Valentin Rault, projectionniste, éclaire le regard des petits
Série
Mise à jour le 11/12/2025
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Dans les écoles, il déploie des écrans blancs éphémères dans des salles obscures improvisées. L’occasion pour les tout-petits de vivre leurs premières émotions sur pellicule. Lumière sur le métier de projectionniste itinérant à la cinémathèque Robert-Lynen (17e).
« Regardez les enfants,
j’ai apporté une machine ! » Dans les écoles maternelles où il intervient,
Valentin Rault ne passe pas inaperçu. Il pose son projecteur portatif dans un
préau ou un dortoir, déploie ses bobines, et fait surgir l’univers du 7e art. Pour les enfants, le matériel cinématographique et les images sur grand
écran dans une salle obscure sont souvent une première.
Magie de la découverte
Les petits visages s’illuminent devant cette cabine
ouverte qui leur révèle l’envers du décor. « Être au milieu d’eux, confie
Valentin, c’est l’occasion idéale pour échanger et recueillir leurs réactions
spontanées. » Les enfants commentent les images à voix haute, posent des
questions, s’étonnent. Valentin aime tisser des liens entre les films et leur
quotidien, que les groupes soient organisés par niveaux ou mélangés. À la fin
des séances, la même question revient souvent : « C’est déjà
fini ? »
Son métier de passion et de transmission, Valentin l’a choisi après un bac scientifique et une formation dans une école d’audiovisuel. Il s’est orienté vers ce métier discret, parfois un peu oublié, où se mêlent technique, histoire du cinéma et médiation. Avant de rejoindre la cinémathèque, il a fait ses premières armes comme projectionniste dans des salles traditionnelles.
Depuis quelque temps, il s’est aussi pris d’intérêt pour
l’entretien du fonds d’images : prolonger la vie des pellicules grâce à de
petites restaurations fait désormais partie des chantiers qu’il souhaite
développer. « Nous avons la chance d’être dans une institution où les
archives et la salle de projection coexistent. Autant en profiter ! »
Une école du regard
Avec ses deux autres collègues
projectionnistes, seuls professionnels de ce métier au sein de la Ville de
Paris, il imagine des programmations qui suivent les saisons, les projets de
classe ou les sorties scolaires. Animaux, cirque, fonds marins… Chaque séance,
de trente minutes à quarante-cinq minutes, devient une exploration adaptée à
leur univers.
Entre deux courts-métrages, Valentin ouvre le dialogue. « Qu’avez-vous
retenu ? Qu’avez-vous aimé ? » demande-t-il. Il les invite à
observer, à reconnaître un animal, un instrument, un décor. Certains moments
forts dépassent même le cadre du film : les enfants évoquent leurs propres
expériences, leurs peurs, leurs joies, dès qu’un thème les touche.
Les films d’archives montrent comment les manières de filmer et de penser ont évolué.
projectionniste
Valentin veille aussi à donner du recul. « Les films d’archives montrent comment les manières de filmer et de penser ont évolué », souligne-t-il. Les enfants perçoivent d’eux-mêmes qu’une esthétique ou qu’un point de vue appartient à une autre époque. Pas question pour lui de faire la morale. Il préfère nourrir leur regard, leur sens critique, leur capacité à comprendre les images.
Lors de la dernière séance de l’année, il les aide à synthétiser ce qu’ils ont découvert : les 24 images par seconde, le noir et blanc, les différents types de films… Parfois, il faut du temps pour que la séance prenne tout son sens. « En fin d’année, quand je leur demande quel film ils ont préféré, beaucoup en gardent un excellent souvenir, même si, sur le moment, ils semblaient plus discrets. Il faut leur laisser le temps. »
Après les projections, Valentin prend le temps d’échanger avec les enfants.
Crédit photo :
Laurent Bourgogne, Ville de Paris
Pendant les vacances, les séances se tiennent à la cinémathèque Robert-Lynen (17e), avec des enfants plus grands venus de centres de loisirs ou des
collégiens. On y explore des thèmes plus engagés et l’on peut se permettre des
projections plus longues. « Ici, nous n’avons aucun enjeu
d’audience, souligne-t-il. Nous sommes libres dans notre programmation,
sans pression commerciale. C’est toute la beauté du service public ! »
Un siècle de cinéma à portée d’œil
En 2026, la cinémathèque Robert-Lynen (17e) fêtera ses 100 ans. Elle abrite un fonds exceptionnel : films pédagogiques, documentaires, animations, courts-métrages, fictions. Près de 4 000 titres y sont répertoriés, et plus de 6 000 en comptant les copies. Le 16 mm, spécificité du lieu, côtoie le 35 mm et les supports digitaux. Une palette unique d’images argentiques et numériques pour éveiller les regards.
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