Hébergement d'urgence : comment la Ville de Paris s'engage

Actualité

Mise à jour le 06/05/2025

Des sans abris lors de la 8e édition de la Nuit de la Solidarité (Paris Centre)
Alors que 3 507 personnes sans solution d’hébergement ont été recensées lors de la Nuit de la Solidarité de janvier 2025, la Ville de Paris poursuit son engagement pour renforcer les dispositifs de mise à l'abri. Si cette mission relève en premier lieu de l’État, la capitale dépasse largement ses compétences pour répondre à l’urgence sociale.
Bien que la gestion de l’hébergement d’urgence relève principalement de l’État, la Ville de Paris, en tant que commune et département, s’engage activement dans des actions complémentaires.
En matière d’hébergement, la Ville de Paris joue un rôle crucial en soutenant la réhabilitation et la création de centres d’hébergement, en utilisant également son patrimoine en période hivernale. Par l’intermédiaire du Centre d’action sociale de la Ville de Paris (CASVP), elle gère des centres d’hébergement et de réinsertion sociale.
Paris finance notamment, au titre de l’Aide sociale à l’enfance, la « PCH ASE », un dispositif subsidiaire parisien relevant du cadre du règlement départemental des aides sociales. Ce dispositif permet d’héberger des familles avec enfants en grande détresse. Ces familles, logées à l’hôtel par le Samusocial de Paris, bénéficient d’un accompagnement social renforcé pour l’insertion dans le logement, l’emploi et l’accès aux droits et à la parentalité.
Paris s’engage également dans toutes les politiques publiques visant les personnes sans abri, dont les personnes migrantes, notamment des espaces solidarité insertion (ESI), des accueils de jour, l’aide alimentaire, les dispositifs d’insertion et la création de passerelles vers le logement classique.
L’unité d’assistance aux sans-abri de la Ville de Paris
En 2004, la Ville de Paris a mis en place une unité d’assistance aux personnes sans-abri composée aujourd’hui de 60 agents, dont 15 travailleurs sociaux, qui interviennent en particulier sur le domaine municipal (bois, espaces verts, quais, périphériques…) et auprès des publics les plus vulnérables (familles à la rue, consommateur de drogues…).

Lire notre reportage « Les policiers municipaux en soutien aux personnes sans-abri »

L’État, garant de la solidarité nationale en matière d’hébergement d’urgence

La Ville de Paris investit massivement dans la lutte contre l’exclusion et l’hébergement d’urgence, mais elle ne peut pas agir seule. L’augmentation constante du nombre de sans-abri et la saturation des dispositifs existants nécessitent un engagement renforcé de l’État, dont c’est la compétence, pour garantir une prise en charge digne et pérenne.Comme le prévoit l’article L.345-2-2 du Code de l’action sociale et des familles : « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d'hébergement d'urgence ».
L’État finance les structures d’hébergement et des dispositifs de réinsertion, avec l’appui de la Ville de Paris et du Conseil régional d’Île-de-France. En parallèle, les associations agissent également aux côtés des autorités publiques pour contribuer à la lutte contre l’exclusion.
En 2021, pour améliorer la prise en charge, l’État a instauré le Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation (SIAO) dans chaque département. Ce dispositif centralise les demandes et oriente les personnes sans abri vers des solutions adaptées. Malgré ces efforts, la saturation du 115 et le nombre croissant de sans-abri montrent les limites des ressources actuelles.

Le dispositif d’hébergement d’urgence à Paris en chiffres

  • En 2024, l’État finançait 46 000 places d’hébergement pour des publics parisiens
  • Ces places se situent dans des centres d’hébergement ou consistent en la réservation de nuitées hôtelières, et elles sont réparties dans toute l’Île-de-France
  • Plus de 25 000 de ces places sont situées sur le territoire parisien
Face aux vagues de froid, des solutions d’urgence sont déployées chaque hiver:
  • Plan d’Urgence Hivernal opéré par la Ville de Paris : 75 places supplémentaires ouvertes pour hommes isolées pendant la période hivernale
  • Plan Grand Froid financé par l’État : ouverture de places en cas de déclenchement, dont certaines dans des locaux mis à disposition par la Ville
  • Ouverture de gymnases lorsque des mises à l’abri sont nécessaires face à l’urgence
  • renfort de l’offre d’aide alimentaire (petits déjeuners, dîners)
La situation des familles à la rue
Malgré un nombre important de signalements et une saturation toujours très forte de l’hébergement, l’année 2024 a été marquée par une tension moins forte pour les familles grâce à l’ouverture de plusieurs SAS d’hébergement dans des anciennes écoles et crèches dans plusieurs arrondissements : 7e, 13e, 16e, 18e, 19e et 20e arrondissements.

Cette ouverture de 406 places par la Ville, sans aucun concours de l’État, a permis de surmonter la très grave crise du dernier trimestre 2023 lorsque plusieurs dizaines de familles avec enfants scolarisés avaient été mises à l’abri dans des préaux d’école (principalement le 18e) par la communauté scolaire.
La situation des jeunes à la rue
Depuis la fin de l’année 2023, la situation des jeunes s’est considérablement dégradée sur le territoire parisien. L’Etat a fait le choix de ne plus financer de places d’hébergement pour ce public et a fermé des dispositifs (CHU Emile Zola, dispositif Jeunes lycéens à la rue). Face à ce désengagement, la Ville de Paris a décidé d’agir, au-delà de ses compétences légales, en hébergeant près de 1200 jeunes au cours de l’année 2024. Ces jeunes ont été mis à l’abri dans des gymnases, hôtels, anciennes écoles ou crèches, dans des conditions très précaires.
Encore aujourd’hui, près de 300 jeunes sont toujours mis à l’abri et pris en charge par la Ville de Paris. Par un recours gracieux en date du 31 mars 2025, la Ville a demandé à l’État le remboursement des sommes dépensées pour ce public, soit 6,6 millions d’euros.

Le cadre d’intervention de la Ville dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers

La loi du 5 mars 2007 confie aux Départements la mission de protection de l’enfance, incluant la prise en charge des mineurs isolés étrangers. À Paris, leur nombre a explosé, passant de moins de 1 500 évaluations annuelles il y a dix ans à 10 000 aujourd’hui. Il convient par ailleurs de rappeler que les départements ne sont pas compétents pour la prise en charge des jeunes majeurs au-delà de 21 ans, cette obligation incombant à l’État.
Si les jeunes dont la minorité est reconnue sont pris en charge par la Ville au titre de la protection de l’enfance, ceux considérés comme majeurs, bien que vulnérables, se retrouvent souvent sans autres solutions d’hébergement que les aides indispensables mais ponctuelles et temporaires proposées par la Ville et ses partenaires alors qu’il s’agit d’une compétence de l'État.