Reportage

Les Amarres, port d'attache solidaire et festif

Mise à jour le 10/03/2022
Vue d'ensemble des Amarres
Favoriser les échanges et la solidarité, c'est l'objectif des Amarres (13e). Ce tiers lieu accueille des hommes et des familles précaires le jour, privilégie les rencontres festives et militantes la nuit. Reportage.
Les bâtiments grisâtres ne laissent en rien présager de la vie qui fourmille à l’intérieur. C’est pourtant ici, au 24 quai d’Austerlitz, que sont accueillies chaque jour des centaines de personnes en situation de précarité. Longtemps restés inhabités, ces blocs de ciment, anciens locaux des ports autonomes de Paris, ont repris des couleurs en octobre 2020, lorsque les deux associations Aurore et Yes We Camp ont décidé de s’unir autour d'un nouveau projet. Avec l'aide de la région et de la Ville de Paris, la construction vacante est alors réemployée, et transformée en un abri pour les personnes en situation de grande précarité.

Un lieu d'accueil…

Les deux responsables des associations à l'origine des Amarres.
Suzanne Laquerre (à gauche) et Agnès Lamaure (à droite), deux responsables respectives de Yes We Camp et d'Aurore.
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris
Si ce bateau de béton ne navigue pas sur les flots, les Amarres restent un port d’attache pour les nombreuses personnes venues s’y réfugier. « On héberge environ 300 à 400 hommes en parcours d’exil par jour », explique Suzanne Laquerre, responsable de l’association Yes We Camp. Dans le plus grand lieu d'accueil de jour de Paris, les bénéficiaires disposent d’un endroit de repos, d’un lieu de restauration avec des déjeuners accessibles gratuitement, d’espaces sanitaires…
En plus de répondre aux besoins de première nécessité, les Amarres proposent un accompagnement social et juridique. Chaque semaine, des ateliers menés par des bénévoles ou des associations présentes sont organisés dans les locaux. Des cours de français sont ainsi proposés, afin de pallier la difficulté de la langue première, barrière dans l’insertion sociale.
Les hommes, seuls d’un côté au rez-de-chaussée, les familles, de l’autre au premier. À l’étage, une ambiance de cours de récréation s'est installée et les cris des enfants résonnent. Agnès Lamaure, responsable de l’accueil des familles de l’association Aurore, reçoit entre 80 à 120 personnes par jour. Les familles bénéficient aussi de services de première nécessité, ainsi qu’un vestiaire, une buanderie, et un service de santé avec une infirmière et une sage-femme de la Ville de Paris. De l’aide aux devoirs aux ateliers créatifs, chaque activité est inscrite au tableau blanc, joliment décoré au mur.

… solidaire et festif

Vue d'ensemble des Amarres
Les Amarres accueillent des personnes en grande précarité.
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris
Les deux coresponsables à l’origine du tiers lieu mènent leur barque d’un bras de fer et sans relâche. Un même objectif les anime : la mixité sociale. Derrière ces deux mots se cache une ambition plus vaste : réunir des personnes de différents univers autour de mêmes événements. Dans la lignée des Grands Voisins, il a donc été décidé d’ouvrir le lieu au public, du mercredi au vendredi soir, ainsi que le week-end toute la journée.
Depuis décembre dernier, petits et grands curieux peuvent profiter d’une programmation riche et variée, avec des conférences, des cours de yoga ou des apéros fanfares… Malgré cette nouvelle localisation, la communauté de l’ancien tiers lieu Les Grands Voisins a répondu à l’appel. Du bouche-à-oreille, de nouvelles figures ont osé franchir le pas de la porte et venir prendre un verre à la buvette, tenue par des bénévoles.

On a créé ce café dans le but d’avoir un espace en commun où nous rassembler.

Agnès Lamaure
responsable de l’accueil des familles à l’association Aurore
Petit détail pour les futurs moussaillons : ici, vous payerez grâce à un « cabot », une monnaie conçue spécialement pour l’endroit. « Cette monnaie suspendue permet à tout le monde de payer de la même façon, visiteurs comme personnes accueillies », explique Suzanne Laquerre. « Il est aussi possible d’acheter des cabots en guise de dons. Ils sont redistribués gratuitement le lendemain au public précaire ». Le nom de cette petite pièce de bois vient du jargon marin : le « cabot » désigne le caporal.

Les colocs, membres de l'équipage

Bureau de l'association Refugee Food
Bureau de l'association Refugee Food, qui livre les repas aux Amarres.
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris
Dans ce lieu à l’architecture atypique, les « colocs », au nombre de 22, ont jeté l'ancre au tiers lieu. Ce sont toutes des associations en lien avec l’action sociale des Amarres. De cette collaboration découlent de belles rencontres : ce sont les cuisiniers de l'association Refugee Food, dont les bureaux résident au premier étage du bâtiment, qui s'occupent des repas distribués chaque jour aux Amarres. « Les plats sont préparés par d’anciens réfugiés et on a vu une nette amélioration de la qualité. Ils connaissent les recettes étrangères et les besoins alimentaires des personnes accueillies », témoignent les deux responsables.
Dans ce tiers lieu où les décisions sont prises collectivement, l’esprit d’équipe règne. Pour décider du futur programme, les associations présentes sur place ainsi que des membres représentants des personnes accueillies prennent part au débat. « Notre programme évolue, on souhaite que chacun puisse s’en emparer et proposer un projet lors de notre réunion bimensuelle, le conseil de la Confluence », insiste Agnès Lamaure.
Cette occupation temporaire est pour l’instant prévue jusqu’à la fin de l’année seulement, même si les deux responsables espèrent qu'elle soit pérennisée. Cette donnée fait partie du « jeu » explique Suzanne Laquerre en souriant, et s'inscrit aussi dans les valeurs des Amarres. « Lorsque l'on arrive, on a tout à imaginer. Alors, on se mélange, on investit les lieux, on découvre de nouvelles architectures… C'est l'attrait du projet. »
C’est Refugee Food qui régale !
L'association Refugee Foodprône l'insertion sociale par la cuisine, et a rejoint l'équipage des Amarres dès octobre 2020. Depuis, la collaboration avec les autres organisations s'est développée, et les chefs cuisiniers de Refugee Food sont aujourd'hui en charge d'approvisionner les lieux. Chaque jour, ils fournissent 200 repas, préparés dans leurs locaux du Ground Control, servis ensuite aux personnes bénéficiaires de l'accueil de jour. Un brunch syrien, fait par la cuisinière Doha Elkhaldy, est aussi proposé au public les samedis et dimanches midis.
À vos masques les Piafs, et rendez-vous au carnaval!
Adresse Les Amarres - 24 quai d'Austerlitz , Paris 13e
Date(s)Du samedi 26 mars 2022
Le samedi 26 mars s'annonce haut en couleur… Petit ou grand piaf, tous les oiseaux sont invités à vêtir leurs plus beaux plumages pour participer au carnaval «Drôles de Piaf!», organisé conjointement par l'Académie du Climat et les Amarres.

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