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Ces personnalités portugaises auxquelles Paris rend hommage

Mise à jour le 04/04/2024
Cette année 2024 marque les 50 ans de la révolution des Œillets, nom donné aux événements qui ont entraîné la chute de la dictature salazariste au Portugal. Alors que Paris se prépare à célébrer cet anniversaire, partons à la rencontre de ces poètes, écrivains, chanteurs ou explorateurs lusitaniens immortalisés par la Ville.

Deux rues pour deux grands explorateurs

En 1498, six ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, le Portugais Vasco de Gama (vers 1460-1524) ouvre une route maritime entre l’Europe occidentale et l’Orient. Il devient ainsi le premier Européen à atteindre l’Inde en contournant l’Afrique par la mer. Ce grand navigateur a une rue à son nom dans le 15e arrondissement depuis 1904.
Quant à la rue Magellan (8e), dénommée ainsi en 1867, elle rend hommage à un autre grand explorateur portugais (vers 1480-1521), dont on dit qu’il est le premier à avoir réalisé le tour du monde. Son expédition, débutée en 1519, l’a mené le long de la côte atlantique de l’Amérique du Sud, où il trouve un passage vers l’océan Pacifique qui porte son nom : le détroit de Magellan.

Des hommages à des poètes et écrivains

Statue Printemps des poètes, ici celle de Luís Vaz de Camões
Statue de Luís Vaz de Camões, alias Le Camoëns (16e)
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris
Au Portugal, il est l’équivalent de Molière pour les Français ou de Shakespeare pour les Anglais ! Au point que le jour de sa mort, le 10 juin, est devenu la fête nationale portugaise : Le Camöens (vers 1524-1580) est l’auteur de poèmes dans la tradition médiévale (redondilhas) et de sonnets inspirés de la Renaissance italienne. Son œuvre majeure, Les Lusiades, à l’instar de l’Iliade pour la Grèce antique, raconte et glorifie le destin de la nation et de l’empire portugais.
Son statut d’auteur culte lui valait bien une avenue à Paris, dans le 16e, dénommée ainsi en 1904. En 1987, les escaliers du bas de la voie accueillent le buste du poète, sculpté par l’artiste portugaise Clara Menerès. Cette œuvre représente Le Camöens entouré d’une épée, d’un carnet et d’une plume. Les armoiries du Portugal sont également reproduites sur le socle.
Les Lusiades (chant premier XXIV)
Immortels habitants du lumineux Empire,
Du Firmament serein, du Pôle de splendeur,
Vous vous rappelez tous sans l’entendre redire,
Que des forts Lusitains la brillante valeur
À de hauts faits sans nombre illustré leur histoire,
Et que ce peuple aura par la Loi des Destins
Un grandiose avenir effaçant la mémoire
Des Assyriens, des Grecs, des Persans et Romains.

António Nobre (1867-1900) est un poète « de l’exil » portugais. Il a publié un seul recueil, , paru à Paris en 1892, où il évoque la Seine, le boul’ Mich’ et quelques brasseries de l’époque. Entre 1890 et 1891, il vit à différentes adresses dans le Quartier latin : rue des Écoles, boulevard Saint-Michel, rue Racine… Il y croise Paul Verlaine, Sarah Bernhardt ou Réjane. Mais c’est au 12, rue de la Sorbonne (5e) qu’il reste le plus longtemps et c’est sur cette façade qu’une plaque commémorative lui rend hommage.
Les Portugais à Paris, rue de Douai, Mario de Sa-Carneiro.
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris
Mário de Sá-Carneiro (1890-1916), poète et écrivain portugais, est considéré comme l’un des principaux représentants du courant symboliste et de « l’école du désenchantement ». Une plaque commémorative a été posée sur la façade de l’hôtel où il s’est suicidé au 29, rue Victor-Massé (9e).
Le Conseil de Paris de février 2024 a décidé d’attribuer la dénomination Agustina Bessa-Luís à la bibliothèque Courcelles (8e). L’inauguration aura lieu prochainement. Agustina Bessa-Luís (1922-2019), l’une des écrivaines contemporaines les plus titrées au Portugal, a rédigé des romans et des pièces de théâtre, mais aussi des biographies, des essais et des livres pour enfants. Ses sujets de prédilection tournent autour de la condition sociale et culturelle des Portugais ainsi que de la révolution des Œillets.

Des artistes engagés amoureux de Paris

Amalia Rodrigues (1920-1999), chanteuse portugaise. Paris, janvier 1959.
Amália Rodrigues à Paris, janvier 1959
Crédit photo : Roger Berson / Roger-Viollet;
Surnommée la Reine du fado, Amália Rodrigues (1920-1999) a enregistré plus de 170 disques en quarante ans de carrière. Elle a influencé l’ensemble de la musique portugaise. L’artiste a aussi été une ambassadrice culturelle majeure du Portugal. Elle qui chantait tant dans sa langue maternelle qu’en italien, en espagnol, en anglais ou en français s’est notamment produite à plusieurs reprises à l’Olympia (9e). La promenade Amalia-Rodrigues, qui porte ce nom depuis 2010, est le plus grand square du 19e.
Depuis 2013, une rue du 14e – quartier historique des artistes européens – est dédiée à la peintre Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992). La jeune femme débarque à l’âge de 20 ans à Paris, où elle poursuit sa formation à l’académie de la Grande-Chaumière (6e), notamment auprès du sculpteur Antoine Bourdelle, puis elle ouvre son propre atelier au 34, rue de l’Abbé-Carton (14e). Dès 1935 et sa première exposition – et encore aujourd’hui –, elle est soutenue par la galerie Jeanne Bucher Jaeger (Paris Centre).
Considérée comme l’une des chefs de file de l’art abstrait d’après-guerre, elle a reçu de nombreuses distinctions, tel le Grand Prix national des arts du gouvernement français en 1966 (première femme à être récompensée). Décorée de la Légion d’honneur en 1979, elle décède à Paris douze ans plus tard. Plusieurs de ses œuvres sont exposées au musée d’Art moderne de Paris (16e) et au Centre Pompidou (Paris Centre).

Des personnalités politiques d’envergure

Promenade Aristides de Sousa Mendes
Promenade Aristides-de-Sousa-Mendes (17e)
Crédit photo : Joséphine Brueder/Ville de Paris
En 1940, au moment de la débâcle française, Aristides de Sousa Mendes (1885-1954) était diplomate, en poste à Bordeaux. Il refuse alors de suivre les ordres du régime portugais et délivre sans distinction plusieurs milliers de visas aux personnes menacées souhaitant fuir la France, dont des femmes et des hommes de confession juive, les sauvant ainsi de l’extermination. Le gouvernement de Salazar prend par conséquent des mesures disciplinaires contre lui.
En 1966, le mémorial de Yad Vashem en Israël l’a honoré du titre de « Juste parmi les nations ». Vingt ans plus tard, la République portugaise décide de le réhabiliter, puis de le faire entrer au Panthéon national du Portugal, à Lisbonne, en 2021. En septembre 2022, la maire de Paris et le maire de Lisbonne ont inauguré une promenade en l’honneur de ce résistant héroïque sur le boulevard des Batignolles (17e).
Mario Soares (1924-2017), en visite en France.
Mário Soares (1924-2017), en visite en France
Crédit photo : Roger-Viollet / Roger-Viollet
Mário Soares aurait eu 100 ans en 2024. Cet homme d’État portugais de premier plan, considéré comme le père de la démocratie dans son pays, a trouvé refuge en France entre 1970 et 1974 pour échapper à la dictature de Salazar. Pendant cette période, il fonde une librairie portugaise d’opposition, rue Gay-Lussac (5e), et vit dans un studio au 17, boulevard Garibaldi (13e), où une plaque devrait être prochainement apposée par la Ville de Paris.
À son retour au Portugal, au moment de la révolution des Œillets, il participe au gouvernement provisoire en tant que ministre. Mário Soares est ensuite nommé Premier ministre du Portugal de 1976 à 1978 puis de 1983 à 1985, avant d’être élu président du Portugal de mars 1986 à mars 1996.

Sa capitale et son peuple ne sont pas oubliés

Les Portugais à Paris, rue de Lisbonne.
Rue de Lisbonne (8e)
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris
Lisbonne, capitale pleine de charme du Portugal, a donné son nom à une rue parisienne du 8e dès 1826, tandis que le fleuve qui traverse le pays, le Tage, est mis à l’honneur avec une voie du 13e en 1877. Ce n’est qu’en 1918 qu’une avenue des Portugais, située dans le 16e, rend hommage à l’ensemble de son peuple en mémoire des 30 000 combattants portugais de la Grande Guerre.
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