Cancer : comment Paris s'engage pour diminuer l’incidence et la mortalité
Portrait
Mise à jour le 02/07/2025
Sommaire
En 2024, à l’issue d’un vaste audit des besoins en matière de dépistage, de traitement et d’accompagnement, la Ville de Paris s’est enrichie d’une Mission Cancers. A sa tête, Vincent Schlegel est en charge de déployer la stratégie élaborée en concertation avec les acteurs du territoire. Entretien.
Qu’est-ce qui a motivé la création de la Mission Cancers et quel constat a conduit à la refonte de la stratégie parisienne dans ce domaine ?
Certaines données épidémiologiques nous ont alertés. Selon l'Observatoire régional de santé (ORS), 100 000 personnes vivent avec un cancer à Paris et chaque année 11 000 nouveaux cas sont recensés. Par ailleurs, Paris se distingue du reste du territoire métropolitain par une sur-incidence des cancers du sein et du poumon chez les femmes. Au niveau du territoire national, on observe des transformations plus globales, avec une augmentation du nombre de cas de cancers chez les personnes de moins de 50 ans.
Sur le front des bonnes nouvelles, on peut souligner que les progrès thérapeutiques réalisés ces dernières années ont permis d’améliorer la survie de nombreux malades. Parler de guérison n’est plus un tabou dans les services de cancérologie. La chronicisation soulève toutefois de nouvelles questions concernant la vie pendant et après un cancer. De nouveaux besoins émergent en termes d’accompagnement : maintien et/ou retour à l’emploi, soutien à la parentalité, préservation de la vie affective et sexuelle, etc.
Pour pallier cette situation, la réalisation d’un diagnostic territorial a débuté début 2023 en vue de doter la municipalité d’une feuille de route ambitieuse, qui permettra de maximiser son impact dans ce domaine.
Comment et auprès de quels acteurs ce diagnostic a-t-il été établi ?
À Paris, l’écosystème des opérateurs participant à la lutte contre les cancers est dense. Partant de ce constat, la première étape du diagnostic territorial a consisté à réaliser des entretiens auprès de nos partenaires institutionnels, des associations et des professionnels de santé exerçant en ville et ou dans des centres experts, afin de déterminer les forces et les faiblesses de l’offre de prise en charge à Paris, de la prévention jusqu’à l’accompagnement des personnes touchées par un cancer.
En parallèle, nous avons aussi travaillé avec l'Observatoire régional de santé (ORS) et l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR) pour obtenir des données à une échelle fine. Ces indicateurs nous permettront d’ajuster notre action à la réalité épidémiologique et sociologique de chaque territoire, et de suivre l’impact de la politique parisienne sur différents indicateurs.
Sur la base de ces constats, nous avons ensuite proposé à nos partenaires de nous réunir au sein de trois groupes de travail thématiques. L'objectif était d'échanger sur les actions que la Ville de Paris pourrait mener en lien avec ses partenaires dans le futur.
Enfin, nous avons cherché à recueillir le point de vue et les besoins des personnes concernées par la maladie. Nous avons ainsi collaboré avec trois associations de personnes malades, ce qui nous a permis d’évoquer leurs attentes vis-à-vis de l’action de la Ville de Paris.
Quels sont les enjeux identifiés par la Mission cancers pendant toutes ces étapes ? Et quelles sont les priorités d'action qui découlent ?
La stratégie cancers poursuit trois objectifs. Premièrement : réduire l'incidence des cancers, c'est-à-dire diminuer le nombre de nouveaux cas par an. Cela concerne particulièrement les cancers pour lesquels il existe des leviers en termes de prévention et de promotion de la santé. Cela passera notamment par la construction d’un urbanisme favorable à la santé et la réduction de l’exposition aux agents cancérigènes présents dans l’environnement. Deuxièmement : Diminuer la mortalité par cancer. Cela passera notamment par l’augmentation de la participation aux programmes de dépistage organisé et la fluidification des parcours de soins. Troisièmement : Améliorer la qualité de vie des personnes malades et de leurs proches. Il est nécessaire de travailler à une meilleure accessibilité des soins de support qui viennent en complément des traitements curatifs délivrés à l'hôpital. Ces soins viennent lutter contre les effets secondaires des traitements et les séquelles possibles de la maladie.
J’ajouterai deux enjeux transversaux : la lutte contre les inégalités sociales de santé, de la prévention des cancers jusqu’à l’accès aux soins de support et la participation des personnes concernées par le cancer aux projets portés par la municipalité dans ce domaine, dans une logique de santé communautaire.
Quels sont les principaux facteurs de risque environnementaux que vous avez identifiés ?
Pendant longtemps, les discours autour la prévention des cancers ont reposé uniquement sur la promotion de changements d’habitudes de vie en matière de tabagisme, de consommation d’alcool ou de nutrition. Or, ces comportements sont largement influencés par des facteurs sociaux et culturels et aussi par l’environnement immédiat dans lequel se trouve l’individu : il sera ainsi plus facile de manger équilibré si l’offre de restauration collective le permet, voire nous y incite.
Les individus sont aussi exposés, malgré eux, à des agents cancérigènes présents dans l’environnement. Malgré certaines difficultés de nature méthodologique, on commence à avoir des preuves solides concernant la nocivité de certaines substances chimiques présentes dans notre quotidien. La Ville de Paris s’est beaucoup mobilisée contre ces facteurs de risque des cancers, souvent moins connus du grand public. Saluons notamment le travail mené conjointement avec d’autres directions de la Ville, grâce aux plans dont elles assurent le déploiement (Plan Climat, Plan local d’urbanisme bioclimatique, Plan alimentation durable, Plan de sortie du plastique à usage unique…)
Dans le domaine de la santé environnementale, nous nous appuierons particulièrement sur le second Plan parisien de santé environnementale et sur l’équipe dédiée à son opérationnalisation au sein de la Direction de la Santé Publique. De nombreuses mesures inscrites dans ce plan vont largement contribuer à la prévention des cancers.
Quelle est votre vision d'ici quelques années pour la lutte contre les cancers à Paris ?
La mise en œuvre des moyens supplémentaires dès aujourd’hui nous permettra d’atteindre des résultats significatifs dans le futur. C’est dans cette perspective que nous avons créé la Mission Cancers, pour renforcer et améliorer la pertinence de notre action.
En s’appuyant sur cette nouvelle équipe, la Ville de Paris souhaite ainsi jouer un rôle fédérateur auprès de l’ensemble des opérateurs parisiens. Elle est légitimée en cela par l'Institut National du Cancer (INCa), qui a lancé un « Club des collectivités territoriales investies dans la prévention des cancers », dont elle est un membre actif depuis plusieurs mois.
Votre avis nous intéresse !
Ces informations vous ont-elles été utiles ?
Attention : nous ne pouvons pas vous répondre par ce biais (n'incluez pas d'information personnelle).
Si vous avez une question, souhaitez un suivi ou avez besoin d'assistance : contactez la Ville ici.