« Aux oubliées et oubliés ! » : une baguette magique pour représenter la lutte contre les LGBTQIA+phobies

Une édification portée par l’association Les « Oublié-e-s » de la Mémoire, qui œuvre depuis 2003 à la connaissance et à la reconnaissance de la déportation pour motif d’homosexualité en France et au-delà. Pour le mémorial, elle s’est notamment entourée d’un groupe de travail interassociatif LGBT.

Le monument érigé est l’œuvre de Jean-Luc Verna, artiste pluridisciplinaire, dessinateur, danseur, chanteur… dont le travail est jalonné de références mythologiques, cinématographiques et musicales, toujours maniées avec un humour singulier et une ambiguïté bienveillante. Et la baguette magique géante – 5 mètres sur 7 mètres – qu’il a conçue dans le jardin du Port-de-l’Arsenal (12^e) ne fait pas exception à la règle.

Pourquoi un tel objet pour représenter ces traumatismes ? « Parmi les nombreuses insultes que j’ai reçues, la moins laide vient de l’anglais, c’est “fairy”, qui se traduit par “fée”, lancée aux homosexuels efféminés », explique Jean-Luc Verna. Et les fées ont le pouvoir de lancer des sortilèges à l’aide de… baguettes magiques ! Au cours de sa carrière de plasticien, l’artiste a d’ailleurs conçu plusieurs baguettes magiques de formes et de tailles différentes, qui reflètent à la fois sa personnalité et sa façon de vivre son homosexualité. « Ces baguettes peuvent servir d’armes de défense ! » affirme-t-il.

Pour Aux oubliées et oubliés !, une sculpture conçue comme un devoir de mémoire, il a choisi une baguette étoilée à deux faces en acier : « Le côté noir mat évoque les heures sombres de l’histoire, tandis que le côté poli miroir reflète la lumière et les couleurs du temps qui passe, précise l’artiste. L’œuvre est penchée vers les visiteurs et semble les regarder. Et, à certaines heures du jour, elle provoque une ombre portée qui peut représenter les menaces de l’oubli ou les menaces directes sur les personnes LGBTQIA+, puisque l’on voit de par le monde les droits que l’on croyait définitivement acquis disparaitre ou être menacés… »

Si plusieurs lieux ont été envisagés pour installer la sculpture, c’est finalement au bord du bassin de l’Arsenal qu’elle a trouvé sa place, ce qui réjouit Jean-Luc Verna : « Le jardin du Port-de-l’Arsenal est central. Le mémorial sera visible de nombreux points de vue et facilement visitable, car situé sur un quai qui sert de promenoir en toutes saisons. »

Le Fonds d’art contemporain-Paris Collections avait interviewé Jean-Luc Verna à l’occasion de l’acquisition de l’une de ses œuvres, en 2022.

Tout ce qui concerne la culture à Paris vous intéresse ?