Dans le cadre de notre immersion "Du côté de Flandre", découvrez l'association Clichés Urbains qui dispense depuis 2008 des ateliers et animations photographiques aux jeunes résidents du quartier Flandre, dans le 19e arrondissement de Paris. Ce quartier prioritaire de la Politique de la Ville, le plus jeune de la Capitale, est peuplé de communautés aux origines diverses, vivant majoritairement dans des conditions précaires ou modestes. L'association, au travers de son action culturelle, tente d'y recréer du lien social… et y parvient.

Sarah Pees Martin, coordinatrice des projets de Clichés Urbains nous reçoit dans les locaux de l'association rue d’Aubervilliers: "Nous sommes 4 permanents dont la fondatrice bénévole Marich Devise". Cette photographe, à l’origine du projet, a mis sur pied un atelier photo au Brésil en 2007, ce qu'elle a reproduit par la suite à Montreuil puis dans le 19e. "Nous proposons depuis 8 ans, des ateliers et animations photographiques ludiques, aux enfants et habitants du quartier Flandre. Notre démarche est à la fois éducative, artistique et sociale. Il s'agit de familiariser les petits et grands habitants aux arts visuels, de tisser le lien social en diffusant des images soignées et gaies des habitants du quartier, et d’enseigner les métiers de l’image aux jeunes".

"Nous n'avons pas d'inscriptions à l'année, c'est assez libre" poursuit Sarah, "les gens viennent grâce au bouche à oreille et à nos campagnes d'affichage". Un atelier a lieu tous les mercredis après-midi et l'association intervient chaque semaine dans les écoles dans le cadre des Rythmes Scolaires. L'équipe propose aussi des stages pour les ados pendant les vacances sur différents thèmes (graphisme,…). Chaque année, partie intégrante du projet, une exposition itinérante des photos réalisées à l’occasion des ateliers et animations est présentée dans différentes structures. L'idée est à la fois de témoigner des transformations que connaît le quartier et le revaloriser aux yeux des habitants et du public. "Le plus difficile pour nous reste de faire venir et fidéliser les enfants lors des ateliers. ils peuvent être quatre une semaine et quinze la suivante" précise Sarah.

Clichés Urbains officie avec les autres association du 19e telles que la Maison des copains de la Villette (association d’Éducation Populaire et de Prévention), GFR à l’initiative du mur Rosa Parks et avec qui ils partagent leur locaux, le 104 qui est voisin, le Cafézoïde au bord du Canal de l’Ourcq (Café culturel pour les enfants et leur famille),…Ces liens renforcent l'ensemble de leurs actions culturelles, dynamisent la vie du quartier et tentent de la pacifier.

Sarah explique "L'idée première est d'occuper les enfants, qu’ils se fassent plaisir, pas d'en faire des photographes professionnels. Ce sont des enfants qui malheureusement bougent peu, quand nous les emmenons à la Maison Européenne de la Photographie, ils ont l'impression d'aller à Paris alors qu'il y habitent déjà!…. Dans le quartier de Flandre, il y a régulièrement des rixes inter quartiers, entre jeunes de Riquet et Curial, où se trouvent deux grosses cités. "Nous avons travaillé dessus" ajoute Sarah, "c'est de plus un quartier qui mixe beaucoup de nationalités qui ne parlent pas toutes français. Les enfants viennent pour la plupart seuls, nous voyons rarement les parents. Mais nous essayons de toucher tous les publics et de réunir tout le monde".

L'association organise une fois par an un grand repas partagé avec les habitants du quartier Orgues de Flandre, une cité importante qui connait de gros problèmes de drogue, de précarité,… C'est également l'occasion de projeter l'ensemble des films ou vidéos réalisés pendant l'année par ou avec les habitants.
"Ça reste parmi mes meilleurs souvenirs. Nous avons organisé cet événement une première fois et ça a très bien marché. Du coup, tous les ans, on installe un écran gonflable géant de 10 mètres au milieu de la Cité, 3 à 400 personnes viennent à chaque fois".

L'association bénéficie de financements publics, a des mécènes,… "Notre plus gros budget, après les salaires, reste le loyer. Il y a très peu de locaux associatifs disponibles, c'est pour cette raison que nous partageons le notre avec d'autres associations."

Clichés Urbains cherche également à créer des liens entre le 19e et d’autres communautés dans le monde, encourageant les échanges qui, par définition, enrichissent les individus. L’association a organisé une campagne Ulule pour Le projet "Un Autre Regard" conduit à Rio, faisant suite aux ateliers solidaires déjà réalisés en Afrique du Sud, et au Mali.
"Nous sommes aussi pas mal en lien avec le Brésil, pays que connait bien Marich Devise. Clichés Urbains y organise régulièrement des ateliers et expositions sur le même modèle qu'à Paris, et nous aimerions procéder à un échange entre les petits brésiliens et les enfants de nos ateliers" conclut Sarah. Un beau projet qui devrait prochainement se réaliser!

Le travail de Clichés Urbains est régulièrement récompensé par des prix:

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