l’histoire de Paris et de la France au travers de 12 millions de clichés.
Notre premier article dévoilait l’histoire de la création de l’agence Roger-Viollet. Découvrez dans ce second volet comment la Ville prend soin de ce fonds photographique extraordinaire qui lui appartient désormais.
Après le décès d’Hélène
Roger-Viollet et de Jean Fischer, les propriétaires de l’agence, la Ville nomme un
administrateur, Henri Bureau. De 1995 à 2004, celui-ci poursuit la politique
d’acquisition de Roger-Viollet, notamment auprès de photographes à la retraite qui se retrouvent
avec des images sans trop savoir quoi en faire. Son équipe entreprend de numériser, taguer et rendre visibles les clichés sur le premier site web de l’agence
– à ce jour un million de clichés peuvent être consultés en ligne.
En 2005, la Ville de Paris crée la
Parisienne de photographie, société qui regroupe à la fois les fonds de
Roger-Viollet et les activités de prises de vue des musées parisiens. En 2012,
elle s’enrichit de six millions de photos supplémentaires datant de 1946 à 2000,
après le rachat du fonds d’archives photographiques de France-Soir, sauvé d’une
destruction certaine à la liquidation du quotidien. L’ensemble est conservé à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
Continuer de faire vivre cette agence en commercialisant ses images reste cependant un casse-tête pour la municipalité qui, après plusieurs exercices déficitaires, décide de confier cette tâche à un opérateur privé. C’est la société NDLR/Photononstop fondée par Gilles Taquet, par ailleurs président du Syndicat national des agences photographiques, qui remporte l’appel d’offres en 2019. « Notre mission, au-delà de faire vivre et vendre et de valoriser le fonds d’un point de vue financier, est de faire connaitre les trésors de l’agence au grand public », explique le nouveau concessionnaire.
Un nouveau lieu parisien dédié à la photographie historique
« Pêche »,
« Écoliers », « Philatélie », « Cyclisme »,
« Front populaire », « Masques à gaz », mais aussi
« Belmondo », « Rudolph Valentino », « Laurent
Terzieff »… Quatre-vingt-cinq ans après la création de l’agence, les boites d’archives thématiques hors d’âge sont toujours là,
sur pas moins de 300 mètres de linéaires, contenant chacune une centaine
d’originaux délicatement rangés dans des enveloppes kraft. « On
ne les remplit plus de nouvelles images - elles sont désormais numérisées - mais
toutes les boîtes vertes peuvent être consultées sur demande », précise Gilles Taquet.
Le
local se transforme tout en gardant son cachet d’antan. Son aménagement a été confié à l’architecte David Apheceix. Les tabourets « LN » ont été créés spécifiquement par Wendy Audreu, jeune designeuse lauréate du Rising Talent Award 2020.
Les 300 m 2 de l’agence Roger-Viollet - auparavant exclusivement des bureaux - sont désormais ouverts au public, qui peut acheter des tirages des clichés de la collection. « Des personnes viennent pour retrouver un visuel ancien de leur rue ou dénicher des photos de leurs stars préférées. On sort les boites, on leur prête des gants pour les manipuler, et elles s’installent sur la table de consultation dédiée, précise Gilles Taquet. On leur donne aussi accès au site web, où elles peuvent commander des photos sur des tirages A2, A3 et A4. Il y a plein de moyens différents de rentrer dans nos collections ».
Les 300 m 2 de l’agence Roger-Viollet - auparavant exclusivement des bureaux - sont désormais ouverts au public, qui peut acheter des tirages des clichés de la collection. « Des personnes viennent pour retrouver un visuel ancien de leur rue ou dénicher des photos de leurs stars préférées. On sort les boites, on leur prête des gants pour les manipuler, et elles s’installent sur la table de consultation dédiée, précise Gilles Taquet. On leur donne aussi accès au site web, où elles peuvent commander des photos sur des tirages A2, A3 et A4. Il y a plein de moyens différents de rentrer dans nos collections ».
Il existe une telle multitude d’images que l’agence aurait bien du mal à établir un « top des ventes ». Malgré tout, les portraits de Romy Schneider font partie des demandes récurrentes des particuliers. Celles de Gabrielle Chanel sont régulièrement commandées par les professionnels. Car l’agence conserve son cœur de métier : le « B to B » (vente entre professionnels). Ses 14 salariés - documentalistes et commerciaux- sont chacun dédié à un secteur : presse, édition, « corporate » (entreprises et métiers), institutions culturelles, boites de production… et répondent aux demandes de leurs clients. Le prix de la photo va alors dépendre de son utilisation. « Par ce biais, nos photos sont diffusées dans le monde entier », se réjouit Gilles Taquet.
Un autre biais que le concessionnaire a mis en place dès 2021 pour faire connaître les trésors du fonds Roger-Viollet est d’ouvrir sa galerie d’exposition. « Les photographes que nous représentons - Gaston Paris, Léopold Mercier, Jacques Boyer, Pierre Choumoff… - ne sont pas des célébrités comme Doisneau ou Cartier-Bresson, mais ils n’en sont pas moins talentueux. Notre rôle est de les faire connaitre, en les mettant en avant, résume-t-il. Les visiteurs qui ont (re) découvert Laure Albin Guillot dans nos murs ont été surpris par l’élégance de ces images prises entre 1920 et 1954. La galerie a ensuite accueilli les travaux d’Alain Adler, qui fut photographe de plateau de 1954 à 1964 avant de remiser son appareil photo… »
L'exposition en cours (du 7 mars au 1erjuin 2024 présente le Paris populaire des années 1970.
La galerie a aussi proposé des accrochages thématiques, comme L’Orient en grand en 2021 et L’appel du large fin 2022.
Gilles Taquet et son équipe accueillent cet été l’exposition Paris Rive droite - Rive gauche. Les bords de Seine entre labeur et loisirs. « On n'est pas tombé dans la carte postale parisienne, on propose des images originales et méconnues sur tout ce
qui se passait autour du fleuve aux XIXe et XXe siècles : les tondeuses de chiens, la vente d’acier sur les quais, les baignades ».
Ces événements attirent beaucoup de visiteurs. Pour Une histoire photographique des femmes au XXe siècle, la file d’attente se poursuivait jusque dans la rue.
Autre moment étonnant : au cours de l’expo Les voyages d’Hélène, une vie à documenter le monde, un visiteur tombe sur une photo prise par Hélène Roger-Viollet à Saint-Barth. De fil en aiguille, il demande à consulter la boîte d’archives dédiée à cette île des Antilles françaises dont il est originaire… Et finit par organiser une expo des photos de l’agence là-bas ! « Les anecdotes comme celles-ci sont nombreuses. Je pense au neveu d’Alain Adler qui ne connaissait pas les talents de son oncle et a découvert qu’il était photographe de plateau à l’occasion du décès de Jean-Paul Belmondo et la diffusion de nos images », sourit Gilles Taquet.
Des images pour éduquer aux médias
Dans l’appel d’offres de la Ville, la demande était également d’élaborer des projets culturels et pédagogiques. C’est pourquoi l’agence Roger-Viollet propose à présent des ateliers à destination des scolaires - déjà une quarantaine d’interventions gratuites ont été dispensées auprès des écoles primaires de la Ville de Paris, notamment à l’occasion de la Semaine de la presse et des médias, en lien avec le Clemi. « Des photographes peuvent travailler avec les enfants sur ce que leur évoquent des images, comment ils peuvent les légender, expliquer que les manipulations d’images ont toujours exister… », explique Gilles Taquet. Pour les plus grand, des ateliers centrés sur l’intelligence artificielle permettent de parler de la distinction entre le vrai et le faux…
Quant aux expositions du fonds Roger-Viollet, elles peuvent être louées clés en main par les collectivités, centres culturels, associations…
Pendant ce temps, la Ville continue de numériser 250 000 images par an avant de les confier aux documentalistes de l’agence, qui les sélectionnent, les légendent, leur adjoint des mots clés. « Avec douze millions de clichés, ce travail documentaire est très loin d’être fini ! », conclut Gilles Taquet.
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