6 cimetières parisiens sont situés… hors de Paris

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 24/10/2025

Cimetière parisien de Saint-Ouen.
Parmi les 20 cimetières gérés et entretenus par la Ville, 6 ont été aménagés ou créés extra-muros dès le XIXe siècle. Non seulement lieux de mémoire, ces espaces jouent aussi un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité francilienne.

De nouveaux cimetières pour suivre l’expansion de Paris au XIXe siècle

Dès les années 1830, l’accroissement constant de la population parisienne et le développement inattendu des concessions perpétuelles placent les trois principaux cimetières de la capitale – le Père-Lachaise (20e), Montparnasse (14e) et Montmartre (18e) – sous tension. En 1860, Paris étend ses limites en annexant les villages avoisinants. Conséquence : les cimetières intra-muros arrivent à saturation.
Entre 1861 et 1929, les différents préfets de la Seine décident de réaménager et d’agrandir des cimetières existants hors les murs ou d’en créer ex nihilo en achetant des champs en périphérie.
Il y en aura six :
  • le cimetière de Saint-Ouen (26 hectares) ;
  • le cimetière de la Chapelle, à Saint-Denis (2 hectares) ;
  • le cimetière d’Ivry-sur-Seine, agrandi en 1874 (28 hectares) ;
  • le cimetière de Bagneux, créé en 1886 (62 hectares) ;
  • le cimetière de Pantin (107 hectares), le plus grand de France en activité ;
  • le cimetière de Thiais (103 hectares), le plus récent, aménagé en 1929.
Sauver un monument funéraire en obtenant une concession
Pour permettre aux Parisiens d'accéder à des concessions intramuros et participer à la préservation du patrimoine funéraire, la Ville de Paris lance une expérimentation : restaurer un monument funéraire ancien, puis acquérir une concession. Trente monuments sont proposés à la vente, sur tirage au sort : 10 au cimetière du Père-Lachaise (20e), 10 à Montparnasse (14e) et 10 à Montmartre (18e). Lire notre article.

De nombreux Parisiens y reposent (dont plusieurs célébrités)

Ces six cimetières gérés et entretenus par la Ville, comme les quatorze situés intra-muros, sont indépendants des cimetières des communes où ils se trouvent. Le plus gros de l’activité funéraire parisienne est d’ailleurs effectué hors les murs. Rien qu’au cimetière de Pantin (Seine-Saint-Denis), 2 000 inhumations ont lieu chaque année (sur les 9 000 annuelles dans tous les cimetières).
En fonction de son lieu de résidence, un Parisien sera orienté vers le cimetière le plus proche, en banlieue, mais il peut choisir un emplacement dans n’importe quel cimetière parisien extra-muros.
Comme dans les cimetières intra-muros, des Parisiens illustres reposent hors les murs. On peut citer la chanteuse Barbara (inhumée à Bagneux), la championne de tennis Suzanne Lenglen (qui repose à Saint-Ouen) ou encore le cinéaste Jean-Pierre Melville (enterré à Pantin).

Lieux de mémoire, ils illustrent aussi le Paris cosmopolite

Au cimetière de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), de petites chapelles de verre bleu signalent les sépultures des gens du voyage. Celui de Thiais (Val-de-Marne) illustre l’art funéraire des civilisations slaves, musulmanes et asiatiques avec des monuments remarquables. Il a aussi la particularité d’abriter les seuls « terrains communs » de Paris, dits « Jardins de la fraternité », où sont inhumées gratuitement les personnes non identifiées ou sans ressources.
Aussi, ces sites comportent quasiment tous des mémoriaux des différentes guerres. Le cimetière d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) est ainsi un haut lieu de mémoire de la Résistance : on y trouve notamment les tombes de douze membres du groupe Manouchian.

La multitude de haies et d’arbres favorise la biodiversité

Tout en respectant la quiétude des sites, on peut aussi venir dans ces cimetières pour se promener, tout simplement. On y profite de l’ombre de leurs arbres en été, ou de leurs couleurs en automne.
C’est le cas de la magnifique collection de poiriers à fleurs du cimetière de Pantin. Ce site offre 32 kilomètres de promenade sous près de 10 000 arbres de 74 essences différentes. Ses allées en portent d’ailleurs le nom : avenue des Noyers-d’Amérique, avenue des Merisiers, avenue des Noisetiers-de-Byzance… Une grande partie est quasi centenaire.
Les avenues du cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine) portent elles aussi le nom des essences dont elles sont plantées : sophoras, ormes de Sibérie, poiriers à fleurs, érables pourpres. On peut même y admirer un cèdre de l’Atlas classé.
Les multiples haies qui préservent l’intimité des familles sont autant de végétations propices à la biodiversité. Il y pousse aussi des plantes sauvages remarquables, et des recensements d’orchidées sauvages sont régulièrement menés à Bagneux, à Thiais et à Pantin. On y observe de nouvelles variétés, jusqu’à onze à ce jour (plus que dans les bois parisiens), ainsi que la rarissime renoncule à petites pointes, une espèce protégée.

Des espaces pour observer les oiseaux ou les renards

Le cimetière d’Ivry-sur-Seine, pionnier dans sa gestion écologique, abrite une flore et une faune particulièrement riches : 46 espèces d’oiseaux y ont été recensées. Tout un peuple d’écureuils et de renards vit aussi à Thiais et à Pantin. Comme dans Paris, au Père-Lachaise par exemple, quelques vétérinaires bénévoles viennent surveiller ces petits habitants.
On y voit aussi des pics verts, des hiboux moyens-ducs et la chouette hulotte. Illustration de la richesse ornithologique de ces lieux de mémoire, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a d’ailleurs classé les cimetières dans ses meilleurs spots d’observation de volatiles.
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