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Paris sous terre, ces refuges oubliés de la Seconde Guerre mondiale

Mise à jour le 24/08/2020
Bunker sous la gare de Paris-Est, créé à la veille de la seconde guerre mondiale pour continuer à faire circuler les trains, même en cas d'attaque au gaz
Au début des années 30, la situation internationale incite les autorités parisiennes à aménager des abris souterrains pour protéger la population et garantir la continuité des services publics. Métros, anciennes carrières, caves… Focus sur ces lieux méconnus de la Seconde Guerre mondiale.
Découvrir la capitale en profondeur, c’est aussi plonger dans son histoire et ses souterrains. Ici, les deux s’imbriquent. À partir de 1935, plus de 40 000 abris civils et 250 étanches au gaz furent disséminés dans les sous-sols de Paris. Dès qu’une alerte retentissait, les habitants accouraient pour se protéger dans l’abri le plus proche, souvent guidés par des chefs d’îlot et des luminaires la nuit.
Ces refuges, les « abris de défense passive », se sont développés à cette époque. Les autorités prennent alors toutes les mesures possibles pour limiter les conséquences d'une guerre contre les civils, notamment des bombardements aériens. Différentes lois sont votées entre 1931 et 1939 pour aménager des refuges souterrains.
Trois principaux types d'abris sont alors mis en place :
  • les abris administratifs, pour assurer la permanence des services durant les alertes (250 ont été aménagés sous les bâtiments administratifs à Paris et une centaine en banlieue) ;
  • des abris pour la population (notamment dans le métro) ;
  • 29 postes de secours sanitaires (des hôpitaux étanches au gaz dans les sous-sols, des mairies et d’écoles).
Les abris doivent être approvisionnés en vivres et en eau potable, également en pelles, pioches, haches et scies pour dégager les éboulements. Alors qu'une nouvelle guerre mondiale semble inévitable, la loi du 8 avril 1935 et son décret du 20 décembre 1935 prévoit l’organisation des abris. Les caves d’immeubles de plus de quatre étages étaient considérées comme pouvant être des abris, elles devaient être contrôlées par un architecte de la Défense passive pour décider s’il fallait les renforcer ou non.
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Sous la gare de l'Est… un bunker de 120 m2

Sous les rues du 10e se cache un bunker préservé à l’intact depuis plus de 80 ans… Construit à partir de 1939 par la SNCF, cet abri de la gare de l'Est devait servir de lieu de repli pour le personnel de la gare en cas d’attaque aérienne et de poste pour continuer à faire rouler les trains.
Bunker sous la gare de Paris-Est, créé à la veille de la seconde guerre mondiale pour continuer à faire circuler les trains, même en cas d'attaque au gaz
Ce bunker a été créé à la veille de la Seconde Guerre mondiale pour continuer à faire circuler les trains, même en cas d'attaque au gaz.
Crédit photo : Sébastien Godefroy / SNCF-MEDIATHEQUE
Avec ses 120 m2, il pouvait accueillir près de 70 personnes et se composait d’une dizaine de pièces, notamment une salle de contrôle, une salle des machines et une centrale téléphonique. L’ensemble était protégé par des portes hermétiques pour préserver le personnel des attaques au gaz. Compte tenu de son caractère stratégique, ce poste de commandement a été investi par les Allemands pendant l'Occupation dès 1940, en témoignent leurs pochoirs signalétiques sur les murs. Inaccessible au public, le bunker se visite parfois lors des Journées du Patrimoine.

Les stations de métro, refuges des Parisiens

Durant la Seconde Guerre mondiale, le métro a servi à la fois d’unique moyen de transport collectif et de refuge pour les Parisiens. La compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris, la CMP, a collaboré avec les autorités pour protéger son personnel et la population parisienne.
Abri défense passive métro pyrenees
La foule réfugiée dans le métro pendant une alerte. Station Pyrénées (19e), en avril 1944.
Crédit photo : Roger Viollet
En juin 1935, les autorités ont demandé à la CMP de construire dans une station un abri prototype étanche aux gaz. Deux abris anti-gaz sont ensuite construits dans les stations Place-des-Fêtes (19e) et Maison-Blanche (13e). Le tunnel se fermait par deux grandes portes métalliques et un poste de filtrage purifiait l’air extérieur.
En dehors des stations étanches au gaz, vingt-huit autres stations (principalement regroupées sur les lignes 7, 11 et 12) servaient de refuge. Le 26 avril, on a compté 475 863 personnes dans ces stations refuges, soit quasiment le double de leur capacité de 250 000.
abri de défense passive : métro Opéra 13/10/39
L'abri de défense passive du métro Opéra.
Crédit photo : RATP
Hormis son rôle d’abri, le métro continuait de rouler nuit et jour pour transporter les civils, et avait été maintenu en service pour aider à l’évacuation, notamment des enfants, vers la province, et à la mobilisation.

Sous la place Denfert-Rochereau, le poste de commandement des FFI

Pendant toute la durée de la guerre, une partie du personnel de la direction technique des eaux et de l’assainissement de Paris était installée au 9, rue Victor-Schœlcher, dans le 14e. Lors des alertes, ils descendaient dans l’abri où ils poursuivaient leur mission de surveillance des réseaux de distribution d’eau de la capitale, aussi bien pour l’approvisionnement en eau que pour la lutte contre les incendies. Sur les indications de M. Tavès, ingénieur et résistant depuis 1942, l’état-major (EMR) des FFI de la région parisienne, commandé par Henri Rol-Tanguy depuis juin 1944, s’installe rue Schœlcher au début de l’insurrection parisienne. Dans l’après-midi du 19 août, le poste de commandement du chef des FFI d’Île-de-France déménagea ainsi de la rue de Meaux (19e) pour le 14e.
Mais rapidement, les locaux étaient trop étroits, d’autant que la sécurité était incertaine car les Allemands occupaient un immeuble de la rue. Le lendemain, le 20 août, ils se déplacèrent à quelques pas pour occuper ce poste de commandement n°2 souterrain sous le square Froidevaux, place Denfert-Rochereau.
Dans un projet initial, ce site de carrières de 600 m2 , immergé à 20 mètres de profondeur, avait été imaginé pour accueillir jusqu'à 1200 personnes.
Le PC Rol-Tanguy est immergé à 20 mètres de profondeur.
Crédit photo : Jean-Baptiste Gurliat/Mairie de Paris
Pourtant connu des Allemands, qui n’imaginaient pas que c’était le repaire de Rol-Tanguy pendant l’insurrection, cet endroit disposait d’un standard relié au réseau téléphonique des égouts et donc peu susceptible d’être intercepté. De plus, la communication avec les carrières garantissait de nombreux accès autour de la place. Des pièces avaient été aménagées en dortoir, une autre en réfectoire, les équipements (sanitaires, réservoir d'eau potable, ventilation de l'air) permettaient d’y vivre.
De ce PC ont été donnés les ordres d’opérations de l’insurrection parisienne .
Crédit photo : Jean-Baptiste Gurliat/Mairie de Paris
Pendant cinq jours, c’est l’effervescence au sein de ce poste de commandement militaire. Le standard est relié en plus au réseau téléphonique du métro : le PC peut donc entrer en communication avec 250 postes dans Paris et la région parisienne, dont la préfecture. Une carte avec l’emplacement des PC et des barricades, des points tenus par les Allemands, des mouvements de chars était continuellement mis à jour.
Les agents de liaison allaient et venaient pour déposer leurs compte-rendus et chercher des directives. De ce PC ont été donnés les ordres d’opérations de l’insurrection parisienne décidée par le Comité parisien de la Libération et le Conseil national de la Résistance.
Le 24 août au soir, Rol-Tanguy est prévenu de l’arrivée des troupes françaises à l’Hôtel de Ville et s’y rend aussitôt.
Le 25 août, Paris est définitivement libérée.

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