Le saviez-vous ?

C’est au palais de Chaillot que la Déclaration universelle des droits de l'Homme a été proclamée

Mise à jour le 15/02/2024
Le Palais de Chaillot.
Le palais de Chaillot est un projet culturel et démocratique d’envergure, une architecture ouverte sur Paris qui salue la tour Eiffel. Pourtant, on passe souvent devant sans le voir, dans l’ombre de la Dame de fer et des jardins du Trocadéro…

C’est un vestige de l’Exposition universelle de 1937

1937 : Paris se prépare à accueillir, pour la sixième fois, l’Exposition universelle, officiellement nommée Exposition internationale des arts et techniques appliqués à la vie moderne. L’occasion de reconquérir la colline de Chaillot, sur laquelle un palais du Trocadéro de style néo-byzantin trônait depuis 1878.
Les architectes Léon Azéma, Jacques Carlu et Louis-Hippolyte Boileau se chargent du projet : ils décident de créer une esplanade centrale dans l’axe de la tour Eiffel, encadrée par deux pavillons curvilignes au style Art déco affirmé. Place à la pureté des formes avec des édifices plus sobres et massifs, comme les palais de Tokyo et d’Iéna, également construits en 1937 pour l’Exposition universelle et restés en place après.
Bilan de l’événement international : 31 053 700 visiteurs, 52 pays exposants, une superficie totale de 100 hectares de la colline de Chaillot à la place d’Iéna. On y trouvait un parc d’attractions, un train électrique pour circuler et les fontaines illuminées du Trocadéro !

Ses décors extérieurs et intérieurs n’ont aucune unité stylistique

Symbole de l’art figuratif qui s’épanouit à cette époque, le palais de Chaillot est décoré par une quarantaine de sculpteurs, une vingtaine de peintres et un ferronnier d’art. Si les programmes iconographiques et les thèmes à représenter sont bien définis dans les commandes passées aux artistes, architectes et commissions laissent aux sculpteurs et aux peintres toute leur liberté créatrice dans le traitement des sujets.
Mais les délais d’exécution restreints – tout juste un an – ne permettent pas de concertation entre les intervenants… Si bien que l’unité stylistique fait totalement défaut ! Parmi les peintres, par exemple, on trouve aussi bien d’anciens nabis et d’anciens fauves que des peintres de la réalité poétique, des néoréalistes… Au final, cela apporte richesse et diversité au projet.
Parmi les sculptures les plus remarquables : L’Europe d’Hubert Yencesse sur l’aile Passy, hommage du sculpteur à ses maîtres François Pompon et Aristide Maillol ; La Sculpture d’André Abbal, située le long de l’avenue du Président-Wilson ; ou L’Art des jardins de Martin, qui mène le visiteur vers les jardins du Trocadéro.

Paul Belmondo, le sculpteur, a réalisé l’une de ses neuf métopes

Il est l’un des cinq sculpteurs à avoir exécuté les sculptures qui ornent le théâtre, en face des fontaines et de la tour Eiffel. Ces hauts-reliefs en pierre de Bourgogne célèbrent toutes les facettes de l’art théâtral : le Chant, le Drame, la Musique, la Comédie, la Poésie lyrique, la Tragédie, la Poésie épique, la Musique profane. La Danse, réalisée par Paul Belmondo, sculpteur et père de l'acteur, est placée au centre de la composition.

Paul Valéry a composé un poème pour ses quatre frontons

Paul Valéry (1871-1945) était écrivain, philosophe, mais aussi poète. À l’époque de la construction du palais de Chaillot, il est l’un des penseurs phares du pays – élu à l’Académie française, professeur au Collège de France… C’est pourquoi Paul Rivet, directeur du musée de l’Homme dont il est un proche, lui commande quatre citations évoquant les raisons d’être du palais, de la création artistique à la puissance de l’art et des musées, afin de les apposer en lettres d’or sur les quatre frontons des deux pavillons du palais. Ces vers sont imaginés sur mesure :
Dans ces murs voués aux merveilles
J’accueille et garde
Les ouvrages de la main
Prodigieuse de l’artiste
Égale et rivale de sa pensée
L’une n’est rien sans l’autre
Il dépend de celui qui passe
Que je sois tombe ou trésor
Que je parle ou me taise
Ceci ne tient qu’à toi
Ami n’entre pas sans désir
Choses rares ou choses belles
Ici savamment assemblées
Instruisent l’œil à regarder
Comme jamais vues
Toutes choses qui sont au monde.
Tout homme crée sans le savoir
Comme il respire
Mais l’artiste se sent créer
Son acte engage tout son être
Sa peine bien aimée le fortifie

La police de caractères décorative, sans empattement et à construction géométrique, adoptée pour ces citations, s’appelle Peignot. Créée spécialement pour l’occasion, elle casse les habitudes de l’imprimerie et deviendra le symbole du style Art déco.
Les 24 et 25 juillet 1945, les funérailles nationales de Valéry sont célébrées au palais de Chaillot. Un buste lui rend hommage à proximité de l'aile Passy.

La Déclaration universelle des droits de l'homme y a été proclamée

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » C’était il y a soixante-seize ans. Le 10 décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations unies adopte la Déclaration universelle des droits de l'Homme au palais de Chaillot !
Deux ans plus tôt, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ONU, qui vient d’être créée, tient deux sessions extraordinaires dans une salle du théâtre de Chaillot. Pour l’occasion, le palais reçoit un titre d’extraterritorialité temporaire. C’est-à-dire que la France laisse s’exercer l’autorité de l’organisation sur une partie de son territoire propre.
Ce lieu accueillera également, de 1952 à 1960, le siège de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
En 1985, François Mitterrand rebaptise l’esplanade du Trocadéro « le parvis des droits de l’homme ».

Il héberge trois musées, un théâtre et même un aquarium

Le projet d’origine d’Auguste Perret, le bâtisseur de la ville du Havre et spécialiste du béton armé, est de regrouper sur la colline de Chaillot les musées du Luxembourg, de la Marine, du Jeu de paume, Guimet, Jean-Jacques-Henner et Gustave-Moreau pour en faire une Cité des musées à l’allure un peu fourre-tout.
Ne seront retenus au final que trois musées : le musée des Monuments français augmenté en son sein du musée de la Fresque – soixante-dix ans plus tard, il devient Cité de l’architecture et du patrimoine – ; le musée de l’Homme, succédant à l’ancien musée d’Ethnographie et augmenté d’un musée du Folklore ; et le musée de la Marine, qui quitte son premier port d’attache, le Louvre, où il était à l’étroit.
Les ailes anciennes du palais sont doublées, avec plusieurs étages de galeries. Salles d’exposition lumineuses, salles de conférences, bibliothèques, bureaux, réserves et ateliers… Rien n’est laissé au hasard pour faciliter l’expérience des visiteurs.
Pour son Théâtre national populaire, le gouvernement voit grand : le théâtre de Chaillot trouve sa place dans un volume creusé à 21 mètres sous terre, qui reçoit une scène à machinerie et peut accueillir 4 000 spectateurs : escaliers monumentaux, larges vestibules, vaste foyer ouvert par de grandes baies sur la tour Eiffel, l’architecte s’inspire des grandes salles de spectacle nord-américaines.
Quant à l’Aquarium de Paris, aussi appelé Cinéaqua – et historiquement Aquarium du Trocadéro –, il a été construit en 1867, ce qui fait de lui le premier aquarium du monde. Fermé en 1985 pour raison de vétusté, il a été rouvert en 2006.
À noter que, de 1963 à 2005, l’aile de Paris du palais de Chaillot a également logé la Cinémathèque française avant son déménagement à Bercy (12e).
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