Refugee Food Festival : Sani, chef réfugié entre deux mondes culinaires
Portrait
Mise à jour le 16/06/2025
Sommaire
Du 8 au 29 juin, le Refugee Food Festival permet à des personnes réfugiées de passer derrière les fourneaux d’un restaurant le temps d’un service. Le 18 juin, c’est au tour de Sani d’enfiler le tablier du Café des Délices (20e). Découvrez le parcours de ce cuisinier passionné qui retrouve le goût du partage aux côtés de jeunes chefs français.
Sani a fui le Bangladesh pour échapper à un climat politique instable. Originaire de Moulvibazar, dans le nord du pays, il a grandi
dans le restaurant de son père, où il aidait après l’école. Ensuite, Sani devient chef de son propre établissement, Green
Carry. On y trouvait une cuisine métissée, inspirée de traditions
bangladaises, chinoises et indiennes.
À son arrivée en France en septembre
2021, après avoir traversé de nombreux pays, Sani ne connaît personne. En 2022,
il obtient le statut de réfugié, puis est orienté vers une formation dispensée
par le Refugee Food, via France Travail. Il intègre alors La Résidence, un
comptoir de restauration situé au sein du tiers-lieu Ground Control (12e). Depuis 2018, ce lieu accompagne chaque année cinq
cuisiniers réfugiés vers une insertion durable dans le secteur. Là-bas, il a
retrouvé un cadre pour exercer son métier, et surtout, une équipe avec qui
partager savoirs, gestes et épices.
Une cuisine à six mains
Refugee Food Festival : Sani, chef réfugié entre deux mondes culinaires.
Crédit photo :
Guillaume Bontemps / Ville de Paris
À l’occasion du festival culinaire
engagé Refugee Food Festival, Sani est invité à rejoindre la brigade du Café des Délices (20e), jolie adresse parisienne où officient sur le temps du midi
les chefs Sido Beausoleil et Thomas Costes. C’est une première collaboration
pour les trois chefs, réunis pour concevoir un repas à six mains.
L’idée : mêler les plats phares
de Sani – comme les singaras (samoussas bangladais), le paratha (sorte de pain
feuilleté) ou les currys – aux spécialités de la maison, centrées sur les
produits de la mer et le travail des pâtes.
Entre nous, ça a collé très vite. On a parlé du menu. On a évoqué des poissons, des pains, des épices : ce que l’on voulait, c’était une vraie fusion entre sa cuisine et la nôtre.
cochef du café des délices (20e)
En cuisine, les trois devront
apprendre à travailler ensemble. Le service du midi se fera à trois, avec toute
l’organisation que cela demande. « Littéralement,
il faut que l’on trouve notre place », sourit Sido. Ils prévoient notamment de préparer en
mi-cuit une thonine, un poisson de 10 kg très peu utilisé en
restauration, et de l’assaisonner avec des épices et d’autres condiments, marqueurs forts de
la gastronomie bangladaise.
Sortir des schémas
Terrasse du Café des Délices (20e), lors du Refugee Food Festival.
Crédit photo :
Guillaume Bontemps / Ville de Paris
Sido et Thomas sont chefs depuis un
an au Café des Délices. Tous deux en reconversion, ils portent un regard
critique sur le fonctionnement parfois rigide de la cuisine traditionnelle. Ils
veulent faire de leur brigade un lieu d’échange, pas juste d’exécution, créer
de l’écoute, et sortir des schémas hiérarchiques figés encore trop présents
dans la restauration.
Ce n’est pas juste un événement Refugee Food. C’est aussi ce que l’on vit au quotidien. On a déjà accueilli plusieurs personnes réfugiées dans notre cuisine. Mais souvent, c’est invisible. Là, on le rend visible.
cocheffe du café des délices (20e)
Pour Sani, cette invitation arrive à un moment charnière. Il approche de la fin de son parcours de formation avec Refugee Food (prévue pour octobre 2025), et commence à envisager de nouveaux projets. Il poursuivra ensuite avec un stage dans un restaurant japonais, dont la cuisine l’inspire.
En attendant, il savoure cette opportunité de cuisiner avec d’autres, d’apprendre, et surtout, de partager ce qui l’a toujours guidé : le goût, les gestes, et l’envie de faire plaisir.
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