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Cimetière du Père-Lachaise : plus de 200 ans d’histoire

Mise à jour le 21/06/2021
Mausolée d'Elisabeth Démidoff née Baronne de Strogonoff, décédée le 8 avril 1818
Dès son ouverture en 1804, le « cimetière de l’Est », tel qu’il se dénommait à l’origine, a été une destination de promenades des Parisiens, curieux de découvrir leur nouveau « champ de repos ». Les premiers guides qui lui sont consacrés, à partir de 1808, révèlent un véritable intérêt des Parisiens pour ce nouveau cimetière, alors hors les murs, à la fois lieu de recueillement et de balades bucoliques.
En dépit de ses évolutions, le Père-Lachaise conserve aujourd’hui, après deux siècles d’exploitation funéraire, une image assez fidèle aux intentions d’origine : beauté d’un parc aux allées majestueuses, caractère boisé et ombragé, richesse des points de vue, ambiance pittoresque liée à la disposition des monuments dans une nature omniprésente.

De la colline Mont-Louis au cimetière de l’Est

Le succès du cimetière du Père-Lachaise est avant tout lié à la qualité de son site, modelé par ses usages successifs. En 1626, les jésuites ont acquis sur ce flanc de la colline de Charonne une propriété pour installer leur maison de repos. Magnifiquement situé, le domaine est facilement accessible depuis leur maison professe et l’église Saint-Louis, rue Saint-Antoine. Dès lors, le lieu prend le nom de « Mont-Louis ».
Le père jésuite François de La Chaise d’Aix (1624-1709), confesseur de Louis XIV, y séjourne volontiers et contribue, grâce aux libéralités du roi, à l'embellissement et à l'agrandissement du domaine auquel son nom reste désormais attaché.
Après l’expulsion des jésuites en 1762, le domaine, plusieurs fois vendu, perd ses parterres à la française et son potager, mais conserve des terrains cultivés et un aspect boisé. En prévision du Décret impérial sur les sépultures du 12 juin 1804, le préfet de la Seine, Nicolas Frochot, acquiert le 10 janvier 1804 cette grande propriété rurale restée d’un seul tenant, pour y établir le premier des trois grands cimetières qu’il prévoit d’établir aux portes de Paris.
Ils deviendront le cimetière de l’Est ou du Père-Lachaise (1804), le cimetière du Sud ou du Montparnasse (1824), et le cimetière du Nord ou Montmartre (1825).
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L’œuvre de l’architecte Brongniart

À partir de ce site exceptionnel, Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813), l’architecte de la Bourse, est chargé de concevoir un lieu portant à l’édification morale, loin de l’indécence des anciens cimetières. Homme du XVIIIe siècle, sensible à l’art des jardins, il a déjà installé des tombeaux dans la nature, comme au parc de Maupertuis.
Au Père-Lachaise, il s’appuie sur les éléments structurants préexistants pour composer le cimetière : les allées plantées sont doublées pour permettre le cheminement des convois, les carrefours des chemins, ponctués de mausolées, et les bosquets subsistants forment l’écrin naturel des premiers tombeaux. Enfin, au sommet de la colline, la terrasse de l’ancien château offre un point culminant où Brongniart pense ériger une grande pyramide, fermant la perspective d’une entrée à créer vers Paris. La chapelle du cimetière y sera implantée sous la Restauration, dans l’axe du nouvel hémicycle d’entrée (1820-1824). Cette idée reste cependant à l'état de projet.
Au cours du XIXe siècle, les tracés de Brongniart sont conservés et prolongés, mais l’engouement pour les concessions perpétuelles, avec la multiplication de tombeaux et chapelles, conduit l’administration à rechercher de nouveaux terrains, par agrandissements successifs ou par suppression du tissu végétal, contribuant à une forte densification du cimetière.
Testard. "Vue du cimetière du Père-Lachaise en 1837 (l'arrivée d'un enterrement)". Dessin. Paris, musée Carnavalet.
Vue du cimetière du Père-Lachaise, 1837
Crédit photo : Musée Carnavalet / Roger-Viollet
En 1850, la dernière extension (17 ha) sur le plateau de Charonne change définitivement la physionomie d’ensemble du Père-Lachaise qui s’articule désormais en deux zones distinctes : au flanc de la colline, l’ancien cimetière-jardin aux allées sinueuses, d’esprit romantique ; sur le plateau, un espace d’inhumation rationnelle, semblable à une trame urbaine, avec ses pavés, trottoirs, bancs et fontaines.

L’engouement à partir des années 1825-1830

Si, durant les premières années du Père-Lachaise, l’essentiel des inhumations est encore réalisé en fosses communes, les années 1825-1830 marquent un nouvel engouement pour les concessions perpétuelles, témoignant d’un profond changement des mentalités. Fonder une sépulture familiale et honorer ses morts, si possible aux côtés des personnages illustres, devient pour nombre de familles bourgeoises une priorité. Le développement de ce véritable « culte des morts » contribue à créer un nouveau paysage funéraire, formé d’alignements serrés de tombeaux et de chapelles, le long des allées du cimetière.
Au Père-Lachaise, la venue de l’élite politique, militaire, scientifique et artistique renforce ces nouvelles fonctions du cimetière : honorer les grands hommes, perpétuer la mémoire, apaiser les douleurs d’une mort encore omniprésente.
De 1813 à 1814, le Père-Lachaise accueille les sépultures d’une centaine de personnalités issues du monde des arts et des lettres, comme Grétry ou Delille, gloires de l’époque. À proximité de la stèle du Dragon (1809), jeune victime de l’épopée napoléonienne, se regroupent les grandes figures de l’Empire, formant le « carré des Maréchaux ».
Sous la Restauration, la restitution du Panthéon au culte catholique attire au Père-Lachaise d’autres « Grands Hommes ». Certains enterrements provoquent alors d’amples manifestations, tel celui du général Foy (1825), mobilisant des milliers d’opposants au régime, ou celui de Balzac (1850), suscitant l’hommage du peuple parisien.

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