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Les chimères du street artist Codex Urbanus investissent les égouts

Mise à jour le 17/05/2019
Sommaire
Du 2 au 30 juin 2018, la Ville de Paris proposait une résidence dans le Musée des Egouts (7e) à Codex Urbanus. Le street artist parisien, connu pour son bestiaire fantastique dans les rues du 18e, descend dans les entrailles de la ville pour revisiter « Les légendes souterraines ». Nous l’avons rencontré en pleine création.
Habitué à travailler à l’air libre sur des murs qu’il choisit dans le 18e arrondissement, Codex Urbanus est aussi accoutumé à voir ses créatures disparaitre, nettoyées par les services de la ville. C’est pourtant de lui-même qu’il est venu proposer cette intervention au service de la Propreté de Paris qui gère les égouts. « J’avais fait un bestiaire aquatique à l’Aquarium de Paris en 2017. C’est juste en face et un soir alors que j’en revenais, je suis passé devant le kiosque de l’entrée du Musée des égouts et je me suis dit que ce serait marrant de descendre. »

Le bestiaire de Codex Urbanus en images

Murs humides et rugueux

« J’étais déjà venu ici, gosse, mais j’ai refait la visite en essayant de voir si je pourrais travailler sur ces murs humides et rugueux. C’était un challenge pour moi. Alors, j’ai pris contact et envoyé un dossier. Le côté inédit me motivait car ce n’est pas un endroit où l’on voit de l’art habituellement. On m’a dit oui, pour un mois, avant la fermeture du musée pour travaux. » En effet, la Ville de Paris a lancé un projet de rénovation architectural mais aussi muséographique de ce site historique. Pour ce faire, le site fermera ses portes le 30 juin jusqu'au début 2020.

Un peu d'histoire des égouts… et une expo

C’est en 1854 qu’Eugène Belgrand entreprend le vaste chantier d'assainissement dont est issu le réseau d'égouts actuel. Et c’est en 1867 qu’une partie du réseau d’assainissement est rendue accessible au public pour la première fois dans le monde et avec un succès immédiat. Depuis 1975, la visite s’effectue à pied dans un complexe d’ouvrages très variés au niveau du pont de l’Alma. Et du 2 au 30 juin 2018, avant la fermeture pour rénovation, les visiteurs pourront croiser les créatures dessinées par Codex Urbanus sur certains pans de mur.
« Un mois c’est court, mais comparé à une créature faite dans la rue, en vandale, c'est long, dit Codex en riant. C’est vrai je suis effacé par la Propreté de Paris qui fait son boulot et de l’autre côté j’ai été élu talent du 18e par la mairie de mon arrondissement en 2017. Je crois qu'avec 82 millions de touristes à Paris, si on ne veut pas être juste une ville musée, il faut avoir une scène d’art contemporain et ici, la scène du street art est absolument extraordinaire. »

Les mythes urbains

« Ce qui fait l’essence du street art c’est son illégalité, l’immense liberté d’intervenir où bon nous semble. Ici pour le Musée, c’est une autre façon de travailler : une intervention organisée mais en revanche on m’a laissé carte blanche et j’ai imaginé un parcours. J’ai proposé un travail sur les mythes urbains parce que les égouts c’est très porteur d’imaginaire et l’imaginaire c’est mon créneau ! Là, sur le mur où nous sommes, ce sont des animaux aquatiques qui pourraient être venus de l’Aquarium où j’étais l’an dernier. »
créatures du bestiaire de Codex Urbanus
Crédit photo : © François Grunberg / Mairie de Paris
Les conditions particulières des égouts - humidité, inondations récurrentes - font de cette résidence un vrai challenge. « Je suis ici sur des murs que je ne maîtrise pas donc je me laisse la liberté de choisir où je vais dessiner vraiment. Je bosse exceptionnellement à la bombe. Je ne suis vraiment pas graffeur mais par rapport aux conditions des murs, c’est nécessaire. Après je travaille aussi au pinceau et sur ces murs rugueux il y a des coulures, il faut réadapter tout le temps mais c’est stimulant ».
Codex Urbanus au travail
Crédit photo : © François Grunberg / Mairie de Paris

« La Lutèce d’en bas »

Dans le parcours imaginé par Codex, il y aura dix interventions sur de vieux journaux où il propose dix légendes urbaines sur le thème des égouts et pour lesquels il a mixé des récits imaginaires connus et de nouveaux mythes fantastiques créés pour la visite.
« Dans une autre partie, je me suis demandé si les protagonistes de la création des égouts de Paris au XIXe siècle, Haussman et Napoléon III, n’auraient pas pu se faire construire des villas souterraines et des palais au bord des collecteurs donc j’ai créé quatre bâtiments. J’ai appelé ça « La Lutèce d’en bas ». Et bien sûr, il y aura aussi Le bureau secret d’Eugène Belgrand où je vais cacher quelques légendes et chimères. Ce sera une installation dans le cachot ».

Le bureau secret d’Eugène Belgrand

Vue sur le cachot
Crédit photo : © François Grunberg / Mairie de Paris

Eléonore

Enfin, tout le long du parcours, d’étranges créatures vont se balader sur les murs avec un clin d’œil à Eléonore, la femelle crocodile trouvée dans les égouts en 1984. « Pour moi qui fais des hybrides: un crocodile qui se prend pour un rat c’est quand même magique donc il y aura un petit autel à Eléonore, évidemment ! »
Codex Urbanus entrain de peindre "Eléonore"
Crédit photo : © François Grunberg / Mairie de Paris

Et Codex Urbanus ?

« En fait, Codex Urbanus c’est le nom du projet ça veut dire «manuscrit urbain» en latin et c’est ce que j’essaye de faire. Une sorte de grimoire d’animaux fantastiques qui apparaissent dans la ville. Je signais mais les gens n’ont retenu que Codex Urbanus qui est écrit à chaque fois avec la créature et du coup ils m’ont appelé Codex, ça me va très bien !
Je fais des animaux depuis je suis gosse il y en avait dans tous mes cahiers d’écolier et quand je suis passé du papier à la rue, je me suis dit que faire des chimères c’est idéal parce que c’est infini. Je ne sais jamais exactement quelle créature je vais représenter. »
Portrait de Codex Urbanus devant le "Cloaca Caelesta"
Crédit photo : © François Grunberg / Mairie de Paris

Safari urbain

Toutes ses chimères sont numérotées et elles sont toutes différentes. Répertoriées sur son site sous un nom latin qui veut toujours dire quelque chose. « Je bosse principalement dans le 18e parce que j’y vis et il faut qu’il y ait un effet de nombre car chercher les hybrides, c’est un peu comme un safari. On n’est pas sûr de les voir. Quand j’en fais un la nuit, le lendemain, il peut avoir disparu, c’est le jeu ! Mais il faut un endroit où les gens pourront en voir, s’ils prennent le temps d’en chercher. Le fait d’être au milieu de Paris à dessiner des animaux sur les murs, je sais pas ce que les gens à Lascaux ressentaient, mais moi je trouve ça super ! Et dans ces couloirs humides, c’est fabuleux pour moi »
Codex Urbanus devant son Gryllotalpa Fig :324
Crédit photo : © François Grunberg / Mairie de Paris

Retour sur la mythologie souterraine

On laisse le street artist continuer son ouvrage. Il a rapidement fait sien l’univers singulier des égouts et on sent qu’il s’y amuse beaucoup. Les visiteurs auront de nombreuses surprises lors de ce dernier mois d’ouverture au public. Et peut être que ses créatures fantastiques parviendront à échapper aux grands travaux de rénovation. Réponse en 2020.
Musée des égouts
Pont de l'Alma
75007 Paris
Complément d'adresse Face au 93 quai d'Orsay
Métro
Pont de l'Alma, ligne 7
Velib
Station 7022, 3 avenue bosquet Station 8045, face 3 avenue montaigne Station 8046, 2 rue marceau

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