En arrivant par l'arrière de l'Accor Arena, une grande pelouse permet farniente et détente. Au centre, « les parterres » évoquent les jardins aristocratiques de l’ancien château de Bercy. Ce château édifié au XVII^e siècle, dont la splendeur, dit-on, égalait celle de Versailles, possédait des jardins descendant en terrasses jusqu’à la Seine. Il appartenait à Charles Henri de Malon, seigneur marquis de Bercy, qui a donné le nom au quartier. Aujourd'hui, labyrinthe végétal, roseraie, jardin des senteurs, potager, verger, treilles et vignes sont autant de plaisirs pour les yeux et l'odorat.

La dernière partie du parc, coupée en deux par la rue Joseph-Kessel que l'on enjambe grâce à deux passerelles, est un « jardin romantique » qui s’organise autour d’un canal, d'une île, d'une grotte et de cascades. Cette partie du parc offre un paysage plus rafraîchissant encore, avec ses bassins fréquentés par les canards, et au centre de l'un d'entre eux, une étonnante sculpture baptisée « Demeure X » et entourée de nénuphars.

En vous promenant dans les allées pavées du jardin central, vous remarquerez sûrement d'anciens rails au sol. Eh oui, ici roulaient les wagons-citernes acheminant du vin vers les entrepôts qui constituaient au XIX^e siècle le plus grand centre mondial de négoce en vin et spiritueux. Le breuvage arrivait par bateau depuis la Bourgogne, sur les quais de Seine, et était transporté depuis la gare de la Rapée, aujourd’hui disparue.

C'est sous Louis XIV que fut ouvert le premier entrepôt de vin qui marqua le début de trois siècles d'activité. Dans le village de Bercy, situé alors sur la commune de Charenton, les marchands de vin profitaient de l'absence de taxes, dont devaient s'acquitter les marchands pour pénétrer dans Paris, et de la proximité de la capitale. On l'appelait le joyeux Bercy. Les dimanches et jours de fête, des joutes ou des feux d'artifice animaient le rivage.

Après l’annexion de la commune par Paris, en 1860, Napoléon III charge Viollet-Le-Duc d’organiser ce qui va devenir, sur 42 hectares, le principal site de stockage des vins de la ville, desservi par le train. Avec la destruction des fortifications de Thiers (1920-1929), l'activité des entrepôts commença à décliner au XX^e siècle, une partie ayant disparu, et l'activité cessa définitivement dans les années 1950.

Le quartier fait encore chanter ce passé vinicole avec les rues Pommard, Chablis, Mâcon et bien sûr, la Cour Saint-Émilion. Dans le parc lui-même, d'anciens bâtiments ont été conservés. Côté Bercy Village, la Maison du Lac, qui abrite aujourd'hui l'Agence Parisienne du Climat, était l'ancien poste des gardes de l'entrepôt. La Maison du Jardinage était un ancien bureau de perception des taxes. Quant au chai de Bercy, aujourd'hui devenu un lieu d'expositions, il abritait une chaîne d'embouteillage.

Et naturellement, vous y verrez une vigne vendangée chaque année, qui produit près de 250 litres de vin par an. D'ailleurs, connaissez-vous les autres vignes de Paris ?

Dans le jardin, impossible de manquer cette belle demeure héritée du passé, qui abrite depuis 1997 la Maison du jardinage. Ici sont bienvenus débutants et passionnés, porteurs de projet de jardins partagés ou de végétalisation, pour des ateliers, conférences ou formations. Le lieu possède aussi une bibliothèque spécialisée, une magnifique serre et un potager écologique.

Ce potager entouré de vignes est accessible aux heures d’ouverture du parc de Bercy. S'y affairent les participants inscrits aux ateliers, les enfants des écoles et leurs enseignants, et l'équipe de la Maison. On est prié de ne pas récolter les fruits (et légumes) de leur labeur !

Le parc de Bercy tient une place importante dans le développement de la biodiversité à Paris. Lors de sa construction en 1993, près de 200 arbres centenaires ont été préservés et 1200 nouveaux ont été plantés. On y admire de beaux platanes, marronniers, érables et sycomores. Ces vieux arbres, les nombreux massifs arbustifs, les plans d’eau végétalisés et la diversité de la flore offrent à la faune sauvage abris, lieux de reproduction et zones de repos pour de nombreuses espèces animales. L’absence de produits phytosanitaires, le nectar et le pollen des plantes fleuries attirent de nombreux insectes pollinisateurs.

On a pu observer au moins un couple de pics verts, oiseau arboricole peu commun dans Paris intra-muros. Le pic vert niche dans les cavités des vieux platanes et cherche des invertébrés dans les pelouses du parc.

Une rousserolle effarvatte, oiseau très rare dans Paris intra-muros, a déjà niché dans les massifs de roseaux du parc (en face de l’Agence Parisienne du Climat), plante aquatique typique des marais. D'ailleurs, ce plan d’eau végétalisé couvert de nénuphars et de roseaux fait le bonheur des odonates (libellules et demoiselles), hérons cendrés, canards colverts ou gallinule poule d’eau.

La situation du parc en bords de Seine et aux portes de Paris, la densité et la diversité de sa végétation en font aussi un parc accueillant pour des espèces migratrices, comme le pouillot véloce, la fauvette à tête noire ou le rougegorge. Si vous avez envie de les observer, ne ratez pas cette balade (sur inscriptions) !

Le parc de Bercy accueille aussi quelques sculptures étonnantes, dont une du célèbre architecte et designer brésilien Oscar Niemeyer (voir le diaporama ci-dessous).

Notre coup de cœur va aux « Enfants du Monde », sculptures en bronze réalisées par l'artiste Rachid Khimoune. Quand vous vous trouvez sur la pelouse, continuez tout droit vers la Seine, gravissez les marches en longeant la fontaine toboggan et arrêtez-vous sur le talus. Vous y rencontrerez Marie Carmen l'Espagnole, Felipo le Mexicain ou encore Jim le New-Yorkais. En tout, 21 statues d'enfants composent un ensemble de créations insolites et un parcours ludique.

Particularité notable : elles ont été créées à partir d'éléments des rues, pavés, plaques d'égout, grilles d'arbre, rapportées expressément de chaque pays pour les habiller en hommage aux enfants que l'artiste a rencontrés dans chaque pays. Certains ont perdu leur plaque, l'occasion de vous amuser à leur trouver un prénom et leur origine grâce à leur costume d'acier ! Toute une jolie histoire à lire sur le site du sculpteur.

Un panneau indique l'origine de ces ruines quelque peu surprenantes. Il s'agit de ruines reconstituées de la "folie" du duc de Gesvres, acquise en 1708 par le contrôleur général Philibert Orry. Elle prit le nom de Petit-château pour la distinguer du château évoqué plus haut dans cet article. Au XVIII^e siècle, le terme "folie" désigne une petite maison luxueuse mais discrète où des hommes fortunés reçoivent maîtresses et courtisanes… Certains voient d'ailleurs dans ces ruines le tracé d'une ancienne chambre ! On laisse cela à votre appréciation. Elles sont, quoiqu'il en soit, les derniers témoins des nobles résidences qui se trouvaient à l'emplacement de l'actuel parc.

Le parc de Bercy est bien entouré, si vous êtes passionné de cinéma. Côté grande prairie, ne manquez pas la riche programmation de films, ateliers et expositions de la Cinémathèque française, installée ici depuis 2005. La bibliothèque et le musée sont ouverts à certaines heures au mois d'août. Fermeture estivale de la Cinémathèque, réouverture le 30 août. Voir le calendrier.

Le bâtiment a été conçu en 1994 par l’architecte américain Frank O. Gehry, à qui l'on doit plus récemment la Fondation Louis Vuitton dans le bois de Boulogne. Le lieu accueillait auparavant le Centre américain de Paris, une institution culturelle et artistique.

Si vous êtes fan d'un cinéma plus actuel, un immense complexe de cinémas vous attend à Bercy Village, à l'autre extrémité du parc.

Le parc a été réalisé entre 1993 et 1997, par les architectes Bernard Huet, Madeleine Ferrand, Jean-Pierre Feugas, Bernard Leroy et les paysagistes Ian Le Caisne et Philippe Raguin.

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