Le saviez-vous ?

Les kiosques à journaux, une page d'histoire parisienne

Mise à jour le 06/01/2021
Kiosque à journaux, boulevard Bonne- Nouvelle. Paris (IIème arr.), 1942.
Des premières "nouvelles à la main" à la pie vénitienne, de la Révolution française à la République du Croissant, jusqu'à la rénovation des emblématiques kiosques parisiens en 2018, l'histoire de la presse parisienne se conjugue à tous les temps dans les rues de la capitale. Et fourmille d'anecdotes étonnantes. Et vous, le saviez-vous ?

Les premiers journaux étaient écrits à la main

Du XVIe au XVIIIe siècle, une partie de l'information écrite est manuscrite. Ces journaux, appelés « nouvelles à la main », apparaissent dès le XVIe à Venise , en Allemagne, en Angleterre et en France. Débats esthétiques, littéraires ou religieux, questions diplomatiques, procès célèbres, carnets mondains ou actualité politique nationale sont autant de sujets abordés. Tolérées ou interdites, ces publications sont la plupart du temps clandestines, élaborées dans des ateliers de copistes. D'une grande liberté de ton, certaines s’apparentent à des satires. Après l’apparition des journaux imprimés, elles perdurent quelques années en déjouant la censure.
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Théophraste Renaudot, médecin du roi, crée le premier périodique imprimé

En France, "La Gazette" fut le premier grand périodique. C'est Théophraste Renaudot (né en 1586 à Loudun et mort le 25 octobre 1653 à Paris), médecin du roi, qui obtient le monopole de la presse et l'autorisation d'éditer son journal. Sous l'Ancien Régime, faire paraître un journal impliquait d'avoir obtenu un privilège et une autorisation préalable. Le premier numéro de" La Gazette" paraît le vendredi 30 mai 1631. C’est un hebdomadaire de quatre pages in-quarto (15,3 cm de large sur 23,3 cm de hauteur). Les nouvelles y sont classées par date et lieu d’origine de l’information, mentionnés dans la marge.
Statue de Théophraste Renaudot par Alfred Boucher (1893), refondue en 1942.
Statue de Théophraste Renaudot par Alfred Boucher, inaugurée le 3 juin 1893, rue de Lutèce. Elle fut fondue en 1942.
Crédit photo : Banque d'images de la Bibliothèque interuniversitaire de santé
Théophraste Renaudot inventa également un « bureau d’adresses » avec un journal de petites annonces d'offres et demandes d’emplois, de vente, de location ou de service. Son bureau était installé dans l’île de la Cité, dans la maison du Grand Coq, située rue de la Calandre, à l'emplacement de l'actuel bâtiment de la préfecture de police. Il y installa aussi un dispensaire, payant pour les aisés et gratuit pour les pauvres. Puis il ouvrit un mont-de-piété. En outre, il a donné son nom au prix Renaudot, décerné chaque année en même temps que le prix Goncourt.

"La gazette" tire son nom d'une pie

Kiosque à journaux dans les années 1920
Vendeuse de journaux dans les années 1920
Crédit photo : © Roger-Viollet
"La gazette" est un périodique imprimé consacré aux faits de société et aux actualités. Son nom nous vient de l'italien gazzetta, une petite monnaie de Venise qui représentait une pie (gaza). Elle correspondait au prix d'un journal.

La Révolution française libère la presse… ou presque

Au XVIIe siècle, diverses séries de publications imprimées, plus ou moins régulières, hebdomadaires ou bimensuelles, apparaissent un peu partout en Europe. Du fait du contrôle que le pouvoir exerce, ces publications traitent surtout de politique extérieure et de guerres… Ce contrôle est mis à mal au siècle suivant par la Révolution française. L'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 dispose que « tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement ». Cependant, la liberté de la presse n'est pas pour autant acquise. Elle sera à nouveau remise en cause lors de l'arrivée au pouvoir de Napoléon Ier. Il faudra attendre la loi du 29 juillet 1881, qui fait toujours référence aujourd'hui, pour que la liberté de la presse soit vraiment consacrée par les pouvoirs publics.

Les journaux étaient souvent vendus près des tavernes

Les premières gazettes sont vendues par des colporteurs, installés près des grands jardins et des axes les plus passants, notamment à proximité des tavernes. D'abord vendus fixés à un mât ou présentés dans une boîte, les journaux, en se multipliant, donnent progressivement lieu à l'installation de tréteaux dans les rues.

Le premier kiosque à journaux a illuminé les Grands Boulevards

Au XIXe siècle, les pouvoirs publics structurent et modernisent la diffusion des journaux. Sous l'autorité du baron Haussmann, le premier kiosque à journaux est inauguré en 1857 sur les Grands Boulevards. Le 15 août 1857, l’architecte Gabriel Davioud, à qui l'on doit notamment le Théâtre du Châtelet et la fontaine Saint-Michel, implante son premier pavillon pour vendre les journaux. À l’époque, ces kiosques sont réservés aux ‬veuves ‬de‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬ militaires ‬‬et ‭‬de ‬fonctionnaires ‬‬pour ‬qu’elles ‭‬puissent ‭‬toucher ‬un petit ‬revenu.‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬ Bonus notable : les nouveaux kiosques, dotés d’un système lumineux, éclairent la voie publique. Dans les deux années qui suivent, 60 autres kiosques verront le jour.
Kiosque à journaux octogonal, modèle 1859, face au 56 rue de Rome, à l'angle de la rue de Constantinople.
Kiosque à journaux octogonal, modèle 1859, face au 56 rue de Rome, à l'angle de la rue de Constantinople.
Crédit photo : Bibliothèque historique de la Ville de Paris

"La République du Croissant", quand tout un quartier était dévolu à la presse

Au XIXe siècle, un quartier du 2e arrondissement, "la République du Croissant", rassemble des grandes entreprises de presse, la plupart des imprimeries et des salles de rédaction. Situé entre Réaumur et Opéra, son centre se trouve à l'intersection entre la rue du Croissant et la rue Montmartre.
Cérémonie commémorant le 10ème anniversaire de l'assassinat de J. Jaurès, devant le Café du Croissant
Cérémonie commémorant le 10ème anniversaire de l'assassinat de J. Jaurès, devant le Café du Croissant
Crédit photo : © Maurice-Louis Branger / Roger-Viollet
S'y situe aussi le café restaurant du Croissant, où, le 31 juillet 1914, est assassiné Jean Jaurès, fondateur et directeur de L'Humanité, comme le raconte ici la Dépèche.fr. Le café, devenu Taverne du croissant, existe toujours ; une plaque à la mémoire de Jaurès y est apposée.

Les kiosques à journaux sont propriété de la Ville de Paris depuis 1874

Les premiers kiosques sont remplacés, dès 1859, par un nouveau modèle en chêne, de forme octogonale, muni d'un dôme en zinc surmonté d'une flèche. Jusqu'alors propriété de sociétés privées, les kiosques sont rétrocédés à la Ville de Paris en 1874 dans le cadre d'une concession. A la fin des années 1880, on compte 340 kiosques parisiens.
Kiosque à journaux, près de la gare Saint-Lazare. Paris (VIIIème arr.), 1899.
Kiosque à journaux, près de la gare Saint-Lazare. Paris (VIIIème arr.), 1899.
Crédit photo : © Jacques Boyer/Roger-Viollet

Un support publicitaire dès le début du XXe siècle

Le 1er janvier 1900, la société gérée par les époux Rénier se voit concéder l'exploitation des 350 kiosques à Paris, pour une durée de 15 ans (renouvelée à plusieurs reprises jusqu'en 1947). En 1911, cette société prend la dénomination AAP (Administration d'Affichage et de Publicité), qu'elle conservera jusqu’en 2009. Dès lors, l’AAP développe, sur les faces des kiosques, un réseau d'affichage lumineux, très apprécié des annonceurs parmi lesquels figurent les plus grandes marques de l'époque.
Kiosque à journaux. Paris, années 1950.
Kiosque à journaux. Paris, années 1950.
Crédit photo : © Collection Roger-Viollet/Roger-Viollet

En 1914, la presse française était la plus lue au monde

Les premiers grands reporters se nomment alors Pierre Giffard, Jules Huret ou Gaston Leroux. Quatre grands quotidiens parisiens dominent le marché : Le Matin, Le Petit Parisien d'Albert Londres et Jean Dupuy, Le Petit Journal et Le Journal.

En 1948, les maisons d'édition entrent dans la partie

En 1948, la librairie Hachette rachète l’AAP, puis les NMPP ( entreprise devenue Presstalis, puis France Messagerie après la faillite de Presstalis en 2020) et Transports Presse font ensuite leur entrée, marquant ainsi l'intérêt des éditeurs, via leurs coopératives, pour une entreprise essentielle à la pérennité et au développement du réseau des kiosques en France.
Marchande de journaux.Place de l'Etoile, mars 1954.
Marchande de journaux.Place de l'Etoile, mars 1954.
Crédit photo : © Collection Roger-Viollet/Roger-Viollet

Depuis 2011, les kiosquiers sont autorisés à élargir leur activité

En 2009, L’AAP change de nom et devient MédiaKiosk. En 2011, JCDecaux en devient l’actionnaire majoritaire. La même année, pour aider les kiosquiers en pleine crise, la Ville de Paris décide de leur faire grâce de la redevance dont ils s'acquittaient jusque-là et autorise l’élargissement de leur activité. Ils ont désormais l’autorisation de vendre des souvenirs, des boissons, des titres de transport, et même des parapluies.
Avenue des Champs-Elysées. Kiosque à journaux. Décembre 1999.
Avenue des Champs-Elysées. Kiosque à journaux. Décembre 1999.
Crédit photo : Roger-Viollet

Aujourd'hui, l'histoire des kiosques continue de s'écrire

En 2016, MédiaKiosk remporte pour 15 ans le marché des kiosques parisiens et la gestion des relations avec les kiosquiers, à la suite d'un appel d’offres lancé par la Ville de Paris.
Prototype nouveaux kiosques parisiens
Entre 2018 et mi 2019, 360 kiosques sont changés. Ces travaux représentent un budget de 52 millions d'euros, un investissement de MédiaKiosk.
Crédit photo : François Grunberg / Ville de Paris
En 2018, le changement des kiosques parisiens fait couler beaucoup d'encre, mais le but est bien de relancer les ventes de la presse. Les nouveaux kiosques sont plus spacieux, ce qui permet aux clients de consulter les revues à l'intérieur, à l'abri. D'ailleurs, sur le kiosque prototype à Alesia (14e), les ventes ont progressé de 10%. Un peu plus de confort est aussi offert aux kiosquiers.
Les kiosquiers sont aujourd'hui 360 à exercer, alors que leur nombre était tombé à 266 en 2004.

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