C’est une idée belle et utile; contribuer au nettoyage du canal Saint Martin par l’installation de radeaux végétalisés le long de ses quais. Et un projet enthousiasmant pour les Parisiens qui l'ont sélectionné au Budget Participatif 2017 du 10e arrondissement. Ces petites sphères de biodiversité pourraient voir le jour à la fin de l’été. Katarina Dear nous explique son projet.

Les radeaux végétalisés sont nés de l’imagination de Katarina Dear. Habitante du 10e arrondissement de Paris, impliquée dans de nombreuses associations depuis des années, elle voulait créer quelque chose pour sa ville. En regardant couler la Seine, au bord du canal Saint Martin, elle a trouvé l’inspiration. L’eau qui traverse sa ville, omniprésente dans sa vie, elle a voulu la rendre plus pure. Elle a donc imaginé des radeaux végétalisés à installer tout le long du canal.

Matériellement, les radeaux pourraient faire 50 mètres de long sur 1 mètre de large, installés en discontinu, à la fois pour respecter les règles de la navigation sur le canal et aussi laisser la possibilité aux péniches de s’amarrer. « On y trouverait des roseaux bien sûr, ce sont les plantes les plus associés au bassin en général dans la tête des gens, nous raconte Katarina «mais on peut aussi y joindre des Iris, de la menthe poivrée, par exemple. L’idée sera de composer un mélange de plantes qui permettent aussi de fleurir ou de continuer à vivre en toute saison, pour que l’ensemble reste harmonieux, même au cœur de l’hiver."

Le projet déposé en février 2017 par Katarina sur la plateforme du Budget Participatif a passé la première phase de validation de sa faisabilité par la ville de Paris. Il a alors été soumis au vote des Parisiens et est arrivé deuxième de tous les projets proposés dans le 10e arrondissement. Pour Katarina, cela a été une merveilleuse surprise. « J’étais tellement heureuse pour le projet bien sûr mais aussi de constater que la problématique intéressait les Parisiens et qu’on pouvait se rejoindre sur mes objectifs qui sont de réintégrer la nature en ville en ajoutant des espaces verts, de lutter contre la pollution et de favoriser et préserver la biodiversité. Resté connecté avec la nature cela a le pouvoir de réduire le stress, c’est donc aussi bon pour l’être humain.»

"Si l’idée de dépolluer par les plantes n’est pas totalement inédite, justement elle a fait ses preuves, nous dit en souriant Katarina et à Paris, cela n’existe pas encore. Alors évidemment pour un résultat optimal, il faudrait 1/3 de plantes pour 2/3 d’eau. Nous n’y parviendrons pas avec les contraintes techniques et de navigation sur le canal. Mais cela apportera quand même une amélioration et pour la faune et la flore ce sont des espaces de repos nécessaires en ville."

Et parce que son ambition d’introduire la nature en ville est plus large que ce seul projet de radeaux, Katarina a créé l’association Nature&Us qui comprend aujourd’hui 6 permanents. Ils travaillent à monter des partenariats avec des scientifiques mais aussi des urbanistes et des ingénieurs pour travailler à imaginer toujours plus de projets de végétalisation et aussi de dépollution de l’eau ou de l’air.

Katarina fait aussi partie des dix Françaises porteuses de projets sur l'environnement qui ont été désignées en octobre 2017, dans le cadre de l'initiative Women4climate, un programme émanant du C40 et dont l’objectif est d’essaimer dans d’autres pays. « Mexico a déjà lancé son programme sur le même modèle raconte Katarina. D’ici 2020 nous serons 500 femmes porteuses de projets pour l’environnement. C’est une immense fierté d’en faire partie et d’appartenir à ce réseau qui fait découvrir d’autres projets et d’autres femmes, en France mais aussi bientôt à travers le monde.»

Alors pour en revenir à Paris, à quand l’installation de ces radeaux? «Pour l’instant nous sommes au stade de la répartition des rôles avec la Ville de Paris, nous allons faire la réalisation de concert. Cela prend un peu de temps de tout coordonner.»

Encore un peu de patience pour voir fleurir ces jolis îlots le long des canaux!