Focus

14-18 : les enfants à la découverte du camp retranché de Paris

Mise à jour le 15/11/2018
Les enfants à la découverte du camp retranché de Paris
11 millions d’équidés, 100 000 chiens, 200 000 pigeons… Ils ont eu un rôle décisif lors de la Grande Guerre. Les combattants de tous bords ont largement évoqué ces compagnons d'infortune qui sont pourtant tombés dans l'oubli.
Cinquante classes découvrent les défenses mises en place pour la Première Guerre mondiale dans les bois proches de la capitale. Reportage à Montmorency (Val-d'Oise) sur cette initiative de l'Office national des forêts et de la Ville de Paris, à l’occasion du centenaire de l’Armistice.
« Bienvenue en forêt domaniale de Montmorency ! » À l'entrée du chemin, une vingtaine d’élèves de CM2 de l’école Saint-Charles (15e) sont rassemblés autour de leur guide du jour : Elisabeth Guichard, animatrice nature à l’Office national des forêts (ONF), mène cette visite très particulière. « Aujourd’hui, on va découvrir des tranchées », explique-t-elle à son jeune public, qui a rejoint le Val-d’Oise en bus scolaire. Livret pédagogique en main, la classe va explorer les traces de la Première Guerre mondiale, en particulier celles de la mémoire du camp retranché de Paris, créé dans plusieurs bois proches de la capitale en 1914, pour protéger la capitale.

Cette initiative originale est le fruit d’un partenariat entre la Ville et l’ONF, à l’occasion du centenaire de l’Armistice. Jusqu’à la fin novembre, une cinquantaine de classes explorent ainsi la forêt de Montmorency et celle de Sénart (Seine-et-Marne).
Pendant deux heures, ils arpentent seulement une petite partie de l'immense forêt de Montmorency (1 972 hectares). Un morceau d'Histoire souvent ignoré.

Découverte en images…

La Première Guerre mondiale ? Un conflit méconnu de ces enfants de 9 à 10 ans. « Ils ont souvent intégré des images de la Seconde Guerre mondiale, notamment par les films de fiction, constate Sandrine Songis, professeure à l'école Saint-Charles. Mais peu connaissent la Première… »

Scarlett et Iris à la découverte des tranchées

Les enfants à la découverte du camp retranché de Paris
Les enfants à la découverte du camp retranché de Paris
Crédit photo : François Grunberg / Mairie de Paris
« Aller sur place est le meilleur moyen de comprendre l'Histoire », estime Sandrine Songis. Une mémoire qui peut sembler lointaine pour des enfants qui grandissent à Paris, un siècle après la fin d'un conflit dévastateur.
« Je suis originaire des Ardennes, confie l'enseignante, et dans ma région la guerre fait partie de notre histoire ».
Avant la sortie en forêt, elle a donc évoqué la Grande Guerre, notamment avec de courtes vidéos pédagogiques. Et certains ont déjà retenu quelques bases : « C'était une guerre entre la France et l'Allemagne, avec d'un côté la Triple Entente, de l'autre la Triple Alliance », expliquent Iris et Scarlett, deux élèves. Mais que s'est-il passé à Paris et aux alentours ? Les deux jeunes filles l'ignorent encore au début de leur périple forestier…

Hugo : « On va voir des mines dans la forêt ? »

Les enfants à la découverte du camp retranché de Paris
Les enfants à la découverte du camp retranché de Paris
Crédit photo : François Grunberg / Mairie de Paris
D'emblée, Hugo interroge : « Est-ce que l'on va voir des mines dans la forêt ? » Pas d'inquiétude, il n'y a pas l'ombre d'une mine ou d'un obus. De 1914 à 1918, les tranchées creusées ici n'ont pas servi aux combats. Ces défenses visaient à protéger Paris en cas d'avancée allemande aux portes de la capitale.
A 9 ans, Hugo – comme tous ses camarades de classe – pose pour la première fois le pied dans la forêt de Montmorency. Un espace naturel magnifique, entretenu par l'ONF qui se charge de sa protection, de l'exploitation mais aussi de l'information au public.
Très vite, il se prend au jeu. Il faut d'abord… s'orienter pour rejoindre le point de départ indiqué sur le livret pédagogique, et repérer le bon chemin. Puis, une fois que le groupe s'est enfoncé dans la forêt, voici une tranchée ! Au premier coup d’œil, difficile de la distinguer, elle est en partie enfouie sous les feuilles.

On a travaillé avec des archéologues locaux pour retrouver ces traces du passé

Elisabeth Guichard
Animatrice nature à l'ONF
« On a travaillé avec des archéologues locaux pour retrouver ces traces du passé », explique Elisabeth Guichard. C'est une technologie de pointe, le LIDAR (Light Detection and Ranging), embarquée à bord d'un avion qui a permis de détecter ces ouvrages militaires.
Visite en forêt des enfants Montmorency
Visite en forêt des enfants Montmorency
Crédit photo : F. Grunberg/Mairie de Paris
Dans la tranchée, « le soldat pouvait tirer sans être vu », explique l'animatrice de l'ONF, qui détaille sa composition (banquette en bas, parapet en haut…) devant un public très curieux. Certains enfants sont en haut du parapet, d'autres au fond.
« On ne pensait pas que les tranchées étaient aussi grandes », confient Iris et Scarlett, impressionnées.

A la découverte des outils des forestiers

La forêt devient un lieu… pédagogique. A travers le travail des soldats et des chasseurs forestiers pendant la guerre, on découvre les outils utilisés : haches, pelles, scies passe-partout, marteau forestier, mais aussi le compas, que plusieurs élèves apprennent à utiliser.
Les enfants à la découverte du camp retranché de Paris
Les enfants à la découverte du camp retranché de Paris
Crédit photo : François Grunberg / Mairie de Paris

Caisses de munitions, hélices et affûts de canon

Car le bois n'a pas été seulement utilisé pour construire des tranchées. Le charme servait ainsi pour les caissons de munitions, le chêne était utilisé pour des affûts de canon. Et le noyer était très utile pour… des hélices d'avion ! Les élèves touchent des échantillons et apprennent à reconnaître les essences.
Les enfants à la découverte du camp retranché de Paris
Les enfants à la découverte du camp retranché de Paris
Crédit photo : François Grunberg / Mairie de Paris
Après deux heures passées sur les traces de 14-18, il est temps de regagner la capitale. Une expérience marquante pour Hugo. En chemin vers le car scolaire, il lâche, pensif : «On ne devrait pas obliger les gens à faire la guerre».

Le camp fortifié après la Grande Guerre

Face aux progrès de l'artillerie et de l'aviation, le camp fortifié de Paris se révèle dépassé: l'armée allemande, pourtant stoppée à 20 km de la capitale, bombarde la ville. Après la Première Guerre, ce système défensif est abandonné.

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