Les collégiens citoyens ont la parole !

Reportage

Mise à jour le 13/05/2025

Des jeunes collégiens débattent d'un projet de loi fictif dans une salle du théâtre de la Concorde
Dans le cadre du programme « Tou.te.s au collège, c’est les vacances », des collégiens ont endossé le rôle de députés au Théâtre de la Concorde. Entre débats animés et votes serrés, une immersion vivante dans les coulisses de la démocratie.
Ce mercredi après-midi, la salle aux fauteuils rouges du Théâtre de la Concorde (8e) prend des airs d’hémicycle. Dans la peau des députés, une vingtaine de collégiens des 19e et 20e arrondissements s’apprêtent à débattre d’un projet de loi fictif qui instaure une rémunération des élèves pendant leur scolarité.
Réunis dans le cadre du programme « Tou.te.s au collège, c’est les vacances ! », ils sont répartis en groupes selon des sensibilités politiques : gauche, droite et centre. Face à eux, deux intervenants de l’association Parlons démocratie : l’un, Hugo Collin Hardy, normalien et doctorant en droit public, incarne le ministre, tandis que l’autre, Frank Baron, du bureau de l’Assemblée nationale, préside la séance et donne le coup d’envoi avec assurance.
Les jeunes parlementaires d’un jour plongent dans les rouages du débat législatif : motion de rejet, discussion générale, vote des amendements… À la tribune, les discours des rapporteurs s’enchaînent, les mains se lèvent, les idées fusent. Les points de vue s’opposent, s’affirment et se défendent avec conviction. Des « Bravo ! » et des « Vive la République ! » ponctuent les échanges. Dans ce jeu de rôle, certains se distinguent par leur aisance à l’oral. Leurs interventions, préparées avec soin, rappellent celles de véritables tribuns.

Les professionnels à la rencontre des jeunes

« Former les citoyens de demain, c’est leur apprendre à penser par eux-mêmes », affirme Raphaël Culliford, délégué général de l’association Parlons démocratie. Son ambition ? Offrir aux jeunes les clés de compréhension de la démocratie et du fonctionnement des institutions. Leur transmettre des savoirs, bien sûr, mais aussi des compétences concrètes : apprendre à débattre, à construire une argumentation, à défendre une idée avec calme et conviction. « En dévoilant les coulisses de nos institutions, nous voulons éveiller leur curiosité, leur donner confiance dans leur capacité d’agir. Le meilleur rempart contre les menaces qui fragilisent la démocratie, c’est l’éducation. Une démocratie solide repose sur des citoyens éclairés. »
L’association mise sur une pédagogie de la rencontre. Un réseau de plus de 400 membres, professionnels des institutions (collaborateurs parlementaires, de l’Assemblée nationale et du Sénat, du Conseil d’État, de la Cour de justice de l’Union européenne), vient échanger avec les élèves.
La démarche repose aussi sur l’apprentissage par l’action. Simulations parlementaires, réécriture collective de règlements intérieurs d’écoles, de collèges ou de lycées… Ici, on apprend en faisant. Une vision en résonance avec celle du dispositif « Tou.te.s au collège, c’est les vacances ! » : faire de la ville un véritable terrain d’apprentissage, aider les jeunes à s’approprier leurs savoirs et à retrouver confiance tout en valorisant leur potentiel.

La citoyenneté en pratique

Nabisa Saadi, animatrice du parcours Citoyenneté-Avenir dans le cadre du dispositif « Tou.te.s au collège, c’est les vacances ! » au collège Georges-Brassens (19e), insiste sur l’efficacité de la simulation : « Les collégiens s’investissent rapidement dans le jeu, et la visite de l’Assemblée nationale va les plonger encore davantage dans le concret ! »
« Ce parcours a pour objectif d’aider les jeunes à s’ancrer dans la société, comprendre comment elle fonctionne, poursuit son collègue Céphas Mfoumou. L’abstention massive aux dernières présidentielles nous rappelle à quel point c’est essentiel. Il faut leur montrer que leurs voix comptent, qu’ils ont des choses à dire, et qu’ils sont capables de les exprimer. »
À la sortie, Ascalis, l’un des jeunes participants, est conquis : « Ça m’a appris des choses en politique, j’ai enrichi mon vocabulaire. Le droit de vote, c’est un privilège. Mais si on s’intéresse à l’avenir du pays, c’est aussi une responsabilité. J’ai hâte d’avoir l’âge ! »
La participation des enfants à ces ateliers s’inscrit dans le cadre du Projet éducatif de territoire, dont l’un des axes vise à promouvoir l’engagement et l’éducation à la citoyenneté et au développement durable des enfants et des collégiens.