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Les start-up mobilisées dans la lutte contre le Covid-19

Actualité
Mise à jour le 16/07/2020
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Dans ce deuxième volet sur l'innovation au service du monde d'après, focus sur trois solutions santé des start-up pour faire face à la crise sanitaire.
Les start-up soutenues par Paris&Co se sont mobilisées pour répondre aux besoins de la crise sanitaire. Qu'il s'agisse d'une application pour identifier de nouvelles contaminations ou d'un matériel de rééducation à la marche ou encore d'une plateforme de télé-expertise, les jeunes entreprises ont proposé des solutions immédiatement applicables.

Covid Help, pour évaluer les risques de contamination

Spécialisée dans l'intelligence artificielle pour la santé, la start-up Anamnèse a travaillé dès le début de la crise sanitaire avec Atraksis, une association d'officiers et de médecins sapeurs-pompiers. Fruit de cette collaboration : la plateforme Covid Help, qui a évalué la santé de près de 12 000 pompiers de quatre départements (Allier, Yvelines, Seine-et-Marne et Corse-du-Sud), à l'aide d'un logiciel qui permet d'identifier d'éventuelles contaminations.
Déployé dès la fin mars dans les casernes de ces départements, cet outil a permis de limiter les contaminations. Il a aussi permis qu'« aucun de ces établissements ne ferment et que le service de secours continue en toute sécurité », assure Jérôme Bourreau, l'un des cofondateurs, ingénieur de formation. « D'autant que les sapeurs-pompiers, volontaires et professionnels, sont énormément en contact avec la population pour lui porter secours », souligne-t-il.
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Comment ça marche ? Les volontaires remplissent un questionnaire sur leur environnement (contact avec des personnes contaminées, nombre de résidents dans le foyer, facteurs de risques) et renseignent au jour le jour leur état de santé. Tous les matins, la personne reçoit un e-mail et « actualise » sa situation en cas de changement. Ensuite, le questionnaire est analysé grâce au logiciel afin de détecter d'éventuels cas de contamination. Les questions et le programme sont conçus et mis à jour en fonction des publications de Santé Publique France.
L'application Covid Help synthétise, évalue et priorise les situations de chaque collaborateur. La médecine du travail peut alors décider de poursuivre l'investigation. Elle suit les cas priorisés et met en place dès la réception des résultats le matin une téléconsultation si besoin. En cas de symptômes, une surveillance médicale est mise en place. De son côté, le manager dispose en temps réel des effectifs, sans pour autant avoir accès aux données de santé réservées uniquement au corps médical.

Cette solution veut aider à basculer d'une médecine curative à une médecine dite « 4 P »: préventive, personnalisée, participative et prédictive.

Jérôme Bourreau
ingénieur et cofondateur de covid help
Aujourd'hui, la solution mise au point par la start-up suivie par l'incubateur Tech Care de Paris&Co veut s'implanter auprès des entreprises afin de permettre un retour serein des collaborateurs sur site. De la même façon que pour les pompiers, les salariés recevront tous les jours un mail ou SMS avec un lien vers un questionnaire. La médecine du travail suit les cas priorisés qui lui sont transmis avec l'application et déclenche si besoin une téléconsultation.
« Cette solution, mais aussi les autres que nous avons développées en matière de suivi et dépistage de la dénutrition et de diagnostic d'anesthésie, veut aider à basculer d'une médecine curative à une médecine dite « 4 P »: préventive, personnalisée, participative et prédictive. Ce afin de rendre la santé plus accessible et efficace pour tous, appuie Jérôme Bourreau. Nous travaillons ainsi à récupérer des informations de base afin de faire gagner du temps aux médecins. »

Ezygain, rééduquer à la marche les patients sortant de réanimation

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En 2015, à l'approche de décrocher son double-diplôme ESSEC-Centrale, Zineb Agoumi se penche sur la question de la rééducation à la marche chez les personnes fragiles. Elle visite alors des centres de rééducation, maisons de retraite, avant de faire la rencontre du Dr Thierry Albert, spécialisé en médecine physique de réadaptation. Ensemble, ils imaginent une machine destinée à la rééducation à la marche.
En 2016, la jeune femme fonde la start-up Ezygain avec Félix Botella et Thibault Fäy pour développer cette même machine, nommée « ema ® », qui voit le jour en janvier 2018. Celle-ci consiste en un tapis de marche connecté avec une sangle pour alléger le poids de l'utilisateur afin d'évoluer progressivement vers la marche, par exemple pour les personnes en fauteuil ou en déambulateur. Un harnais attaché à deux sangles permet de placer la personne debout sans solliciter un effort important du personnel de santé. Les capteurs du tapis analysent la marche en direct et l'évolution des performances du patient.

L'outil peut être utilisé dans les chambres, à l'inverse des autres tapis de rééducation difficiles à déplacer.

Zineb Agoumi
fondatrice de la start-up Ezygain
« Au départ, l'idée était de réaliser une machine pour les patients de retour à leur domicile, mais les Ehpad, les centres de rééducation et les hôpitaux ont rapidement trouvé une réponse à leurs besoins avec ce dispositif », indique Zineb Agoumi. Avec la crise sanitaire, les centres de rééducation et les Ehpad ont dû fermer leurs portes, mais l'outil a montré toute son utilité pour les patients post-Covid-19 et ceux qui devaient rester dans leur chambre, de peur de contaminer les autres. « L'outil peut être utilisé dans les chambres, à l'inverse des autres tapis de rééducation difficiles à déplacer, assez gros. Nous l'avons équipé de roues pour qu'il se déplace comme une valise ». D'autant que pour les patients atteints de Covid-19 et qui sont sortis des services de réanimation, le parcours médical vers la rémission totale est parfois long. Des complications peuvent être constatées à la suite d'un passage prolongé en réanimation : dénutrition, déconditionnement global, insuffisance respiratoire résiduelle, troubles cognitifs ou atteintes neurologiques notamment.
Si le tapis connecté compte bien s'exporter dans certains pays d'Europe, l'ouverture des télésoins pour la kinésithérapie en France ouvre de nouvelles perspectives à la start-up de Paris&Co. Elle planche désormais sur l'implantation de la machine au domicile des patients, soit en achat, soit en location. Perspective d'actualité, car pendant la période de confinement, nombreux patients ont été contraints d'alléger leur rééducation.

Omnidoc, les avis de médecins spécialistes sur les réseaux

Fin 2018, alors que la légifération sur la télé-expertise en France se mettait en place, le Français Baptiste Truchot, installé aux États-Unis pour fonder une assurance santé créée dans la lignée d'Obamacare, traverse à nouveau l'Atlantique. Avec son associé Pierre Duquesne, data scientist et ingénieur, l'ancien d'HEC décide de créer une « solution permettant l'éclosion de cette nouvelle pratique ». Un médecin généraliste qui envoie un texto à un confrère ORL au sujet d'un patient, un coup de téléphone en consultation à un spécialiste : la télé-expertise a pourtant toujours existé. « C'était confraternellement, les médecins ne pouvaient pas en abuser, il s'agissait de dépanner un confrère », note Baptiste Truchot.
En février 2019, il profite de l'entrée de la télé-expertise dans le code de la santé publique - qui devient un vrai acte médical rémunéré par l'Assurance maladie - pour lancer Omnidoc. Sur la plateforme, les médecins demandent des avis à leurs confrères gratuitement. Depuis, près de 1000 médecins libéraux ont adhéré à titre individuel à Omnidoc.
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Pendant la crise du Covid-19, la télé-expertise a montré tout son intérêt pour renforcer les capacités de la médecine de ville, notamment pour la gestion des patients présentant des comorbidités. Elle a également permis le suivi des personnes atteintes de maladies chroniques. Dans ce contexte, la jeune entreprise a été sollicitée par la collégiale de neurologie d’île-de-France pour créer un réseau de spécialistes afin de permettre aux médecins hospitaliers d'obtenir un avis en urgence sur les pathologies neurologiques chroniques. Le 1er avril, Omnidoc lance avec la start-up en neuro-réanimation AiiNTENSE, le réseau « NeuroCOVID » : une permanence d’astreinte pour permettre aux praticiens prenant en charge des patients d’obtenir des avis en quelques heures, voire en urgence, sur les pathologies neurologiques chroniques dont ils pourraient être porteurs.
« Le système de santé s'est concentré sur des cas Covid ou des cas urgents hors Covid, explique le directeur général d'Omnidoc, Baptiste Truchot. De nombreuses questions sur les séquelles neurologiques du Covid-19 ont été posées sur NeuroCOVID. Il y a eu aussi beaucoup de demandes d'avis pour des patients en réanimation qui ont eu des atteintes neurologiques. Des malades ont passé de longues semaines intubés, ce qui a un impact sur le système neurologique. Il s'agissait aussi de fournir des télé-expertises pour les autres patients neurologiques, afin qu'ils n'aient pas de pertes de chance. » Avec 110 neurologues rassemblés sur ce réseau, près d'une dizaine de demandes par jour ont été comptabilisés au plus fort de l’épidémie.

Omnidoc alerte automatiquement le bon expert en fonction de la nature et de l'heure de la demande.

Baptiste Truchot
directeur général d'Omnidoc
L'hypertension artérielle a ainsi été signalée comme un facteur associée aux formes graves. Un réseau avec des experts hospitaliers de la fondation de la recherche sur l'hypertension a également été mis en place fin avril, destiné aux médecins. « Omnidoc alerte automatiquement le bon expert en fonction de la nature et de l'heure de la demande. Celui-ci peut faire intervenir un confrère si la question nécessite un avis collégial. »
La start-up, qui suit le programme de l'incubateur TechCare, dans le 15e, compte encore simplifier les échanges entre médecins. Si les réseaux créés dans le cadre du Covid-19 étaient gratuits, la start-up base son business-model sur la création de réseaux à destination des services et des établissements entiers. Une dizaine sont actuellement actifs, comme celui du Service d'endocrinologie de Vannes ou des collectifs de réseaux de médecins libéraux comme SOS ECG, qui permet à des généralistes d'obtenir de l'aide de cardiologues pour l'interprétation d'électrocardiogramme.