Première année positive pour la salle de consommation à moindre risque

Actualité

Mise à jour le 13/10/2017

Salle de consommation à moindre risque
L'Espace Gaïa aide depuis un an les usagers de drogues dans le quartier de la gare du Nord (10e). Reportage sur ce dispositif de santé publique, unique dans son genre dans la capitale, qui assure un suivi social de personnes souvent en grande précarité.
Jour après jour, l'Espace Gaïa fait son nid. «L’idée était d’absorber un maximum des consommations qui avaient lieu dans l’espace public, explique Céline Debaulieu, coordinatrice de la salle de consommation à moindre risque, installée dans l'enceinte de l'hôpital Lariboisière (10e). Un an après notre ouverture – en octobre 2016 – cet objectif est atteint : les usagers de drogues viennent en nombre à la salle. 800 personnes y sont inscrites et plus de 53.000 consommations s’y sont déroulées, soit autant de consommations en moins sur l’espace public». 165 actes de consommation sont comptabilisés chaque jour dans la salle.

Comment fonctionne l'Espace Gaïa au quotidien?

Un accompagnement médical et social

Premier objectif : réduire les risques d'infections ou de surdosage. Les 800 usagers de drogues inscrits à la salle «s'injectent en majorité des médicaments opiacés», précise Gurvan Le Bourhis, infirmier à l'Espace Gaïa.
Tout le matériel (seringues, cups…) disponible est stérile et à usage unique, mais aucun produit stupéfiant n'est fourni. «Personne ne ressort avec du matériel pour éviter tout risque de contamination», insiste Gurvan Le Bourhis.
Des dépistages rapides du VIH ou de l'hépatite C sont également possibles sur place.
Espace Gaïa, salle de consommation à moindre risque

Aider des personnes en rupture de droits

Autre spécificité de l'Espace Gaïa : un accompagnement social pour des personnes en grande précarité. «Beaucoup sont sans domicile, en rupture de droits», explique Mathieu Lovera, éducateur. L'équipe les aide ainsi à refaire des papiers d'identité et dans de multiples démarches : demande d'hébergement, de domiciliation, de RSA… Et un accès à la Sécurité sociale. Des permanences de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) sont assurées sur place. «C'est un accueil personnalisé, par exemple pour une demande de CMU, de carte Vitale, précise Andréa, salariée de la CPAM. On peut aussi les accompagner nous-mêmes pour des démarches».

Réduire les nuisances sur l'espace public

L'Espace Gaïa a été créé dans un quartier où l’usage de drogues entraîne des troubles à l'ordre public. Plus de 53.000 consommations ont été réalisées à l'intérieur de la salle, ce qui a réduit d'autant celles qui avaient lieu à l'extérieur : dans les halls d'immeubles, les sanisettes…
Depuis un an, l’équipe de l’Espace Gaïa a effectué 200 maraudes de médiation sociale dans le quartier. Objectif : rencontrer les usagers de drogues qui ne fréquentent pas encore la salle, mais aussi les riverains, les commerçants… À partir de la mi-octobre, ces maraudes seront réalisées 7 jours sur 7.
Les forces de police patrouillent quotidiennement dans le secteur, avec des équipes dédiées et l'utilisation de caméras de vidéo protection. Plus de 4.300 personnes ont ainsi fait l’objet d’un contrôle de police, dont environ un tiers (1.453) relevaient d'une infraction pénale.
Autre initiative : un comité de voisinage. Piloté par le maire du 10e arrondissement, il s'est déjà réuni à sept reprises : il rassemble l’association Gaïa-Paris, des représentants de riverains, les adjoints à la maire de Paris (sécurité et santé), les élus de l’arrondissement, les institutions santé (ARS…), le chef de projet Mildeca, les associations de RdRD (réduction des risques et des dommages), le commissariat de police, la préfecture de police, la justice, les agents de la Ville et les entreprises et services publics impactés par la consommation de drogues dans l’espace public.

Il permet notamment d'informer sur le fonctionnement de la salle et de relayer les préoccupations des riverains,
Tous les comptes rendus du comité sont publiés sur le site de la mairie du 10e arrondissement.

Des visites de l'Espace Gaïa, accessible à tous, sont organisées mensuellement (le premier jeudi du mois de 10h à 12h30) pour découvrir les lieux, en dehors des horaires d'ouverture de la salle. Accès sans réservation préalable.

Des salles présentes dans 10 pays

En octobre 2016, la France rejoignait la dizaine de pays où sont déjà implantées des salles de consommation à moindre risque (SCMR). La première a ouvert à Berne (Suisse) en 1986. Au total (chiffre de septembre 2017), il existe 95 SCMR dans le monde. À noter que la plupart des pays ont multiplié les ouvertures de salles après une première expérience réussie.
Quelques exemples :
- 1986 : première SCMR en Suisse, 12 existent actuellement
- 1994 : première SCMR en Allemagne, elles sont 25 en 2017
- 2001 : première SCMR en Australie

- 2001 : première SCMR en Espagne, 12 actuellement
- 2002 : première SCMR au Canada, 5 actuellement
- 2012 : première SCMR au Danemark, 5 actuellement

- 2016 : deux premières SCMR en France (Paris et Strasbourg)

L'Espace Gaïa Paris en pratique

La salle est ouverte 7 jours sur 7, de 13h30 à 20h30. Accès réservé aux personnes majeures.
4, rue Ambroise-Paré (10e). Métro et RER : Gare du Nord