Pour éviter la propagation du virus, les visites des familles auprès des résidents en Ehpad ont été suspendues. « Il n’y a plus de repas pris dans les parties communes, précise Claire. La charge de travail des aides-soignants a augmenté car ils doivent préparer et servir les déjeuners et dîners dans les chambres. »
Ses missions ?
« J’aide lors de la distribution des repas. Mais je suis essentiellement chargée avec d’autres volontaires d'occuper les personnes âgées dans leur chambre. On discute, on joue ensemble, je peux organiser des appels vidéo avec leur famille… » Masques et gants stériles lui ont été fournis pour assurer ses activités en toute sécurité dans la structure. Auprès des résidents âgés de 80 à 100 ans, elle tente de calmer les angoisses. Elle explique, souvent plusieurs fois, pourquoi les familles n’ont plus le droit de leur rendre visite, veille d'un œil sur la télévision, histoire que les chaînes d’actualité, un peu anxiogènes, ne tournent pas en boucle. «
Je ne remplace pas des soignants, qui font un travail super difficile. Par exemple, je ne m’occupe pas des toilettes des résidents. Un peu comme dans mon emploi de travailleuse sociale, j’interviens sur l’accompagnement humain. »
Voilà plus de quatre ans que Léa Villefailleau, 30 ans, est bénévole à
l'association des
Petits frères des pauvres, dans la section
Bienvenüe du 15
e. En «
temps normal », son action
consiste notamment à rendre visite à trois personnes âgées à
leur domicile, des aînés souvent seuls, n'ayant pas ou peu de
famille à proximité. Depuis l'interdiction des visites aux
personnes âgées en Ehpad décidée par le Gouvernement le 11 mars dernier,
l'association a suspendu les rendez-vous de ses bénévoles
à domicile.
« Pour que le lien perdure, que nos aînés ne
soient pas trop isolés pendant cette période, nous avons mis un
place un système de roulement d'appel téléphonique, de manière à
ce qu'elles reçoivent des coups de téléphone de différents
bénévoles dans la semaine », explique la commerciale de profession.
Pendant une
vingtaine de minutes, au bout du fil, Léa « les rassure, leur
demande comment ils vivent le confinement, ce qu'ils font de leur
journée, s'ils ont des besoins particuliers ». Pour la jeune
femme, il s'agit de montrer que « même s'il n'y a plus de
sortie, nous sommes encore présents, nous pensons à eux ». Et
leur moral ? « Il est plutôt bon, malgré le
confinement. On plaisante, c'est plutôt bon enfant ». Léa
passe entre dix et douze appels par semaine aux seniors accompagnés par la structure. « Je peux le faire, j'ai le temps »,
assure-t-elle. Surtout, elle a « envie de prendre des
nouvelles » de ceux qu'elle connaît bien.
Son âge ? «
18 ans dans la tête, 51 ans dans les baskets », s'amuse Sylvie Bazin. Gardienne d'immeuble depuis vingt-cinq ans, elle gère un bâtiment du bailleur Elogie-Siemp de 80 logements boulevard Soult (12
e). Dès le début de la crise sanitaire du coronavirus, elle a apposé dans les parties communes les affiches des gestes barrières et des
Voisins Solidaires. Puis elle a mis en place un système pour communiquer avec tous les locataires.
« J'ai créé un groupe de destinataires avec tous les habitants. J'ai envoyé un e-mail, ils doivent me répondre et me donner des nouvelles trois fois par semaine, explique Sylvie
. On s'envoie aussi des choses rigolotes sur le groupe. Pour ceux qui n'ont pas internet, je les appelle. »
Avec les personnes âgées, Sylvie tient à « ne jamais prononcer le nom de la maladie ». Elle demande plutôt « si la santé va bien », « parle de la pluie et du beau temps ». Les seniors savent qu'ils peuvent lui téléphoner s'ils en ont besoin. Au quotidien, Sylvie échange avec ses collègues gardiens d'immeubles sur Whatsapp depuis le début de la crise sanitaire, pour se tenir au courant des dernières informations notamment. Puis, tous les jours, la gardienne désinfecte scrupuleusement toutes les poignées, boutons de lumière, d'ascenseur, et autres digicodes. « J'adapte mon travail, j'essaye de faire de mon mieux à mon niveau pour prendre bien soin de l'immeuble et de mes locataires les plus âgés. Même s'il y a des hauts des bas, ensemble, on garde le moral ! »
Lors de ses activités de secouriste de la
Protection Civile Paris
Seine, Lisa Viola Rossi a été
« touchée par le grand nombre
de personnes âgées dans un état de profonde solitude, voire d'isolement social ». Alors, en septembre 2019, lorsqu'elle voit
un appel à volontariat de
Paris en Compagnie sur les réseaux sociaux, elle saute le pas et s'y engage.
Cette structure rassemble des citoyens qui donnent de leur temps pour
accompagner un aîné lors de sorties dans le quartier. Avec le
confinement, les sorties extérieures ont été suspendues,
remplacées par des appels de convivialité.
« Mon téléphone
et mon agenda sont devenus mes nouveaux outils de travail »,
raconte celle qui est aussi chargée de mission auprès de la Maison des Journalistes. « Je garde contact avec deux messieurs que j'ai rencontrés dans le
passé. Un qui réside en maison de retraite dans le 12e et un autre,
aveugle, qui habite seul dans le quartier de la Goutte d'Or (18e). À
côté de cela, j'ai planifié près de deux rendez-vous
téléphoniques par jour avec d'autres aînés que je n'avais pas
rencontrés avant. » Pour la jeune femme d'origine italienne,
ces appels permettent de « sortir autrement grâce à une
parole partagée ». « Au début, je me disais que c'était
une drôle d'idée d'appeler un inconnu pour lui demander de ses
nouvelles. Je craignais aussi que mon petit accent italien soit un
obstacle pour gagner leur confiance. Au bout du premier appel, je me
suis vite rendue compte que la transition était assez fluide car
Paris en Compagnie avait bien posé le cadre en amont. » Pour
Lisa Viola, les « technologies nous aident en ce moment :
aux distances sociales imposées par le virus, nous pouvons répondre
en créant de nouveaux ponts de solidarité humaine. »
Depuis de nombreuses semaines, élu·e·s et services municipaux travaillent en étroite collaboration avec les autorités publiques nationales pour prévenir et freiner l’épidémie de coronavirus.