La Semaest est une société d’économie mixte de la Ville Paris, spécialisée dans l’accompagnement des commerces de proximité, En permettant à des entrepreneurs de louer un local de 65m2, sur une durée de 15 jours à 4 mois, elle leur donne une opportunité unique de tester une activité, un produit ou encore un quartier avant de se lancer dans la location d’une boutique à long terme.

Le Testeur de commerce est situé au 14 rue du Château-d'Eau, 10e. Nous y rencontrons les deux jeunes femmes de la société Alma Grown in Town, qui occupent le lieu depuis début juin 2018. Fin de l'expérience le 7 octobre 2018. L'occasion de leur demander leur retour d'expérience.

Alma Grown in Town, c’est d'abord la rencontre d'Alice et Marion. L’une vient du marketing, l’autre du conseil en développement durable. Lorsqu’elles découvrent que 3 hectares de fruits et légumes ultra frais, sains et goûteux sont cultivés dans leur propre ville et que la Ville de Paris ne compte pas s’arrêter là, avec l'objectif « 100 hectares de bâti végétalisé dont 3 dédié à l'agriculture urbaine, d’ici 2020 », elles pensent qu’il est temps de faire profiter les Parisiens de ce potager géant. Alma Grown in Town est née.

Alma Grown in Town se veut donc le premier commerce de proximité 100% dédié à l'agriculture de Paris et à la végétalisation. Côté primeur, la boutique propose des fruits et légumes ultra frais, cultivés le plus souvent sur les toits, sans pesticides, récoltés le jour-même, gorgés de vitamines. Et côté épicerie, elle présente une sélection de miels de Paris et d’autres produits 100% parisiens. Un coin «pépinière» propose de belles plantes d’intérieur, du compost 100% parisien, des outils de jardinage et une table spécialement conçue pour le rempotage des plantes. Les deux amies organisent aussi des visites insolites des toits de Paris pour explorer l’agriculture urbaine et se ressourcer.

Elles décident très rapidement de tester leur idée de boutique et entrent en lien avec la Semaest. «On voulait vraiment quelque chose d’éphémère pour tester le concept sur une saison car l’agriculture urbaine c’est tout jeune. On voulait voir l’approvisionnement et aussi l’attraction client. Et on voulait aussi essayer cette vie car on a quitté nos jobs dans des bureaux. On a monté un petit dossier, calé nos dispo de juin à octobre et voilà cela s’est fait. C’est le loyer d’un commerce mais l’avantage c’est qu’on peut tester une formule éphémère dans un emplacement top : on est vraiment dans une rue numéro 1 pour le commerce avec une boutique en angle, une grande superficie de 65m2 et 30m2 de réserve en sous-sol. En plus, il y a une attraction des habitants qui sont habitués aux changements dans ce local. Par ailleurs, de nombreux concepts qui ont été testés ici, se sont ensuite installés dans la rue : Pompon bazar, Yumi. Du coup, c’est très rassurant pour nous.»

«Pour nous c’est une affaire concluante. On a vraiment mesuré l’engouement des habitants pour des actions engageantes comme la nôtre, aussi bien pour améliorer leur alimentation que faire évoluer la ville en y prenant part eux-mêmes. Donc oui, on est partantes pour chercher un local et s’installer pour de bon. On cherche dans le quartier. Car c’est un quartier qui est vraiment favorable aux concepts innovants. On a conscience que le magasin va évoluer car il n’y a pas des fruits et légumes toute l’année mais il y aura quand même des productions. Il va évoluer en fonction des saisons mais aussi des technologies, Car énormément de choses se développent dans les caves, les serres, les parkings, les conteneurs etc.»

Les deux jeunes femmes ont aussi pu tester la restauration sur place avec les productions du jour, en passant par un traiteur qui leur faisait les plats. «Mais nous allons l’abandonner car il faudrait vraiment un local aménagé pour faire la cuisine et c’est une autre organisation. Cela nous a permis de nous en rendre compte. On fera d’autres choses ! On veut développer le côté pédagogique avec plus d'ateliers et on aimerait aussi montrer des systèmes technologiques de production innovants et adaptés à la ville : être un peu la vitrine de ce qui se fait.»

«Franchement, on doit un grand merci à la Semaest qui a cru en nous, juste sur une idée au départ. L’idée leur a plu mais on aurait pu se planter. Ils nous ont donné notre chance et aujourd'hui, nous avons plus de clés en main pour ouvrir notre commerce, dans de bonnes conditions.»

Rendez-vous est donc pris pour l'inauguration de leur boutique, d'ici quelques mois, dans le quartier. On leur souhaite ! Les suivre

Parmi la trentaine de projets accueillis par la Semaest dans ce testeur de commerce près de la moitié a ouvert une boutique pérenne à l’issue du test.

Les prochains à occuper les lieux seront KUUKI YOMENAI, un collectif de jeunes marques de mode et d’accessoires engagées, responsables et innovantes. Ils seront installés du 9 octobre au 4 novembre 2018.

La Semaest dispose aussi d'un Atelier testeur au 47 avenue Daumesnil dans le 12e. Inauguré en mars 2018, ce local, situé au Viaduc des Arts, est dédié à l'artisanat et aux métiers d'art. Il permet à des artisans de tester leur projet de création en mode « start-up ». Lire notre article

Devant le succès de sa formule, la Semaest prévoit l'ouverture d'un deuxième testeur de commerce pour 2019.