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Le Centre d'hébergement d'urgence Jean-Quarré, un établissement pilote

Mise à jour le 25/04/2016
Dans le 19e arrondissement, le Centre d'Hébergement d'Urgence (CHU) installé dans les locaux de l'ancien lycée Jean-Quarré accueille 150 migrants à qui sont proposés non seulement des cours de français mais toute une offre culturelle, en lien avec la mairie, les associations de quartier et les riverains. Un établissement pilote où l'on soigne à la fois les mots et les maux.


CHU Jean Quarré
CHU Jean Quarré
Crédit photo : Sebastien Godefroy

Historique

Le directeur général d'Emmaüs Solidarité Bruno Morel, nous accueille dans la cour de l’ancien lycée Quarré transformé en CHU (Centre d’hébergement d'urgence) pour migrants. L'association s'occupe des personnes qui sont à la rue. «Nous prenons en charge 3.500 personnes par jour et avons une cinquantaine de structures dans Paris dont certaines, comme celle-ci, pour les migrants» nous dit Bruno Morel. «Pour héberger, il nous faut du foncier, de l'immobilier. La mairie a connaissance de locaux disponibles pendant un certain laps de temps, et les met alors à disposition d'associations, c'est du patrimoine intercalaire». Le lycée Quarré est voué à terme à devenir une médiathèque. Entre temps il y a eu la crise des migrants et par effet boule de neige, Emmaüs Solidarité a pu récupérer ce lieu pour les accueillir.
En juin 2015, une centaine de migrants étaient hébergés dans l'ancien lycée dans des conditions d'hygiène déplorables. Le 23 octobre 2015, 1.308 personnes sont évacuées du lycée lors d'une opération menée conjointement par la Ville de Paris et l’État, afin de les reloger. La Ville de Paris a alors pu confier les locaux à Emmaüs Solidarité, qui a créé en un temps record sanitaires, laveries et points de restauration avant la réouverture du 3 février.

105 premiers migrants sont arrivés, puis 40 évacués d'un autre campement

Bruno Morel
Directeur général d'Emmaüs Solidarité

Un travail en lien avec la mairie, les associations de quartier et les riverains

Ici les migrants pris en charge sont majoritairement des hommes célibataires, originaires du Soudan, de Somalie, d'Érythrée, de Libye et d'Afghanistan. «Un examen de la situation de chacun est mené, ils sont accompagnés dans leur démarches et restent à l'abri tant que leur dossier n'est pas régularisé».
CHU Jean Quarré
CHU Jean Quarré
Crédit photo : Clémentine Michaud/Mairie de Paris
AU CHU, des cours de français sont également dispensés, en lien avec des associations du quartier. «Nous avons organisé une réunion le 4 décembre dernier à la mairie, participé à la Nuit des débats, les riverains pouvaient se joindre à nous. C'est important qu'ils sachent ce qui se passe, se sentent rassurés et puissent, s'ils le veulent, s'investir».

Des sorties culturelles ont lieu, dernièrement à la Maison des Métallos pour un concert de musique soudanaise. «Ici, ces personnes en situation précaire peuvent se reposer et décompresser, elles ont des parcours difficiles, enduré des voyages longs et éprouvants, certaines doivent aussi être soutenues psychologiquement».

Des activités sportives sont également proposées, il y a des paniers de basket installés dans la cour et une demande a été faite à la mairie du 19e pour avoir accès aux équipements sportifs.

Au CHU Quarré, on prépare l'avenir

Vincent de Mestral, alias v2m, artiste de street art, est en train de peindre. «À la base, le projet était de faire des collages d'arbres avec des oiseaux colorés, mais je voyais les choses en grand et plutôt une véritable forêt!» Toute une partie de l'ancien préau a été investi, Vincent a peint un fond d'arbres en noir et blanc puis délimité des zones avec de grands symboles que les personnes du centre ont coloré. Le rendu est à la fois poétique et graphique.
CHU Jean Qarré
CHU Jean Qarré
Crédit photo : Clémentine Michaud/Mairie de Paris
Akram et Mirwais, deux résidents d'origine afghane, l'observent. Akram, évacué du campement de La Chapelle: «il faisait froid, c’était très dur», explique qu'il suit des cours de français.

L'ancien préau a été séparé en deux parties et une nouvelle salle créée: «nous y avons organisé le nouvel an afghan le 20 mars dernier, un beau moment joyeux». Cet espace de 150 m2 va faire office de bibliothèque et les films du ciné club «Les Écrans de Jean-Quarré» y seront projetés. Les associations et structures partenaires y organiseront également des projets culturels (Les ateliers des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Les Amis de la place des Fêtes, la Cité de l'immigration du Palais de la Porte Dorée, le collectif d'artistes Le Mouvement…). Bruno Morel précise: «Nous allons installer une Ideas Box, une médiathèque en kit révolutionnaire! C'est un concept développé par Bibliothèque sans Frontières, permettant de répondre aux besoins culturels et linguistiques des résidents. Ils pourront se connecter, apprendre, jouer, créer, il y aura des tablettes, des liseuses, des jeux vidéos, des caméras…».
CHU Jean Carré
CHU Jean Carré
Crédit photo : Sebastien Godefroy
Le reste du bâtiment comprend trois niveaux avec des douches, une laverie et deux salles de restauration et télés. Les chambres, pour 3 ou 4 personnes sont spartiates mais propres et lumineuses. «Nous avons aussi pas mal de vêtements en stock, suite à la collecte qui a eu lieu pendant la crise des migrants. Au besoin, on les distribue».

À l'extérieur, des arbres ont été plantés et un potager prend forme, «Les gens du quartier sont venus semer les graines avec les résidents». Un beau symbole car ces graines, semées à la fois dans la terre et dans les esprits, promettent de donner les meilleurs résultats.

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Copyright Sébastien Godefroy

Une structure pilote qui propose toute une offre culturelle

- Des stages linguistiques pour les résidents.
- Des modules de formations pour les bénévoles désireux de s'engager auprès des résidents.
- Un espace bibliothèque avec l'Ideas Box.
- Un atelier théâtre avec la Compagnie Vita Nova les mardis et mercredis de 14h à 16h.
- Le Ciné-Club «Les écrans d'Emmaüs-Quarré», un mardi par mois, un temps convivial, de rencontres et d'échanges autour du cinéma, ouvert à la fois aux résidents et aux habitants du quartier.
- Des projets de végétalisation urbaine par les associations Toits vivants et Vergers urbains. Un atelier jardinage a lieu tous les jeudis pour les résidents et les riverains.
- Des projets de street art initiés avec des collectifs (Le Mouvement le 10 mars dernier…).
- Les ateliers des Beaux-Arts, qui ont proposé dès le mois de mars quelques places pour des résidents, Un atelier, prévu sur place, sera ouvert aux résidents et aux personnes extérieures.
- Des sorties dans les bibliothèques parisiennes. Les résidents ont déjà pu se rendre dans quatre bibliothèques, dont celle toute proche de la place des Fêtes, afin de faire leur carte et emprunter des livres.
- Une rencontre avec les enfants du quartier via l'association Môm'Pelleport a eu lieu le 17 mars dernier, ils ont pu échanger, dessiner et jouer au foot.

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