Le saviez-vous ?

Hommage à Adrienne Monnier, « sainte patronne des libraires »

Mise à jour le 27/11/2020
Adrienne Monnier (1892-1955), libraire française, dans sa librairie "La Maison des Amis des Livres", 7, rue de l'Odéon. Paris, 1935.
Son nom n’est guère connu et sa librairie a depuis longtemps disparu. Pourtant, Adrienne Monnier a joué un rôle essentiel à plus d’un titre pour le quartier de l’Odéon (6e). Le Conseil de Paris a décidé de lui rendre hommage en votant l’apposition d’une plaque à l’emplacement de son ancienne librairie.
À une époque où les femmes libraires ne courent pas les rues, Adrienne Monnier (1892-1955) fait figure d’exception. Le 15 décembre 1915, cette pionnière ouvre « La maison des amis des livres » au 7, rue de l’Odéon (6e). Rapidement, dans ce quartier prisé des intellectuel·le·s, sa librairie devient un point de rendez-vous pour de nombreux auteurs.

Une libraire en avance sur son temps

Que de beau monde à la porte du magasin d'Adrienne Monnier. Colette, Walter Benjamin, Louis Aragon, André Breton, André Gide, Paul Valéry, Simone de Beauvoir, Blaise Cendrars, Nathalie Sarraute et Guillaume Apollinaire, rentré du front, font partie des premiers clients de la librairie.
Mais le magasin, devenu en peu de temps un incontournable, ne peut être réduit à un lieu sombre et poussiéreux. Au contraire, Adrienne Monnier y organise des rencontres et des lectures publiques. Celle qui écrit aussi des vers en profite pour les partager avec le public. Elle y expose même les broderies de sa sœur, Marie Monnier.
Autre innovation pour l'époque, un système d'abonnement qui rappelle celui des bibliothèques actuelles. Puisque Adrienne Monnier considère qu’il est bien mieux de lire un livre avant de décider de l’acheter, elle prête des ouvrages aux lecteurs ayant souscrit un abonnement d’un an. Ces événements publics et ce système de prêt font tout le succès de la librairie durant l’entre-deux-guerres.
La réussite économique n’est toutefois pas au rendez-vous. Les dépenses liées à son commerce et à la revue littéraire qu’elle dirige, Le Navire d’argent, s’accumulent. Qu’à cela ne tienne, Adrienne Monnier vend sa bibliothèque personnelle pour couvrir les frais et continuer l’aventure.
Adrienne Monnier dans sa librairie "La Maison des Amis des Livres", rendez-vous du monde littéraire de l'entre-deux-guerres, rue de l'Odéon, à Paris. Présentation du numéro un de sa  Gazette.
Le Navire d'argent est une revue mensuelle de littérature et de culture générale dirigée par Adrienne Monnier.
Crédit photo : Albert Harlingue/Roger-Viollet
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Une femme de flair et de courage

Audacieuse, Adrienne Monnier l’est assurément. Dévouée aux lettres et à celles et ceux qui les aiment, la libraire se fait remarquer pour la publication en français de l’œuvre de James Joyce, Ulysse, en 1929. Ce roman avait été publié en anglais pour la première fois en 1922 par Sylvia Beach, compagne d'Adrienne Monnier et propriétaire de la librairie voisine « Shakespeare and Company » (6e). Censuré aux États-Unis jusqu'en 1934, Ulysse sera plus tard considéré comme l'une des œuvres anglophones majeures du XXe siècle.
Puis, durant la Seconde guerre mondiale, Adrienne Monnier célèbre les 25 ans de sa librairie, en 1941. Cette même librairie qui sert de refuge à des hommes et des femmes persécutés et poursuivis par les Nazis.

Malade, elle met fin à ses jours en 1955

Les dernières années d'Adrienne Monnier ne reflètent guère la vie qu'elle a menée. Après avoir fermé sa librairie en 1951, on lui diagnostique la maladie de Menière en 1954. Cette maladie provoque des vertiges, des acouphènes et une surdité partielle ou totale. Elle décide, quelques mois plus tard, de mettre fin à ses jours en 1955.
Depuis sa mort, la librairie a été reprise par d'autres propriétaires jusqu'en 1996 avant de devenir un salon de coiffure. Mais une plaque viendra bientôt rendre hommage à « la jeune fille aux cheveux courts mais aux idées longues », comme la décrivait la presse de l'époque.
Pour aller plus loin
L'historienne Laure Murat a consacré un livre à Adrienne Monnier intitulé Passage de l'Odéon, en 2003. Celle qui entérinait le surnom de « sainte-patronne des libraires » y décrit la vie menée par Adrienne Monnier et sa compagne dans le quartier de l'Odéon.

Un autre ouvrage, co-écrit par Maurice Imbert et Raphaël Sorin, Adrienne Monnier et la Maison des amis des livres, rend hommage en 1991 à cette femme de lettres trop méconnue.

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