La Crypte archéologique rouvre au public

Actualité

Mise à jour le 05/10/2021

Crypte archéologique de l’île de la Cité
Fermée après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, la Crypte archéologique de l’île de la Cité rouvre ses portes le 9 septembre, avec une exposition hommage retraçant l’histoire de Notre-Dame de Paris. Visite d'un lieu insolite et passionnant, témoin de 2000 ans d'histoire de la capitale.
Dissimulée au regard, accessible par une entrée discrète et un modeste escalier, la Crypte archéologique de l'Île de la Cité sommeille sous le parvis de Notre-Dame, où elle recèle des trésors qu'ignorent sans doute nombre de touristes absorbés par la façade de la cathédrale. Quelques pieds sous terre, on peut pourtant admirer les vestiges découverts lors des fouilles réalisées de 1965 à 1970, qui offrent un panorama unique de l’évolution urbaine et architecturale de l’Île, cœur historique de Paris. Tandis que nous vous présentons par ailleurs la superbe exposition qui inaugure cette réouverture, revenons sur l'histoire et l'identité de la Crypte.

Découverte et création de la Crypte

C'est en 1163 qu'est édifié le parvis de Notre-Dame avec la construction de la cathédrale, mais il n'est alors qu'une placette étroite sans aucun recul sur la façade (la place ne trouvera sa configuration actuelle qu'en 1877, au moment de la construction du nouvel Hôtel-Dieu). Au XXe siècle, l’automobile conquiert Paris et dans les années 1950-1960, ce sont près de 20 000 voitures qui transitent quotidiennement sur l’île de la Cité. En 1963 s'engage donc une réflexion sur la circulation à travers l'Île, et la création d'un parking souterrain, occasionnant des fouilles qui révèlent, dans un grand enchevêtrement de murs, des restes de multiples constructions datant des grandes périodes d’occupation de l’île.
Devant l’importance de ces découvertes, le projet de parking est poussé au sud du parvis, mais les opérations de fouille restent actives, là où le visiteur peut les voir aujourd’hui. En 1969, deux architectes, André Hermant et Jean-Pierre Jouve, sont choisis par le ministère des Affaires culturelles pour aménager le site archéologique et le protéger, mais ce n'est finalement qu'1980 qu'est inaugurée la première Crypte archéologique de France.

Visite de chantier

En découvrant les bâtiments qui se sont succédé sur le site, le visiteur remonte le fil du temps jusqu'à la fin de l'Antiquité, au IVe siècle, à l'époque de Lutèce, fondée à la fin de la conquête romaine. Après deux siècles de stabilité, l'empire menacé par les peuples dits « barbares » décide alors de doter l'Île de fortifications, et utilise monuments et édifices désaffectés comme matériaux de construction. C'est au sein de cette enceinte que s'établit alors l'armée et que l'Île devient le siège des pouvoirs.
Quai du port de l’antique Lutèce, établissement de bains publics gallo-romain, mur d’enceinte du début du IVe siècle… la somme des fouilles révèle, à travers les fondations et objets mis à jour et des objets, une riche histoire de l'occupation du site. Les différents espaces de la Crypte sont ainsi largement occupés par les vestiges des derniers thermes de Lutèce, en activité au début de Ve siècle sous le règne de l'empereur Arcadius. Ils sont alors fréquentés par une classe privilégiée, et nous montrent toute l'ingéniosité d'un système permettant de produire des températures de 30 à 50 degrés.
Le parcours recèle par ailleurs une salle étonnante, consacrée au monument qu'était le pilier des Nautes, bateliers de Paris, découvert au XVIIIe siècle sous Notre-Dame. Une restitution en 3D et une maquette de ce pilier permettent d’en mesurer le caractère exceptionnel. Dans cette salle où l'humidité se mêle à l'odeur de la pierre, une simulation représentant le quai de la Seine est projetée sur les blocs massifs des vestiges mis à nu, créant un choc culturel et temporel des plus saisissants.

Notre-Dame en majesté

En dehors de cette projection, le parcours égrène les tentatives de représentation moderne de Notre-Dame de Paris. Deux impressionnantes maquettes figurant à des dates-jalons l'architecture de la cathédrale, issues des collections du musée Carnavalet, sont ainsi exposées. La première, réalisée par le maquettiste Auguste Cardinal, montre la cathédrale dans son état de la fin du XVIIIe siècle : on reconnaît la flèche médiévale, celle qui fut démontée, menaçant de s’écrouler, en 1792. La galerie des Rois est ornée des statues qui furent abattues à la Révolution.
Crypte archéologique de l’île de la Cité
La seconde maquette représente la charpente de la flèche de la cathédrale édifiée en 1860. Elle est conforme aux plans de construction de son architecte, Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879). Autour de la structure en bois, une couverture et des ornements en cuivre et en plomb devaient la protéger pour lui donner son aspect définitif, faisant de cette réalisation un chef-d’œuvre technique et décoratif.
D'impressionnantes reconstitutions en 3D, tactiles et manipulable à loisir par le visiteur, actualisent et précisent encore les connaissances dont dispose la recherche sur les différents états de Notre-Dame au fil des siècles. Perdez-vous allègrement dans leurs détails méticuleux, avant de vous plonger dans la nouvelle exposition temporaire de la Crypte.