Série

À la découverte des orgues parisiennes (3/3)

Mise à jour le 02/11/2023
Il mesure 12 mètres de haut, 12 mètres de large et pèse 30 tonnes.
Le saviez-vous ? La Ville de Paris possède 126 orgues, soit la plus grande collection au monde. Construits entre le XVIIe et le XXIe siècle, ces instruments résonnent dans les églises, les temples et les synagogues, mais aussi dans les conservatoires et les salles de spectacle. Partons à la découverte de trois d'entre eux.

Le grand orgue du temple de Pentemont : un petit bijou de mécanique (7e)

Les églises ne sont pas les seuls édifices cultuels à être dotées d'orgues. On en trouve également dans les temples et les synagogues. L'orgue du temple de Pentemont, daté de 1846, est l'une des premières construites par Aristide Cavaillé-Coll. Le grand buffet a été réalisé par Victor Baltard (1805-1874), architecte de la Ville de Paris réputé pour les Halles de Paris, aujourd'hui disparues.
Entre 2012 et 2014, l'orgue a été entièrement restauré. « Nous avons démonté tout l'intérieur de l'orgue et conservé seulement le buffet qui était en bon état, raconte Yves Fossaert, le facteur d'orgues chargé de la restauration de l'orgue de Pentemont. Le problème de cet orgue, c'est qu'il a été modifié trois à quatre fois depuis 1846. Nous l'avons remis dans son état d'origine et l'avons complété avec des éléments neufs. »
Ce travail de restauration s'est fait en concertation avec l'organiste titulaire Isabelle Sebah. Ce n'est pas toujours le cas, mais cela a permis ici d'ajouter un troisième clavier et des jeux supplémentaires. « Plus il y a de jeux, plus il y a de possibilités de combinaisons entre elles, ce qui permet de jouer de façon plus variée », explique Isabelle Sebah, titulaire de l'orgue depuis 2004.

La « machine Barker », une rencontre qui va tout changer

Le progrès technique a joué une grande influence dans l'évolution des orgues. « Lorsque Cavaillé-Coll construit l'orgue de la basilique de Saint-Denis, son premier orgue d'envergure, raconte Isabelle Sebah, l'instrument est injouable car trop gros. Mais Cavaillé-Coll va croiser le chemin de Charles Barker (1807-1879), un facteur anglais et inventeur de la “machine Barker”».
Cette machine est une véritable révolution. Grâce à un système de soufflets placés sous les touches et reliant les claviers entre eux, il est possible d'appuyer sur une touche qui vient appuyer sur plusieurs touches à la fois. Désormais, les facteurs d'orgues ne sont plus cantonnés à deux claviers, les possibilités s'élargissent et les instruments aussi. C'est d'ailleurs ce qui va lancer la carrière de Cavaillé-Coll. On lui doit également le grand orgue de la tribune de l'église Saint-Sulpice qui compte cinq claviers.
Quant à l'orgue du temple de Pentemont, entièrement mécanique, il a fallu le doter d'une machine Barker pour permettre à l'organiste de jouer les trois claviers sans recourir à l'aide d'un assistant.
Les conférences-concerts d'Isabelle Sebah
La passionnée et passionnante Isabelle Sebah organise plusieurs fois par an des conférences-concerts sur l'orgue du temple de Pentemont. Les dates sont annoncées sur son site internet.

Un vent de modernité : l'orgue de la Maison de la Radio et de la Musique (16e)

Sur les 12 000 orgues que compte la France, seules trois se trouvent dans des salles de spectacle, dont deux à Paris. L'un est à la Philharmonie (19e), l'autre à la Maison de la Radio et de la Musique.
En 2015, l'orgue, réalisé par le facteur Gerhard Grenzing, prend ses quartiers dans l'auditorium. Depuis, plusieurs concerts et ciné-concerts sont organisés chaque année. « Nous n'avons pas d'organiste titulaire comme dans les églises, mais plutôt un ou une organiste en résidence qui peut rester entre une et trois saisons », détaille Lionel Avot, conseiller musical pour l'orgue de Radio France. Actuellement, c'est Lucile Dollat qui occupe cette fonction.
« Avoir un orgue dans une salle de concert nous permet de toucher un public plus varié, qui ne se rend pas forcément dans les édifices cultuels pour entendre jouer de l'orgue », explique Lionel Avot. Sans compter une programmation musicale très variée qui s'adresse aux scolaires, aux familles ou aux amateurs de cinéma lors de ciné-concerts très prisés.
« Nous passons également de nombreuses commandes de nouvelles partitions à des compositeurs d’aujourd’hui, soit pour orgue seul soit pour orgue et d’autres instruments : violoncelle, percussions, accordéons… L’orgue est aussi souvent appelé à jouer avec les quatre formations de la maison : l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique, le Chœur et la Maîtrise de Radio France. »
Que sont devenus les organistes en résidence de Radio France ?
Le premier organiste en résidence à travailler sur le nouvel orgue a été Thomas Ospital. Son nom vous dit quelque chose ? Nous l'avions rencontré lors du premier épisode de cette série pour un concert très privé à l'église de Saint-Eustache. Quant au second organiste, Karol Mossakowski, il a été nommé organiste titulaire à l'église Saint-Sulpice.

À Notre-Dame-de-la-Nativité-de-Bercy (12e) : une opération de conservation d'exception

Restauration des sommiers, désoxydation des noyaux d'anches, vérification des filetages, égalisation de l'harmonie, dépoussiérage du buffet… Le relevage de l'orgue de l'église de la place Lachambeaudie, construit dans les années 1880 par les frères Stolz, a pris 18 mois. Il faut dire qu'en dehors de la turbine électrique, l'instrument était resté dans son état d'origine et souffrait de désordres sanitaires et fonctionnels dans tous ses organes.
Le facteur d'orgues Victor Mangeol a entrepris le démontage dès le mois de mars 2022, afin de transporter la tuyauterie, le soufflet, la console et le sommier dans son atelier dans les Vosges. C'est un travail minutieux qui a été entrepris, pièce par pièce, afin de redonner à l'instrument son aspect d'origine. Par exemple, chacun des 672 tuyaux a été d'abord nettoyé à l'air par aspiration avant d'être plongé dans des bains puis repassé sur un mandrin cylindrique afin de redresser d'éventuels affaissements internes.
Une fois ramenés à Paris et replacés, le facteur d'orgues a fait « parler les tuyaux » un à un puis entre eux afin de résoudre les derniers petits problèmes dans les conditions d'ambiance de l'église et procéder à l'harmonisation, puis à l'accord général.
De même, la réparation complète de la soufflerie - le poumon de l'orgue - a nécessité un travail d'orfèvre, avec le remplacement de petites pièces de peaux usées et l'assemblage à la colle animale.
Le reste des travaux, dont le nettoyage, le cirage et le lustrage du buffet ainsi que d'autres éléments de la charpente, ont été réalisés sur site.
Pendant ces mois de rénovation, les deux organistes ont joué sur l'harmonium de la paroisse. Elles ont hâte de pouvoir se retrouver sur les deux claviers de douze jeux de l'orgue et son esthétique sonore germanique d'origine. Des retrouvailles avec l'instrument qui arrivent à point nommé, l'année où l'église célèbre ses 200 ans.
C'est un financement conjoint mécénat paroissial/budget dédié aux orgues cultuels de la Ville qui a permis de lancer cette restauration de grande ampleur. Ainsi, à Bercy, c'est l'ensemble de l'instrument qui retrouve une nouvelle jeunesse.
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