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« La Fabrique de l'époque », une nouvelle vie pour la Gaîté Lyrique

Mise à jour le 22/05/2023
Gaîté lyrique 3bis Rue Papin (3e)
Pluridisciplinaire, défricheur, solidaire, accessible, populaire… autant d’adjectifs qui qualifient la nouvelle ère de la Gaîté Lyrique. Un lieu ouvert au cœur de Paris, porté par un groupement de cinq structures, et désormais surnommé la « Fabrique de l’époque ». Rencontre avec Vincent Cavaroc, son nouveau directeur artistique.
La Gaîté Lyrique ouvre un nouveau chapitre de son histoire rue Papin (3e). Après cinq mois de fermeture et une identité repensée, le lieu a rouvert le 12 mai dernier, avec un projet porté par une alliance inédite de cinq structures associées : l’association culturelle Arty Farty, l’ONG SINGA, le média ARTE, l’association de mobilisation makesense, et la maison d’édition Actes Sud, chargées d’éditorialiser le lieu.
On s’y retrouve désormais sur 10 000 mètres carrés pour partager un verre, un repas, une conférence, un concert, un espace de travail, mais aussi pour regarder un film, écouter un podcast, jouer à un jeu ou vivre une expérience sociale ou immersive.

Rencontre avec Vincent Cavaroc, nouveau directeur artistique

« La façade du 3 bis, rue Papin peut être impressionnante. Notre objectif est que les Franciliens n’aient plus peur de franchir la porte de cet ancien théâtre lyrique », commente Vincent Cavaroc, le nouveau directeur artistique de la Gaité lyrique, que nous avons rencontré pour nous parler de la « Fabrique de l’époque ».

Qu’est-ce que « La Fabrique de l’époque » ?

Vincent Cavaroc : Après sa réhabilitation en 2011 par l’architecte Manuelle Gautrand, l’ancien théâtre de la Gaîté Lyrique est devenu le temple des cultures numériques. Cinq ans plus tard, l’équipe artistique de Jos Auzende l’a réorienté autour du crédo « Musiques et futurs alternatifs ». Aujourd’hui, la Ville de Paris a octroyé la concession pour cinq ans à la nouvelle équipe dirigée par Juliette Donadieu. Celle-ci prend un nouveau virage avec deux maîtres-mots que sont création et engagement.
Dans une époque où l'on fait face à l’urgence climatique, sociale, sociétale et au cours de laquelle le domaine culturel se transforme avec l’émergence des tiers-lieux et des formes très ouvertes, il était important d’en faire un espace de rencontres entre visiteurs, artistes, penseurs, entrepreneurs, acteurs de la solidarité, étudiants, habitants du quartier… C’est pourquoi nous l’avons appelé « La Fabrique de l’époque ». Dans cette nouvelle ère, le numérique ne sera pas absent, mais ce sera une composante de l’époque parmi d’autres disciplines.

Quelles sont les principales nouveautés ?

Pour répondre aux attentes et besoins des différents publics, la Gaîté Lyrique étend considérablement ses horaires d’ouverture et son rythme à l’année. La Fabrique de l’époque sera ouverte 48 semaines par an, de 9 h à 23 h, du mardi au vendredi, et de 11 h à 19 h le week-end – et plus encore lors des concerts et festivals. Ces horaires sont élargis pour créer de nouveaux réflexes. La Gaîté Lyrique doit être un lieu où on va même sans trop savoir pourquoi, car on sait qu’il y aura toujours quelque chose qui s’y passe. Par exemple, tous les jours à 19 h, on va proposer un « prime time culturel » gratuit : des projections, des rencontres… La plupart de ces propositions seront streamées ou reprises par ARTE. S'il y aura des expos et des concerts payants, le parti pris est d'offrir un parcours libre et gratuit.

En faire un lieu où on va, même sans trop savoir pourquoi, car il y a toujours quelque chose qui s’y passe.

Vincent Cavaroc
directeur artistiQue de la gaîté lyrique
Nous ouvrons également une dimension solidaire, avec distribution de colis alimentaires ou de vêtements et des petits-déjeuners pour les plus précaires. Notre idée est de proposer à chaque public qui entre une expérience artistique ou culturelle.
Pour inciter les néophytes à y pénétrer, à ne pas se sentir intimidé, l'un des premiers aménagements que l'on a faits est d'enlever la borne d’accueil dans l'entrée pour y installer un bar. Dès le 7 juillet et pour un mois, nous allons proposer une programmation uniquement en extérieur. On a la chance d’avoir un beau parvis et de faire face au square Emile Chautemps, où nous allons nous déployer. L'extérieur va devenir notre porte d'entrée.
Une salle de concert unique
La création, et notamment la musique, est au cœur du projet de La Fabrique de l'époque. Elle infusera tous les formats, espaces et programmes du lieu : du repérage de talents à l’incubation, de la fabrication au partage et à la diffusion. Dans sa salle de concert, la Gaîté Lyrique se fixe l’objectif d’accueillir 120 spectacles par an dans des esthétiques qui iront du rap à l’électro, en passant par la pop indépendante.

Au programme des prochaines semaines, un concert de Sublime, le nouveau label rap de Disiz, Michelle Gurevich, Spiritualized… « Avec 760 places debout (300 assises ou 450 en mi-assis mi-debout), cette salle n’est pas destinée à accueillir des mégas-stars, mais à permettre à des professionnels confirmés de faire une étape dans un lieu à l’acoustique exceptionnelle et doté d’écrans à 360°. Ils pourront y créer des scénographies visuelles impressionnantes et immerger les spectateurs dans leur univers. Des conditions de rêve ! », précise Vincent Cavaroc.

Des artistes pourront expérimenter comme cela a été le cas avec le groupe Phoenix, qui a fait de la Gaîté Lyrique sa seconde maison en écrivant son album Ti Amo dans ses studios en 2017 et en y proposant une série de concerts « son et image ».
L’agenda des concerts

Quels seront les temps forts des prochains mois ?

Il faut garder en tête que nous sommes en mode work in progress, c‘est même notre baseline. C’est–à-dire que l’on a ouvert, mais sans être vraiment prêts ! On va solliciter le public pour faire évoluer le projet, connaître sa vision de l’époque et produire ensemble la programmation. Mon travail de directeur artistique est de coordonner cette écriture chorale.
La programmation annuelle sera découpée en trois saisons de quatre mois. Chaque saison sera marquée par une thématique. En ne s’inscrivant pas dans le rythme habituel des institutions culturelles, qui pensent leurs programmations plusieurs mois ou années à l’avance, cette saisonnalité veut faire sentir l’urgence actuelle, notamment climatique.
La première séquence de la programmation, de mai à juillet 2023, est une phase de déploiement et d’expérimentation, durant laquelle certains aménagements du lieu se poursuivent. L’expo photo phare est celle de WomenMatter : trente photographes femmes y proposent leur vision du rapport de la femme au travail, à la création, à la guerre, à la migration…
Exposition WomenMatter. Iran. 2011. Projet Listen. La photographe Newsha Tavakolian a réalisé des pochettes d'album imaginaires pour des chanteuses avec sa propre interprétation de la société iranienne.
Crédit photo : Newsha Tavakolian
De septembre à décembre 2023, la thématique sera l’Afrique. Chaque semaine, on donnera carte blanche à une artiste ou une activiste afrodescendante. Le compositeur Christophe Chassol aura aussi sa carte blanche, qui va se décliner sous forme d’expo, de concert, de projection. Début 2024, le thème sera l’Europe. Les artistes questionneront nos frontières européennes à l’heure du conflit ukrainien.

Parlez-nous de la place des cinq structures gouvernantes…

La Fabrique de l'époque, c'est un « joli attelage » d'acteurs du social, des médias, de l’édition, qui avaient envie de se rencontrer et de travailler ensemble en sortant de leur zone de confort. La gouvernance est transparente et paritaire.
Il y a SINGA, une association qui agit en faveur de l’accueil des réfugiés en France. Avec cette ONG, on va repenser la notion d’inclusion. makesense associe tous les acteurs de la société pour faire de la transition écologique et solidaire une réalité. Arty Farty est à l’origine du festival Nuits sonores à Lyon et nous donnera accès à une myriade d’artistes européens. L’éditeur Actes Sud a développé une politique éditoriale engagée mettant au cœur de ses préoccupations la diffusion du savoir et son accessibilité au plus grand nombre. Quant à ARTE, c'est un média européen contemporain qui vit au plus près de ses communautés et s'enrichit de cet échange.
Ce qui a attiré ces structures vers la Gaîté Lyrique, c’est que c’est une boîte à outils incroyable. À la différence d’une télé ou d'un livre, dans ce lieu physique, la rencontre avec le public est directe. Et, au-delà de ce qu’on va proposer au public sur quatre étages - des salles d’exposition, un studio de podcasts, des salles immersives, un foyer historique pour bruncher le dimanche matin… -, il y a aussi ce qu’il ne voit pas : des lieux de résidence qui permettent tous types d’expressions, des studios de tournage, un incubateur… dont chaque partenaire pourra se saisir pour développer un récit à plusieurs voix.
Plus d'infos sur www.gaite-lyrique.net

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