Les enfants font danser la mer sur les escaliers de Montmartre

Sur les contre-marches, un poulpe géant étire ses tentacules. Un peu plus loin, des vagues ondulent, des bateaux glissent, des algues serpentent. À l’occasion de l’Année internationale de la mer et des océans, la dixième édition des Marches de Montmartre met à l’honneur les mondes marins. Une source d’inspiration intarissable pour les enfants, qui, craies en main et genoux à terre, laissent parler leur imagination, ravis d’avoir les doigts couverts de bleu et de vert.

Organisée par la Circonscription des affaires scolaires du 18^e arrondissement, l’animation rassemble des centres de loisirs du quartier mais aussi d’autres arrondissements de la Ville. « C’est la première fois que nous participons à ce super projet, confie Christine Lefort, responsable éducative du centre de loisirs du 27 rue de Reuilly (12^e).

« C'est une vraie valeur ajoutée pour les enfants, qui ne connaissent pas forcément Montmartre. Une fois l’œuvre terminée, nous allons en profiter pour explorer le quartier. Certains m’ont déjà dit qu’ils reviendraient ce week-end avec leurs parents. »

« J’étais déjà venue à Montmartre, mais c’est la première fois que je dessine sur des marches ! En plus on profite d'une très belle vue sur Paris ! » s’enthousiasme Abigaël, en CE1.

Des parents sont aussi sont au rendez-vous. Amélie, maman de Paul, est venue admirer l’œuvre de son fils : « Les enfants peuvent s'impliquer dans ce projet et revenir voir le résultat. C’est très réussi et très créatif. Et comme ce sont des œuvres éphémères, ça respecte les lieux. »

En bas des escaliers, un couple de riverains s’attarde. Jian Li observe les dessins avec un sourire : « Ça égaye la rue. On dirait que Montmartre respire un peu d’air marin ! »

Dans les coulisses de cette fresque collective aux allures festives, beaucoup de préparation. Avant de venir colorier les marches, les enfants ont esquissé leurs animaux marins, coraux et vagues en atelier. Les équipes d'animation ont créé des pochoirs puis tracé des repères sur les marches que les enfants ont coloriées.

Au centre Francisque Poulbot (18^e), le projet s’est construit au fil des semaines. « Nous avons travaillé tout un trimestre sur les océans », raconte Annette Régine, responsable éducative ville (REV) : sorties à Sea Life et à l’Aquarium tropical, visioconférence avec la directrice du parc marin de la Martinique…

Car sous les dessins naïfs, le message est là : éveiller à la beauté du monde marin, mais aussi à sa fragilité.

Pour Benzerga Khelifa-Zoubir, REV au centre de l’école élémentaire Foyatier (18^e) l’enjeu dépasse l’activité manuelle : « Le thème de la mer est un vecteur. Ce que nous cherchons à transmettre, c’est une culture, une émotion artistique, et une conscience des enjeux liés à la préservation des océans et de l’écologie. L’activité en elle-même n’est qu’un support : ce qui compte, c’est ce qu’elle fait émerger ». Et il conclut, dans un sourire : « C’est de l’art éphémère, qui doit rester juste assez longtemps pour qu’on puisse le voir… mais pas trop non plus. »
Fugitives mais éclatantes, ces fresques colorées auront eu le temps d’imprégner les regards et de faire naître des émotions. Et pourquoi pas, une conscience.