Quand elles entrent dans une classe pour rencontrer les enfants, Noémie Varon, réalisatrice de dessins animés, et Florie Bresteaux, doctorante en sciences sociales, enfilent leurs salopettes bleu et jaune et chaussettes multicolores et deviennent Nono et Flo, les Réal des Mêmes. Leur mission ? Sensibiliser les jeunes à la différence, notamment au handicap.

À ce jour, elles sont allées à la rencontre de plus de 2 000 élèves en Île-de-France et en Normandie. Lors de la Semaine olympique et paralympique, elles vont proposer, dans le cadre des Jeux sportifs scolaires, des ateliers avec des enfants de CM1 dans un gymnase du 19^e arrondissement.

C’est en 2020, après le confinement, que les deux amies originaires de l’Orne entendent parler de l’appel à projets « Talents 2024 » organisé par la Ville de Paris et Paris 2024, en amont des Jeux olympiques et paralympiques. L’objectif est de soutenir les initiatives des jeunes Franciliens autour des thématiques de l’inclusion, de la solidarité ou de l’écocitoyenneté.

Les projets sélectionnés doivent faire écho aux valeurs de l'olympisme (excellence, amitié et respect), et aux objectifs de l’agenda olympique (sobriété, engagement numérique, développement durable, non‑discrimination, soutien aux réfugiés et aux populations déplacées). Les lauréats bénéficient d’un accompagnement sur mesure de 6 mois et d’une aide financière.

Si elles ont envie de travailler ensemble et d’unir leurs talents pour se sentir utiles, Florie et Noémie n’en sont alors qu’aux prémices de leur projet. Florie a été sensibilisée au handicap à l’adolescence, alors qu’elle est sélectionnée pour être ambassadrice « Handicap et École Inclusive Solida’Rio » pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2016. À Rio de Janeiro, pendant quinze jours, elle vit une expérience inclusive incroyable, qui lui donne envie de trouver un métier en lien avec le handicap. Elle embarque Noémie dans l’aventure, et toutes deux postulent à l’édition 2021 de Talents 2024.

« On s’est dit qu’on pouvait lier la recherche sur l’inclusion et les dessins animés, en proposant une série d'animation et de stop motion pour promouvoir une société plus inclusive dès l'école », précisent-elles. Sélectionnées parmi les 230 candidats de l’édition 2021 de Talents 2024, elles font rapidement partie des 24 finalistes coachées pour perfectionner leur projet, pour finalement remporter le 3^e Prix.

« C’est grâce à cet accompagnement qu’on a pu peaufiner notre idée de départ et développer notre association », expliquent les jeunes femmes aujourd’hui âgées de 23 ans. Elle s’appellera Réal des Mêmes – « Réal pour Réalisatrices et Mêmes parce qu’on a tous et toutes la différence pour point commun ». Au final, le projet prend une autre dimension : il va s’agir de changer le regard sur la différence en promouvant une société inclusive à travers une série en cinéma d'animation, des ateliers de sensibilisation coconstruits avec la communauté éducative et des médias décalés.

Nono et Flo sortent de leur laboratoire de dessins animés pour combattre leur ennemi juré, le voleur de la différence ! L’expérience est ludique et décalée. Toutes les classes de la maternelle à la 3^e peuvent être concernées par les interventions des Réal des Mêmes. « Ce n’est pas qu’un savoir que l’on délivre, c’est un atelier qui permet de faire participer les enfants de A à Z, détaille Florie Bresteaux. En fait, on part toujours d’une situation concrète au sein de la classe : harcèlement, grossophobie, racisme, discriminations autour du handicap… Les élèves partent toujours avec des peurs, des méconnaissances ou des curiosités taboues. On ouvre le débat avant d’élargir à toute la société. »
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Elle poursuit : « On leur montre des images positives, des vidéos comme le court-métrage d’animation Je suis dyslexique ou le clip Yes I can qui mettent en scène des personnes qui font de leur différence une force. Cela marque les élèves et permet d’alimenter des discussions – le but est qu’ils soient le plus possible dans l’action et la participation. Nono et Flo peuvent enfin organiser des jeux de rôle en extérieur, des initiations au handisport… Mais l’objectif final – outre de changer leur regard sur la différence – est que chaque classe participe à l’élaboration d’un grand dessin animé coopératif réalisé à partir de toutes les idées collectées. »

Cette série en cinéma d’animation qui mettra en scène une bande d’élèves qui se battent pour la différence est actuellement en phase de préproduction : scénario, recherche de personnages et de décors. Pour cela, les Réal des Mêmes bénéficient d’un mentorat de l’association Les Femmes s’animent qui défend l’égalité des chances dans le secteur de l’animation.

Nono et Flo sont déjà intervenues dans une douzaine d’établissements, soit pour des projets tout au long de l’année scolaire en lien avec les enseignants, soit pour des actions plus ponctuelles. « On est vraiment satisfaites des avancées, se réjouit Florie Bresteaux. Bien sûr, cela dépend des situations et des classes. Certaines partent avec plus de stéréotypes ou de scepticisme que d’autres. En tout cas, je pense qu’on arrive toujours au moins à ce que les enfants se sentent concernés et sachent que leur regard compte. »

Depuis qu’elles ont été lauréates de Talents 2024 en 2021, les deux jeunes femmes n’ont pas été oubliées par la Ville. Leur association va être portée jusqu’aux Jeux de Paris et sera mise en valeur à chaque étape. « On est en train de réfléchir avec la direction de la Jeunesse et des Sports à notre implication pendant les Jeux olympiques et paralympiques, mais ce n’est pas encore calé », explique Noémie Varon.

En attendant, elles ont été sollicitées pour animer des ateliers durant toute la Semaine olympique et paralympique dans le cadre des Jeux sportifs scolaires. « Nous allons proposer des mini-ateliers Réal des Mêmes à des enfants de CM1 du 19^e arrondissement. On a préparé un Escape Game sur le thème de l’inclusion. Les apprentis Réal des Mêmes auront trente minutes et pas une de plus pour sauver notre personnage, Sasha, une jeune athlète paralympique qui s’est enfermée dans le vestiaire et veut renoncer à la finale des Jeux à cause des discriminations qu’elle a subies sur les réseaux sociaux. On a hâte ! »