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Ces professionnels essentiels au quotidien des Parisiens

Mise à jour le 17/04/2020
Equipe de la Belle Bête
Ces Parisiennes et ces Parisiens ont, malgré le confinement et l'épidémie de coronavirus, poursuivi leurs activités professionnelles, essentielles à plusieurs titres. Soignante ou gardienne d'immeuble, artisan-boucher ou ambulancier, Cécile, Sébastien, Sylvie et Ravi nous racontent leur quotidien au plus près des Parisiens en ces temps de crise sanitaire.

Cécile, interne en anesthésie-réanimation, fait "simplement" son travail

Cécile Armougom, 27 ans, habite le 12e arrondissement et travaille actuellement à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (13e). Elle témoigne de ses 90 heures de travail hebdomadaire.
Cécile Armougom,interne en anesthésie-reanimation
Cécile Armougom, interne en anesthésie-réanimation
Crédit photo : DR
« Notre mission est de prendre en charge tous les patients qui sortent du bloc opératoire et qui ont besoin d'une réanimation. Depuis 4 semaines, dans mon unité, nous avons 14 patients avec des profils tous similaires : tous sont des patients intubés et ventilés qui ont été touchés par le Covid-19. Pour entrer dans la chambre d'une personne malade, nous nous habillons de la tête au pied, avec sur-blouse, gants et lunettes de protection, en plus de la charlotte et du masque que nous portons en permanence. C'est devenu une habitude, cela ne prend pas plus d'une minute.

Les remerciements des Parisiens? Cela fait très plaisir d'être reconnue pour son travail, même si je n'ai pas l'impression d'être au front ou de risquer ma vie comme un policier ou un pompier.

Cécile Armougom
interne en anesthésie-réanimation, hôpital de la Pitié-Salpêtrière (13e)
Je travaille 90 heures par semaine, avec 3 gardes de 24 heures et 2 journées de 12 heures. La nuit, je gère mes patients seule, avec l'appui d'un médecin senior si nécessaire. Avant l'arrivée du coronavirus, je faisais déjà 60 heures par semaine avec de nombreuses gardes. Bien sûr, il y a de la fatigue, mais je suis contente de retrouver mes collègues à l'hôpital, surtout en cette période de confinement.
Les remerciements des Parisiens? Cela fait très plaisir d'être reconnue pour son travail, même si je n'ai pas l'impression d'être au front ou de risquer ma vie comme un policier ou un pompier peuvent le faire. Je fais simplement mon travail. J'espère que les gens vont prendre conscience avec cette crise de l'importance de l'hôpital public, et qu'il est essentiel de pouvoir être soigné quel que soit son niveau social. J'espère aussi que cet intérêt pour nos missions va perdurer après la fin de l'épidémie. »

Sébastien, artisan-boucher, entretient la solidarité

Sébastien Martin est artisan boucher à la Belle Bête, 59, rue Oberkampf (11e). Depuis le début du confinement, il maintient son activité avec ses quatre employés. Il propose aussi différents services pour aider ses clients ainsi que les personnes dans le besoin.
Sébastien Martin et son équipe de la boucherie La Belle Bête
Sébastien Martin (tout à gauche) et son équipe de la boucherie La Belle Bête.
Crédit photo : Droits réservés
« On a de la chance, on travaille ! Même si on est un peu fatigués, on ne va pas se plaindre. Ce qui a été le plus compliqué au départ, c’est de savoir comment nous protéger et protéger nos clients. J’ai un employé de 23 ans qui vit avec sa maman, il rentre chez lui chaque soir en ayant peur de la contaminer, s'il était atteint. J’avais commandé des masques sur internet, dès le départ. Ils ont fini par arriver.
Aujourd’hui, nous avons tout mis en place pour assurer les gestes barrières : protection de la caisse avec du plexiglass, un client à la fois dans le magasin et comme nous avons des points d’eau dans le magasin, lavage des mains, tout le temps. Ici, la clientèle est très disciplinée, alors c’est plus facile.

Nous avons décidé de faire des paniers solidaires avec de bons steaks ou de bons poulets rôtis pour les familles qui en ont besoin.

Sébastien Martin
Artisan-boucher dans le 11e
Finalement, nous ne perdrons pas d’argent. Nous avons même plus de clients qu’avant. Nous avons sorti notre machine de mise sous vide pour pouvoir proposer des produits consommables à 15 jours.
Beaucoup de personnes viennent faire des courses pour les autres. Nous-mêmes, nous assurons soit des préparations de commandes, soit des livraisons aux personnes isolées ou âgées. Ce qui me touche d’ailleurs, c’est la solidarité en ce moment. Quand je vais dans les immeubles pour livrer, je vois beaucoup de petits mots qui proposent des services.
Quant à nous, nous avons décidé de faire des paniers solidaires avec de bons steaks ou de bons poulets rôtis pour les familles qui en ont besoin. Nous avons mis en place un lien avec la paroisse Saint-Ambroise et des bénévoles passent les chercher. Nous en faisons aussi pour des hôtels sociaux du quartier. Ici, tout est fait ou préparé maison. Si cela peut apporter un peu de réconfort, c’est bon à prendre. J’aimerais d’ailleurs encourager les autres commerces ouverts dans ma rue à faire des paniers communs, avec nous. »

Sylvie, gardienne d'immeuble aux petits soins avec les plus âgés

Dans le métier depuis vingt-cinq ans, Sylvie Bazin gère un immeuble du bailleur Elogie-Siemp de 80 logements boulevard Soult (12e). Depuis le début de la crise sanitaire, elle veille sur l'immeuble et ses résidents les plus âgés.
Gardienne d'immeuble pendant la pandémie
Sylvie est attentive à tous ses locataires, notamment les plus isolés.
« Dès le début de la crise sanitaire, j'ai apposé dans les parties communes les affiches des gestes barrières et des Voisins Solidaires. Puis j'ai mis en place un système pour communiquer avec tous les locataires, en créant un groupe de destinataires avec tous les habitants. Je leur envoie des e-mails, ils doivent me répondre et me donner des nouvelles trois fois par semaine. On s'envoie aussi des choses rigolotes sur ce groupe. Et pour ceux qui n'ont pas internet, je les appelle. Avec les personnes âgées, je fais attention à ne jamais prononcer le nom de la maladie. Je demande plutôt si la santé va bien, on parle de la pluie et du beau temps. Les seniors savent qu'ils peuvent me téléphoner s'ils en ont besoin.

J'essaye de faire de mon mieux à mon niveau pour prendre bien soin de l'immeuble et de mes locataires les plus âgés. Même s'il y a des hauts et des bas, ensemble, on garde le moral!

Sylvie Bazin
gardienne d'immeuble dans le 12e
De mon côté, j'échange avec les autres gardiens d'immeuble. Nous avons créé un groupe Whatsapp au début de la crise sanitaire pour s'échanger les dernières nouvelles. Tous les jours, je désinfecte toutes les poignées, boutons de lumière, d'ascenseur, et autres digicodes avec des produits adaptés. J'essaye de faire de mon mieux à mon niveau pour prendre bien soin de l'immeuble et de mes locataires les plus âgés. Même s'il y a des hauts et des bas, ensemble, on garde le moral ! Et puis, j'ai tout le temps la pêche. J'ai 18 ans dans la tête, 51 ans dans les baskets ! »

Ravi, ambulancier, transporte les personnes guéries à leur domicile

Ravi Kumar, 34 ans, est ambulancier et chef d’entreprise à Paris et dans la région parisienne depuis plus de 13 ans. Membre du réseau Carius, il explique les effets de la crise sur son travail et celui de ses employés.
Ravi Kumar, ambulancier à Paris depuis 13 ans
Ravi Kumar, ambulancier, membre du réseau Carius.
Crédit photo : DR
« Actuellement, nous partageons le travail entre tous les salariés, afin de ne pas avoir recours au chômage partiel, qui ne leur permettrait pas de vivre correctement. Nous voulons également nous rendre utiles, même si nous ne sommes pas tout à fait en première ligne. Ce n’est pas nous qui amenons les patients à l’hôpital. En revanche, nous sommes en première ligne pour les retours à domicile. Ça nous encourage, car on se dit que ce sont des patients qui sont guéris.
Faire partie du groupe Carius nous a aidés à mieux nous adapter : nous avons pu faire des achats groupés auprès des fournisseurs partenaires pour obtenir des tenues de protection, des masques et du gel hydroalcoolique. Nous avons trouvé des tenues anti-amiante qui peuvent nous protéger, ce n’est pas l’idéal, mais nous n'avons pas d’autre choix.

Avec cette crise, j’espère que nous prendrons conscience qu’en intégrant les gestes barrières dans notre quotidien, il y aura moins de malades, y compris de la grippe et de la gastro-entérite.

Ravi Kumar
ambulancier, membre du réseau carius
De plus, grâce au groupe, nous partageons entre collègues nos savoir-faire et des conseils d’amélioration via un forum. Ce sont par exemple des idées de campagne à mener auprès des patients pour rappeler les gestes barrières et leur importance avec des affiches ou des vidéos. Ou encore des appels passés aux garagistes pour obtenir des protections pour les volants et les leviers de vitesse. Faire partie d’un groupe nous rend plus forts et nous permet de travailler plus sereinement.
Notre relation avec les patients a évolué positivement. Ils sont plus indulgents lorsque nous avons du retard car ils comprennent que nous devons respecter les protocoles de désinfection pour leur sécurité et la nôtre. Avec cette crise, j’espère que nous prendrons conscience qu’en intégrant les gestes barrières dans notre quotidien, il y aura moins de malades, y compris de la grippe et de la gastro-entérite. En continuant de respecter les gestes barrières appris aujourd’hui, nous éviterons beaucoup plus de morts dues à d’autres maladies à l’avenir. »

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