L'étrange histoire du chrysanthème, fleur d'or des cimetières

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 18/10/2024

chrysanthèmes jaunes placés sur une tombe
Si le muguet du 1er mai fait l’unanimité, le chrysanthème de la Toussaint peut diviser. Peut-être parce qu’il est la fleur des cimetières, lors de la fête des morts, le 2 novembre. La Ville de Paris en produit abondamment pour ses cimetières mais aussi ses rues et ses jardins où on peut admirer ses multiples couleurs et formes. Histoire d’une fleur pas si maudite qu'on croit.
Près de 4 millions de foyers français ont acheté des végétaux à la Toussaint en 2023. Le chrysanthème représente à lui seul 60% des végétaux achetés à cette occasion. (Selon une étude menée pour l' Interprofession VALHOR, spécialisée dans le végétal)
À la Ville de Paris, la production avoisine les 75 000 plants et les fleurs ornent abondamment les massifs et les plates-bandes des cimetières.

Retour dans le passé : la fleur des morts à la guerre

C’est en 1919 que la funèbre destinée du chrysanthème est scellée en France. Il devient la fleur des morts et la fleur des veuves -de guerre- lorsque Raymond Poincaré, alors président de la République, exige le 11 novembre 1919, que tous les monuments aux morts de France soient fleuris.
Le chrysanthème, qui n’avait pourtant rien demandé mais déploie fièrement à ce moment là une floraison spectaculaire, est choisi.
Avec le temps, ce fleurissement des cimetières s’est développée et a finalement été associée à la fête des morts du 2 novembre.
Pourtant l’histoire de cette fleur avait commencé sous de meilleurs auspices.

De l'Asie où le chrysanthème naquit dans la joie…

Le terme de « chrysanthème » vient des deux mots grecs, « chrusos » qui signifie « or » et « anthemis » qui signifie « fleur ». Cependant, si son appellation est d’assonance grecque, sa naissance, elle, nous vient d’Asie.
La fleur d’or était déjà cultivée en Chine il y a 2 000 ans. Les Chinois la vénéraient et la travaillaient à la manière des bonzaïs. Au Japon, offrir des chrysanthèmes est un symbole d’éternité. On jette d’ailleurs ses pétales lors des mariages. À Tokyo, tous les ans, dans le parc principal, sont exposée des chrysanthèmes spectaculaires. Les Tokyoïtes s'y rendent par dizaines de milliers.
En 1789, Pierre Blancard, capitaine de marine français (1741-1826) est le premier à importer en France des boutures de chrysanthèmes depuis la Chine.

… à Rungis où sa joyeuse tradition persiste

Aujourd’hui le chrysanthème trouve toujours grâce aux yeux des jardiniers, véritables amateurs de ses couleurs et de ses formes. À la ville de Paris, c’est pour certains jardiniers une véritable passion.
Pour fleurir les espaces verts et les 20 cimetières parisiens, les jardiniers de la Ville vont mettre en scène pas moins de 60 000 chrysanthèmes qu'il faut d'abord produire …

Toutes les plantes ont été produites dans les pépinières municipales.

Deux sites se partagent la tâche.
La pépinière de Longchamp, qui est la plus ancienne pépinière de Paris, produit les plus gros chrysanthèmes, à raison de 1 500 potées.
Chrysanthème rungis
Un renfort de plus de 58 500 chrysanthèmes est apporté par le centre de production horticole municipal localisé à Rungis.

La Toussaint se prépare depuis le mois de février

La production a débuté par une campagne de bouturage sous serre de février à avril. Après qu’ils ont raciné, les chrysanthèmes du centre de production horticole (CPH) sont plantés en mai, soit en pots soit en plein champ. Ils sont bichonnés jusqu’à fin septembre puis arrachés en octobre : destination, les jardins et les cimetières.
Au centre de production de Rungis, on évalue des cultures tests pour les futures plantations et on essaye les nouvelles variétés résistantes aux maladies.
Cette année, quatre ou cinq nouvelles variétés ont rejoint le catalogue et les calendriers de production ont été réajustés pour assurer une fleuraison de tous les chrysanthèmes à leur maximum le jour J !

Les cimetières vous accueillent pour la Toussaint

Chrysanthème toussaint
Pour la Toussaint, moment traditionnel de recueillement et de souvenir, la Ville de Paris met en place un dispositif spécifique d'accueil dans les cimetières pendant toute la semaine.