3 questions à Elsa Pierrot, coordinatrice de l’association Paris Librairies

Saviez-vous que Paris est l’une des villes dont le maillage de librairies est le plus dense au monde, rapporté à sa population ? Seule Buenos Aires en Argentine peut rivaliser. Le secteur du livre se porte bien et il est dynamique, même si, comme partout, il rencontre des difficultés. En 2025, treize nouvelles librairies ont ouvert dans la capitale !

Évidemment, la situation varie selon les quartiers, avec certaines zones en perte de vitesse. Un sondage mené parmi nos membres en 2024 a montré que les librairies du Quartier latin étaient davantage désertées, alors que d’autres quartiers plus dynamiques, comme le 11^e arrondissement, enregistrent une forte croissance. Cet arrondissement est d’ailleurs aujourd’hui l’endroit où la concentration de librairies est la plus importante.

D’abord pour leur ancrage local. Ce sont des commerces de quartier, en bas de chez soi ou près du bureau. Il y en a partout à Paris. Et puis, il y a un vrai intérêt à privilégier les adresses physiques plutôt que les plateformes en ligne, pour des raisons écologiques, économiques, mais aussi culturelles. Internet et les réseaux nous enferment dans les mêmes circuits, alors que les lieux physiques nous sortent de nos habitudes.

J’ajouterai que seules les librairies indépendantes défendent aussi bien les catalogues des éditeurs indépendants et valorisent l’ensemble de l’édition française. On y déniche des ouvrages que l’on ne trouve pas dans les grandes surfaces. Certaines sont d’ailleurs ultraspécialisées, comme la librairie Le Phénix (Paris Centre), dédiée à la littérature asiatique, ou la Librairie gourmande (6^e), spécialisée dans l’art culinaire.

Et toutes les librairies indépendantes sont uniques, il y en a de très grandes, comme Smith&Son (Paris Centre) ou Ici (Paris Centre), et d’autres qui sont uniquement « petites » dans leur nom, comme La toute petite librairie (20^e), qui a ouvert un espace consacré à la jeunesse il y a deux ans en plus de ses 80 mètres carrés. Pas mal d’entre elles se diversifient : cafés librairies, vente de jouets, de papeterie… Et elles offrent aussi un panel d’animations : rencontres, dédicaces, clubs de lecture, prix littéraires, programme Jeunes en librairie, etc.

En 2010, quatre libraires se sont réunis afin de concevoir des outils communs pour valoriser ce réseau exceptionnel. À l’époque, la vente de livres en ligne explosait, et il fallait donner aux librairies indépendantes des moyens de valoriser leurs stocks. Le premier projet a donc été la création du portail parislibrairies.fr. Le site permet à un Parisien ou à une Parisienne qui cherche un titre de repérer dans quelle librairie celui-ci est disponible, de le réserver et d’aller le récupérer sur place.

Il n’y a pas de vente en ligne, mais une invitation à se déplacer, à découvrir un lieu, une sélection, une ambiance, et à favoriser la rencontre avec les libraires. C’est une porte d’entrée vers le fonds de chaque boutique, bien au-delà du livre recherché !