Paris face au défi climatique : les progrès sont là !

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Mise à jour le 27/05/2025

Le Parc André Citroën.
Depuis plusieurs années, la Ville de Paris affiche de fortes ambitions et des résultats exemplaires dans sa stratégie de décarbonation. Objectif : réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, puis atteindre la neutralité carbone en 2050. Dans une étude pionnière à l’échelle des collectivités locales, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) évalue les impacts financiers de la transition climatique et les bénéfices associés sur l’économie, l’emploi et la santé.
Moins de voitures, plus de vélos, des bâtiments mieux isolés, des rues plus vertes… Pas de doute, la transition climatique est bel et bien en marche dans la capitale. À quoi ressemble une ville qui prend le tournant de la transition climatique ? À Paris, cela passe par des logements rénovés, un réseau cyclable en pleine expansion, un boulevard périphérique qui change de visage et des rues pensées pour rafraîchir la ville.
L’effort qu’il reste devant nous pour atteindre la neutralité carbone en 2050 est encore très conséquent et nécessitera de larges investissements publics comme privés. Dans un rapport récent, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) évalue de manière indépendante les impacts financiers de la stratégie de décarbonation de la Ville de Paris élaborée dans son Plan Climat et les bénéfices associés. Les conclusions attestent d’un objectif « ambitieux, mais atteignable » (voir la synthèse).

Le climat change, Paris agit

Les investissements volontaristes de la Ville de Paris ont permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus d’un tiers au cours des vingt dernières années. Derrière ces résultats, ce sont des politiques publiques concrètes qui transforment Paris au quotidien.
Les logements sont au cœur de la stratégie de décarbonation du territoire, avec notamment la rénovation des bâtiments publics et privés. Les aides à la rénovation énergétique dans le parc privé montent en puissance, via le dispositif Éco-rénovons Paris + et avec un soutien renforcé aux copropriétés qui s’engagent dans la transition. Les bâtiments municipaux montrent aussi l’exemple. Moins gourmands en énergie, ils consomment désormais 15 % de moins qu’en 2010. La rénovation du parc social s’est accélérée : les subventions aux bailleurs ont plus que doublé en quatre ans et plus de 5 000 logements sociaux ont été rénovés chaque année en 2023 et 2024.
Les transports sont un autre secteur clé de la décarbonation, via la transformation des mobilités. Le trafic automobile diminue, les kilomètres parcourus en voiture se réduisent de plus de moitié en quinze ans, et la ville investit massivement dans les alternatives : un quasi-doublement des pistes cyclables en dix ans, un réseau de transports en commun renforcé, avec le prolongement de la ligne de tramway T3b jusqu’à la porte Dauphine par exemple, et des rues où les piétons reprennent place, dont plus de 200 rues aux enfants.
La Ville a entamé un chantier de long terme pour transformer le périphérique, aujourd’hui autoroute urbaine, en boulevard urbain. À l’image des portes des Lilas, Maillot ou de la Chapelle, la Ville convertit les portes en places. Elle a par ailleurs réduit la vitesse du boulevard périphérique à 50 km/h et pérennisé la voie olympique en voie de covoiturage.
Côté énergie, le réseau de chaleur urbain a gagné en performance environnementale grâce à un mix plus vert via la sortie totale du charbon depuis l’été 2024. Ce réseau, invisible, mais crucial, chauffe de plus en plus de bâtiments sans recourir majoritairement aux énergies fossiles.
Enfin, la ville commence à s’adapter aux effets du dérèglement climatique : les nouvelles règles d’urbanisme favorisent la végétation et limitent le béton, 126 000 arbres sont plantés et 13 ha d’espaces verts livrés depuis 2020, 165 cours oasis, du mobilier urbain rafraîchissant, des revêtements clairs, etc. Paris prépare le terrain pour affronter les vagues de chaleur qui s’intensifient.

Pour accélérer la transition, des investissements nécessaires de l’ensemble des acteurs publics et privés

Pour consolider et accentuer cette tendance, la Ville de Paris s’est dotée d’un Plan Climat. Et bonne nouvelle, l’étude de l’OFCE montre que la somme des actions prévues par la Ville de Paris permettra d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Seule une mobilisation conjointe de l’ensemble des acteurs – publics (État et collectivités) comme privés (ménages et entreprises) – permettra d’atteindre l’objectif de neutralité carbone. Ce sont près de 2 milliards d’euros supplémentaires par an avant 2030 et 1,5 milliard après 2030 qui doivent être investis par tous les acteurs à l’échelle du territoire parisien, soit 40 milliards d’euros cumulés jusqu’en 2050.
La part de la Ville de Paris est quant à elle estimée à environ 450 millions d’euros supplémentaires par an à partir de 2030, avec une montée en charge progressive au cours des prochaines années. Ce surcroît de dépenses tient principalement à l’augmentation des rénovations des bâtiments publics et de l’aide à la rénovation des logements du parc social et privé. Après 2030, les dépenses supplémentaires attendues représentent environ 20 % des dépenses totales d’investissement de la Ville.

Des bénéfices importants qui apparaissent progressivement

La Ville de Paris porte une vision globale et systémique de l’action environnementale et sociale. L’étude de l’OFCE montre que cette approche est pertinente pour au moins trois raisons :
  • Les économies d’énergie permises chaque année par la décarbonation compensent les coûts annuels de mise en œuvre de la stratégie au cours des années 2040. La rénovation énergétique des bâtiments, les changements de mix énergétique et le moindre recours aux voitures individuelles réduisent la facture énergétique de tous les acteurs. Néanmoins, ces gains ne sont pas répartis entre les différents acteurs à la hauteur de leurs investissements respectifs. Ainsi, la Ville de Paris restera déficitaire sur ces opérations, ce qui pose la question de leur soutenabilité ;
  • L’éradication des passoires thermiques, les mobilités actives, la réduction de la pollution locale de l’air, la moindre congestion automobile et la réduction du bruit apportent des « cobénéfices » substantiels. L’impact financier de ces investissements est évalué entre 1,3 et 1,8 milliard d’euros annuels après 2030 ;
  • Du fait de leur ampleur, les investissements nécessaires à la mise en œuvre du Plan Climat de la Ville de Paris auront des impacts sur l’économie francilienne ainsi que sur le reste de l’économie française : des revenus supplémentaires seront distribués, mesurés en valeur ajoutée, compris entre 1 et 1,7 milliard d’euros pour la région Île-de-France en 2030 et jusqu’à 3 milliards d’euros pour l’ensemble de la France. L’OFCE estime en outre la création de 13 000 à 16 000 emplois par an en Île-de-France et jusqu’à 25 000 emplois par an dans la France entière.
Le cumul de la réduction de la facture énergétique, des bénéfices en matière de santé et de l’impact sur l’emploi est supérieur au montant des investissements en faveur de la neutralité carbone. La rentabilité sociale des actions de décarbonation est donc assurée.
Face à l’ampleur des défis, les collectivités locales, devenues de véritables pôles de stabilité environnementale, doivent être soutenues pour maintenir et amplifier leurs investissements climatiques. Tout d’abord, un partage des responsabilités clair et stable entre chacun des acteurs publics et privés se révèle nécessaire. Ensuite, la sécurisation des ressources des collectivités locales est centrale. L’équation financière des collectivités n’est en effet tenable que si de nouveaux financements sont rendus disponibles. De plus, ces dernières ne bénéficient pas aujourd’hui directement des recettes issues des investissements réalisés. Enfin, il faut prendre en compte, dans les arbitrages financiers, les bénéfices de cette stratégie d’investissement sur la santé et l’emploi qui vont bien au-delà des coûts initiaux, à condition d’adopter une approche globale à l’échelle de la société dans son ensemble.

Quelle méthode pour cette étude ?

Le chiffrage du Plan Climat consiste à mesurer l’effort supplémentaire à fournir en matière d’investissement et de changements de comportement pour atteindre les objectifs du Plan Climat en matière de décarbonation.
La méthode est en cela similaire au rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz « Les incidences économiques de l’action pour le climat ». Pour atteindre ces objectifs, il faut combiner isolation thermique des bâtiments, changements de mode de chauffage, réduction des besoins de déplacement et changements des modes de déplacement. L’effort d’analyse s’est porté sur le côté décarbonation du Plan Climat et a laissé pour un éventuel travail ultérieur le côté adaptation au changement climatique. La collaboration entre l’OFCE et la Ville a été étroite afin de partager les données microéconomiques et d’affiner les choix méthodologiques. Ainsi, avec cette étude, la ville de Paris est pionnière en matière de chiffrage financier des investissements climat locaux, et porte dans le débat public national la question de la répartition de l’effort et des moyens financiers pour atteindre les objectifs nationaux.