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Ces professionnels essentiels au quotidien des Parisiens (2)

Mise à jour le 23/04/2020
Romain Gervasoni et Julia Patti Restaurateurs Esttia pendant Covid 19
Ces Parisiennes et ces Parisiens, malgré le confinement et l'épidémie de coronavirus, poursuivent leurs activités professionnelles, essentielles à plusieurs titres. Livreur ou vendeur, restaurateurs qui cuisinent pour les hôpitaux ou aide à domicile, Martin, Thibaud, Romain et Julia et Zineb nous racontent leur quotidien au plus près des Parisiens en ces temps de crise sanitaire.

Martin, livreur : travailler, "une échappatoire"

Martin Malzieu est livreur à vélo pour la coopérative Olvo, spécialisée dans la livraison à vélo cargo.
Martin Malzieu livreur de la coopérative Olvo
Martin Malzieu, livreur de la coopérative Olvo
Crédit photo : Coopérative Olvo
« C’est plutôt déprimant, cette période. Le confinement est une vraie charge mentale. Alors pour moi, continuer à travailler, c’est une échappatoire. Nous sommes une petite coopérative de livreurs à vélo. Dès le début, on a décidé que le travail se ferait sur la base du volontariat pour respecter ce que chacun ressent par rapport à ce moment. Je suis jeune et sportif, je me sens en forme pour travailler et je ne me sens pas forcément plus en danger. Nous appliquons les gestes barrières : livraison en bas d’immeuble pour ne pas toucher les poignées de porte ou les ascenseurs. Pour les personnes âgées, nous montons, mais en restant à un mètre de la personne.

Au début, on trouvait ça un peu superflu de livrer des fleurs, mais quand on voit le sourire et le bonheur des gens qui les reçoivent, cela fait du bien

Martin Malzieu
livreur de la coopérative Olvo
Nous livrons surtout des courses alimentaires : un Super U, mais aussi des magasins de circuits courts comme Kelbongoo ou Zingam ainsi que des bouquets de fleurs, notamment avec Fleurs d’ici . Au début, on trouvait ça un peu superflu, mais quand on voit le sourire et le bonheur des gens qui les reçoivent, cela fait du bien. Pour certaines personnes, ce sont les seuls liens avec leurs amis ou leur famille. Spontanément, nous nous sommes mis à livrer des repas pour des personnes vulnérables via des associations qu’on connaissait et qui nous demandaient un coup de main, comme Ernest aux Grands Voisins. Là, on se sent très utiles.
Le plus agréable, c’est de rouler dans un Paris qu’on n’a jamais vu comme cela. Car même en plein mois d’août, il y a des touristes. Aujourd'hui, voir les Halles ou le boulevard Saint Michel désert, c’est fou. On sent vraiment le printemps, les arbres bourgeonnent. Et ce plein soleil qui nous accompagne depuis le début, c’est assez incroyable. »

Thibaud, vendeur, apprécie que les clients valorisent son travail

Thibaud Ronfard travaille dans un magasin anti-déchet du 20e arrondissement.
Thibaud Ronfard souhaite que les clients aient accès à une alimentation de qualité, même en période de crise sanitaire.
« Tout d’abord, nous avons changé nos horaires d’ouverture. Avant nous étions ouverts en continu, mais maintenant nous fermons entre 14h et 16h, ce qui nous permet de préparer les commandes des clients qui préfèrent être livrés. Ensuite, seules quatre personnes sont autorisées à se trouver dans le magasin en même temps. Nous les servons nous-mêmes en fruits, légumes et aliments en vrac. Cela m’a amené à embaucher une personne supplémentaire pour pouvoir assurer le service. Pour plus de sécurité, nous distribuons du gel hydroalcoolique à l’entrée et avons mis des marquages au sol pour que les distances de sécurité soient respectées. La quasi-totalité des clients comprend et respecte ces nouvelles mesures.

Notre clientèle de quartier est restée la même, mais elle achète plus de produits frais, sûrement parce qu'il y a plus de temps pour cuisiner.

Thibaud Ronfard
salarié d'un magasin anti-déchet du 20e
Concernant l’approvisionnement, nous n’avons pas eu de problème particulier. Nos producteurs d’Île-de-France ont répondu présents. Ce qui est compliqué, c’est la farine et les œufs, comme dans tous les magasins. Notre clientèle de quartier est restée la même, mais elle achète plus de produits frais, sûrement parce que les gens ont plus de temps pour cuisiner.
Les débuts ont été compliqués en termes de masques et gants. Heureusement, des clients ont pu nous en donner, puis Biocoop a pris le relais. C’est important que les gens puissent continuer d’avoir accès à une alimentation de qualité dans leur quartier, donc nous avons essayé de nous adapter à la situation du mieux possible. Le seul obstacle qui pourrait se présenter, ça serait qu’un membre de l’équipe tombe malade. Beaucoup de gens nous remercient d’être là, de continuer à travailler. Une petite grand-mère du quartier nous a dit : «Je vous ai découvert grâce au coronavirus mais je reviendrai après », ça nous fait plaisir de voir que toute l’énergie qu’on met à continuer de travailler est valorisée. »

Romain et Julia rallument les fourneaux pour les soignants

Le couple, propriétaire du restaurant Esttia (6e), mitonne une fois par semaine des plats qui sont livrés aux soignants des hôpitaux parisiens.
Romain Gervasoni et Julia Patti Restaurateurs Esttia pendant Covid 19
Tous les mardis, Romain Gervasoni et Julia Patti préparent une cinquantaine de repas bénévolement pour les personnels des hôpitaux parisiens.
Crédit photo : Droits réservés
« Toute la semaine, nous sommes pressés d'être mardi, le jour où nous cuisinons bénévolement pour le personnel hospitalier. Nous participons à l'opération Les Chefs avec les soignants coordonnée par TipToque, une société de livraison de repas de chefs et l'AP-HP. Notre établissement aux influences méditerranéennes Esttia (6e) a fermé ses portes le 14 mars, mais depuis peu, nous avons rouvert pour assurer de la livraison et de la vente à emporter. C'est donc le mardi que la marchandise brute nous parvient, envoyée gracieusement par les fournisseurs. Auparavant, nous avons pris soin de commander tout ce dont nous avons besoin.

Nous apportons un peu de gourmandise aux soignants. […] C'est simple, c'est donner du plaisir à des gens qui s'occupent des autres.

Romain et Julia
restaurateurs dans le 6e
Les organisateurs nous donnent carte blanche pour le choix des menus, mais nous tenons à rester raisonnables. Il faut juste garder en tête que les plats doivent être aussi bons chauds que froids, car les soignants n'ont souvent pas le temps de les réchauffer. Par exemple, nous avons déjà préparé des millefeuilles d'aubergine, des crèmes d'olive et tomates séchées, des filets de poulet pané chipotle (une sorte de piment mexicain), avec comme dessert, des sablés à la fève de tonka et des financiers aux framboises.
Après 4 à 5 heures de labeur pour envoyer les 50 à 75 entrées-plats-desserts, le livreur passe tout prendre le mercredi matin. Nous apportons un peu de gourmandise aux soignants. Lorsque l'opération nous a été proposée, c'était un oui direct ! Nous avions envie de faire quelque chose pour la bonne cause. Et ce que nous faisons, c'est simple, c'est donner du plaisir à des gens qui s'occupent des autres, qui travaillent dur en ce moment et qui pourraient être malade à leur tour. »
Le compte Instagram du restaurant Esttia

Zineb soutient les plus fragiles à leur domicile

L'aide à domicile de 22 ans apporte son assistance aux bénéficiaires les plus fragiles. Si la distance physique s'impose entre eux, Zineb reste au plus près de leurs besoins.
Zineb Daoudi continue de se déplacer au domicile des personnes les plus fragiles.
Crédit photo : DR
«  Lorsque je me rends au domicile des bénéficiaires, je dois mettre de la distance, un mètre physiquement. Les personnes chez qui j'interviens sont fragiles. Elles sont âgées, suivent des traitements lourds, peuvent être alitées, diabétiques, aveugles. Alors pour certains, un mètre, c'est beaucoup. Pour moi aussi. Mais nous devons tous prendre des précautions, je me lave directement les mains en arrivant, je porte un masque. Cela peut effrayer quand j'arrive chez eux. Je leur explique que ce n'est pas contre eux, au contraire, c'est pour les protéger du virus qui circule. Ceux atteints de troubles cognitifs me demandent tout le temps si je suis malade avec mon masque…

C'est une expérience pour nous tous, qui resserre les liens, et malgré tout, tous ceux que je visite ne se sentent pas délaissés.

Zineb Daoudi
Aide à domicile auprès des personnes âgées et fragiles
Certaines prestations ont été diminuées afin de ne pas trop exposer les personnes à risque. Je fais les courses seule dorénavant, alors qu'avant, nous les faisions ensemble avec la personne que j'aide. C'était un plaisir. De même, les accompagnements aux rendez-vous médicaux ont été suspendus. Mais pour d'autres, l'aide à domicile est vitale : je m'occupe de faire les courses, de préparer et aider à la prise du repas, de les changer. Il y a des gestes pour lesquels j'ai envie de me rapprocher, la personne aussi. C'est très difficile de dire à quelqu'un de fragile de reculer. D'autant que les personnes âgées se sentent visées. Mais je suis toujours là pour eux, pour discuter, les rassurer.
Nous avons créé un lien. Je m'assure que les repas sont bien portés. Tous les bénéficiaires suivent très bien l'actualité. Ils ont très peur, ça leur paraît énorme. C'est une expérience pour nous tous, qui resserre les liens, et malgré tout, tous ceux que je visite ne se sentent pas délaissés. »

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