Reportage

Le théâtre du Châtelet rouvre ses portes et celles de l'histoire

Mise à jour le 10/09/2019
Théâtre du Châtelet
Le théâtre du Châtelet rouvre le 13 septembre après une cure de jouvence. Accueilli gratuitement à l’occasion d’un week-end d’exception, le public est embarqué pour un voyage dans le temps, fin XIXe, pour redécouvrir le théâtre « impérial » du Châtelet comme l’avait imaginé et construit Gabriel Davioud entre 1860 et 1862.
Et le rideau s’est enfin levé sur le flambant neuf théâtre du Châtelet. Après deux ans et demi de travaux de rénovation, cet héritage du Second Empire, inauguré en 1862 par l’impératrice Eugénie, s'est refait une sacrée beauté en cette rentrée 2019, et retrouve (enfin) son éclat d’autrefois. « Lorsque le public va découvrir le théâtre restauré, rien de fondamental n’aura changé de l’architecture de Gabriel Davioud », créateur de l’édifice et collaborateur du baron Haussmann, s’enthousiasme Philippe Pumain, l’architecte mandataire de la restauration avec Christian Laporte, architecte du patrimoine.

Rénovation patrimoniale

Voici donc le visiteur plongé dans la fin du XIXe siècle, aux sources de l'éclectisme architectural dont Davioud se veut le représentant. De la façade au toit, où trône le lanternon qui s’illuminera désormais la nuit tel un phare guidant les amateurs de culture, en passant par les coulisses « nouvelle génération » qui permettront aux metteurs en scène de laisser libre court à leur plus folles envies (changements de décor plus rapides, portage plus important), les deux architectes ont mené de front deux chantiers avec deux cahiers des charges. Avec un leitmotiv commun : la volonté de moderniser ce bijou architectural sans dénaturer son esthétisme, comme ont pu parfois le faire les cinq restaurations précédentes.
La Grande Salle a ainsi retrouvé son superbe plafond vitré et son lustre fin XIXe, tandis que les peintures et dorures ont été restaurées et les fauteuils du poulailler rénovés, « ce qui prouve bien la nouvelle vocation plus populaire du théâtre », qui affichera des prix d’entrée dès 10 euros, note l’architecte. Le Grand Foyer, où le public venait boire un verre, a également retrouvé son décor historique, restitué d’après les dessins de Davioud. Son papier-peint floral et les deux tableaux allégoriques représentant la Musique et la Poésie ont retrouvé leur éclat, sublimé par une lumière naturelle qui jusqu’ici ne pénétrait pas ses murs : les cinq oculi donnant sur la galerie Joséphine Baker, qui surplombe la place du Châtelet, ont en effet été ouverts.

Sous la peinture, l’histoire

Entre le Grand Foyer et la Grande Salle, le vestibule a aussi été largement rénové, lui conférant un aspect beaucoup plus lumineux et accueillant qu’auparavant. Surtout, en grattant les couches de peinture défraîchie datant des restaurations successives, les architectes ont eu une belle surprise : ils ont redécouvert les trompe-l’œil en faux marbre originels et leurs fins liserés rouges de style néo-pompéiens, qu’ils se sont empressés de restaurer. « Comment a-t-on pu recouvrir de tels ornements ! », s’indigne Philippe Pumain.
Autre grande satisfaction pour les architectes : la « résurrection » des quatre statues allégoriques (la Danse, le Drame, la Comédie et la Musique) qui trônent à nouveau au sommet de la façade du Châtelet : leur disparition à la fin du XIXe siècle est toujours resté un mystère ; elles sont aujourd’hui restituées à l’identique grâce à l’iconographie historique et aux documents photographiques d’époque.

Rénovation technique

À l’origine, cette nouvelle campagne de restauration devait avoir pour objet la rénovation technique du bâtiment. Toute l’infrastructure a ainsi été déplombée et désamiantée, tandis que les réseaux techniques du théâtre ont été mis aux normes : ventilation, chauffage, climatisation et réseaux électriques. La sécurité a également été améliorée, conférant au théâtre le label SIL 3, plus haut niveau de certification pour un théâtre en France. Mais les deux architectes ont souhaité « accorder à la restauration patrimoniale une place un peu plus importance que ne le prévoyait le programme originel », explique Philippe Pumain.
Classé aux Monuments historiques depuis 1979 et au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1991, l’édifice napoléonien a toujours eu les faveurs de pouvoirs publics et des Parisiens en quelque 150 ans d’histoire : il en est à sa cinquième grande restauration, celle-ci étant sans conteste la plus ambitieuse et la plus importante, avec au final 32,3 millions d’euros investis provenant de la Ville de Paris, du mécénat et de l’affichage publicitaire. Surtout, c’est la plus fidèle à l’idée que Davioud se faisait d’un théâtre « impérial », adjectif dont était à l’origine affublé le théâtre du Châtelet.
Le Châtelet « parade » pour sa rentrée
À rénovation exceptionnelle, inauguration exceptionnelle. Le théâtre du Châtelet donne rendez-vous au public vendredi 13, samedi 14 et dimanche 15 septembre pour une grande « Parade » mêlant spectacle de cirque, musique, marionnettes géantes, etc. « Parade », inspiré d’un ballet créé en 1917 par Erik Satie, Jean Cocteau et Pablo Picasso pour le théâtre du Châtelet, se déroulera en quatre temps, dont trois phases gratuites et ouvertes à tous :
17h45 : les Marionetas Gigantes de Moçambique accompagnées de dizaines de percussionnistes vous donnent rendez-vous sur le parvis de l’Hôtel de Ville.
18h : une parade barriolée se met en route depuis le parvis de l'Hôtel de Ville jusqu’au théâtre du Châtelet.
De 18h30 à 20h : « Le monde de Satie » : animations à tous les étages du théâtre autour du monde fantasque et loufoque du pianiste et compositeur Erik Satie (entrée libre).
20h : spectacle payant dans la grande salle rénovée autour des arts du cirque mêlant les univers des marionnettes du Mozambique, des acrobates de Stéphane Ricordel et de la compagnie Streb Extreme Action (billets à retirer au contrôle à partir de 19h30).
Plus d'infos sur le programme de Parade

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