Rencontre

Jean-Baptiste Gaupillat, facteur d’orgues : « Une restauration peut durer jusqu'à 36 mois ! »

Mise à jour le 24/03/2023
Portrait de Jean-Baptiste Gaupillat, facteur d'orgue
Paris est propriétaire du plus grand ensemble d'orgues au monde : 126 orgues animent ses églises, ses temples et ses conservatoires. Chaque année, un budget d'environ 300 000 € est alloué à leur entretien. Nous avons rencontré Jean-Baptiste Gaupillat, un facteur d'orgues lorrain qui nous explique son métier si particulier.

Comment êtes-vous devenu facteur d’orgues ?

Je suis entré dans le métier à 17 ans comme apprenti, cela va faire 36 ans cette année. Lorsque j’étais au collège, en 5e, je prenais des cours d’orgue sur un instrument en mauvais état. J’ai voulu comprendre ce qui n’allait pas, alors j’ai essayé de le dépanner. Ma vocation était née. Aujourd’hui artisan, je travaille principalement dans le Grand Est, à Paris ou en Belgique.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier ?

J’aime la diversité de ce travail, l’alliance entre la technicité et le travail manuel qui nécessite une bonne culture de l’histoire, de la musique et des styles. On n’arrête jamais d’apprendre ! J’apprécie la recherche des techniques anciennes que l’on se doit de reconstituer lors de travaux sur des orgues historiques. Même s’il y a beaucoup de déplacements et qu’il n’est pas toujours facile de quitter sa famille et sa maison, cela permet de voir du pays.

Il faut compter 18 mois pour restaurer un orgue.

Jean-Baptiste Gaupillat
facteur d’orgues
En revanche, les déplacements et le travail dans des églises froides et poussiéreuses, ça n’est pas toujours drôle. On a aussi souvent affaire à des pigeons coincés dans les tuyaux, incapables d’en sortir vivants. Les volatiles rentrent dans les églises, mais ils ne savent pas en ressortir… Ils paniquent, cherchent à s’élever, mais ils se fatiguent et finissent par tomber dans les tuyaux des orgues…
Jean-Baptiste Gaupillat, facteur d'orgue, et ses deux salariées Iulia et Améa
Jean-Baptiste Gaupillat, facteur d'orgues, et ses deux salariées Iulia et Améa
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris

Sur quelles orgues parisiennes avez-vous travaillé ?

J’ai commencé avec l’orgue de Saint-Philippe-du-Roule (8e) qui est un lieu exceptionnel par ses dimensions. Il a fallu faire intervenir un poids lourd pour transporter des tuyaux qui pesaient jusqu’à 120 kilos et mesuraient 7 mètres de haut. J’ai poursuivi avec des travaux conservatoires et de réparation sur l’orgue historique de Saint-Germain-L’auxerrois (Paris Centre).
Actuellement, je travaille sur l’orgue de Saint-Jean-Baptiste de Belleville (19e), un orgue construit par Cavaillé-Coll. Dans les années 1950, il a été profondément altéré. Aujourd’hui, il s’agit de rendre l’ensemble de l’orgue plus homogène et fiable. Nous allons aussi renouveler la console pour offrir des possibilités techniques qui faciliteront le travail de l’organiste.
En général, il faut compter 18 mois pour restaurer un orgue. Mais en ce moment, cela a tendance à durer plus longtemps car il est difficile de recruter. Si les orgues sont particulièrement imposantes, cela peut durer entre 24 et 36 mois !
L'orgue de tribune de l'église Saint-Philippe-du-Roule (8e)
L'orgue de tribune de l'église Saint-Philippe-du-Roule (8e)
Crédit photo : Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Comment devenir facteur d’orgues ?
Une formation de trois ans permet d'apprendre les bases du métier. Elle peut être prolongée de deux ans par une spécialisation sur les tuyaux. Pour la rejoindre, l’apprenti doit d’abord trouver une entreprise qui accepte de le former, puis s’inscrire au Centre de formation des apprentis (CFA) d’Eschau, au sud de Strasbourg. Après quelques décennies de métier, certains artisans se voient décerner le diplôme de « Maître artisan en métier d’arts ». De même, des entreprises obtiennent le label d’État « EPV » (Entreprise du patrimoine vivant).

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