Refugee Food Festival : Magda, l’intégration réussie d’une cheffe réfugiée
Portrait
Mise à jour le 19/06/2025

Sommaire
Du 8 au 29 juin, le Refugee Food Festival permet à des personnes réfugiées de passer derrière les fourneaux d’un restaurant le temps d’un service. Et le 24 juin, on inverse les rôles : la Géorgienne Magda accueille dans son établissement du 11e un chef français. De la Géorgie à Paris, plongez dans le parcours d’une dentiste devenue une cuisinière à succès.
« Si vous voulez vraiment goûter la cuisine
géorgienne, il faut prendre un khinkali : c’est un gros beignet farci à la
viande, dans une pâte qui ressemble à celle d’un ravioli ou d’un bao, et c’est
accompagné d’une sauce crémeuse. » Magda Gegenava conseille les curieux
attablés ce midi-là dans son restaurant boulevard Voltaire (11e). Ouvert en
avril 2025, c’est son deuxième établissement à Paris, après celui de
l’avenue Jean-Jaurès (19e).
À l’entrée, un écran diffuse des images de paysages et de
villages de la Géorgie. Un pays qu’elle a dû quitter en 2008, pour des raisons
politiques. « Nous avions une clinique familiale, avec ma mère, mon frère
et treize autres personnes : nous étions tous dentistes. Le gouvernement
en avait après nous. En une nuit, tout a été saccagé… J’ai dû partir. »
Sa deuxième vie sera consacrée, pendant quatre ans, à
tenir une entreprise de fruits et légumes en Ukraine. Un autre pays qu’elle va
bientôt devoir quitter : direction la France, où elle pose ses valises en 2013,
avec son mari et ses deux enfants. « Pour moi, ce n’était pas si
difficile de s’adapter ici, on est proches culturellement. Et on a été
facilement adoptés, les Français, ils aident tout le temps ! »
Une « troisième vie » avec Refugee Food
Magda obtient le statut de réfugiée
en 2014. Mais elle doit faire une croix sur son métier de dentiste, son diplôme
n’étant pas reconnu en France : « Il fallait que je le
repasse… Cela aurait duré six à huit ans, et c’était trop long, j’avais ma famille à gérer. » Elle prend néanmoins le temps d’apprendre le
français et l’assistance sociale de France terre d’asile qui s’occupe d’elle la met en lien avec le Refugee Food. Cette association propose et accélère l’insertion
professionnelle des personnes réfugiées dans la restauration. Pour Magda, qui
cuisinait beaucoup avec sa grand-mère, une porte s’ouvre vers sa « troisième vie », comme elle dit.
Avec le soutien de l’organisation, elle rencontre Stéphane Jego, célèbre chef du
restaurant L’Ami Jean (7e), très impliqué dans la cause du Refugee Food. « Stéphane,
c’est mon ami, mon parrain de cœur ! Il est Basque, mais je suis sûre que,
si on fait un test d’hérédité, en fait, il est Géorgien », dit-elle
avec tendresse de celui avec qui elle s’est mise aux fourneaux.
La suite n’est que réussites. Elle
tient les rênes pendant six mois de La Résidence du Refugee Food, le premier restaurant et lieu de formation dédié aux chefs
réfugiés, situé à Ground Countrol (12e). Puis elle se fait connaître lors du Refugee Food Festival,
où de grands chefs français invitent des chefs réfugiés pour préparer des
dîners qui mêlent deux cultures culinaires.
« Chez Magda », ou la recette du succès
Magda prépare tout sur place et affectionne de revisiter les plats géorgiens en les adaptant aux habitudes culinaires françaises.
Crédit photo :
Guillaume Bontemps / Ville de Paris
Ici, la cheffe a créé cette recette de chou-fleur gratiné à la béchamel, dans laquelle elle a mis beaucoup d’aromates, la cuisine géorgienne étant très parfumée.
Crédit photo :
Guillaume Bontemps / Ville de Paris
Le khachapuri est une galette traditionnelle géorgienne, fourrée au fromage.
Crédit photo :
Guillaume Bontemps / Ville de Paris
Magda a adapté le fameux khinkali au bœuf qui, en Géorgie, se mange avec les doigts en suçant la sauce à l’intérieur.
Crédit photo :
Guillaume Bontemps / Ville de Paris
Dans son restaurant, Magda a choisi toute la décoration pour créer une ambiance moderne et cosy.
Crédit photo :
Guillaume Bontemps / Ville de Paris
Toujours accompagnée par l’association, elle ouvre un
petit chalet dans le 19e arrondissement, place de la Bataille-de-Stalingrad, où
elle prépare ses spécialités. Sa street-food séduit et lui donne l’envie d’un
vrai restaurant. Chose faite avec Chez Magda, et toujours dans le 19e, avenue Jean-Jaurès. « Les gens me connaissaient et ils me sont restés fidèles,
eux aussi. » Aujourd’hui, elle vient de lancer une deuxième maison, également baptisée Chez Magda, dans le 11e. L’idée qu’on soit chez elle, ça lui
plaît bien, et d’ailleurs, ici, tout est fait maison, jusqu’au pain.
Un touriste va préférer manger un menu français, mais un Parisien va privilégier des plats étrangers. Ici, dans le 11e, il y a une vraie vie de quartier.
cheffe de « chez Magda »
Pour être au plus près des
habitants, elle ne voulait pas ouvrir dans un endroit touristique : « Un touriste va préférer manger un menu français, mais
un Parisien va privilégier des plats étrangers. Ici, dans le 11e,
il y a une vraie vie de quartier. » Parce que Magda
a envie de faire connaître son pays, elle organise des soirées pour apprendre
les danses traditionnelles. Et comme elle n’oublie pas ce qu’elle a traversé,
elle a créé une association pour aider les femmes géorgiennes et leur proposer
du travail chez elle.
Une invitation prestigieuse
Pourquoi ce succès ? Magda l’attribue simplement à son parcours : « Je suis médecin et j’ai travaillé dans les fruits et légumes, je sais ce qui est bon pour la santé et je choisis des produits en conséquence chez des fournisseurs français. Seuls les épices et les vins viennent de Géorgie. J’essaye de trouver un équilibre entre la qualité et le prix pour ne pas être trop cher. »
Dernier
signe de sa belle intégration, cette année, dans le cadre du Refugee Food Festival,
les rôles sont inversés. C’est Magda qui invite un chef français dans son
restaurant ! Le 24 juin, elle enfilera son tablier au côté du jeune et très
médiatisé Eloi Spinnler, le youtubeur reconnaissable à son harnais en cuir, à ses couteaux de
cuisine et à ses combats antigaspi : « On va marier nos deux univers : il
mijotera des choses qui sont moins mes spécialités, comme les desserts ou le poisson.
Et il y aura deux services, il faut venir ! »
Pour le sourire de Magda et sa cuisine qui rayonne de couleurs et de saveurs aromatisées, pour saluer cette femme devenue Parisienne et le mélange des genres avec Eloi, on ne manquera pas l’invitation !
Gagnez un dîner pour 2 personnes lors du Refugee Food Festival 2025
Du dimanche 08 juin 2025 au dimanche 29 juin 2025

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